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LAOS - Retour sur l’année 2015-2016

LAOS - Retour sur l’année 2015-2016

POLITIQUE

Pression politique de la communauté internationale pour le respect des droits de l’Homme et « mascarade » du gouvernement.
L’année 2015 est marquée par la tenue du second Examen Périodique Universel (EPU) du Laos à Genève. Il s’agit d’un mécanisme d’évaluation et d’amélioration de la situation des droits de l’Homme dans chacun des 193 États membres des Nations Unies. Lors de l’examen du cas du Laos, le 20 janvier 2015, dix états représentant le Conseil des Nations Unies (Australie, Canada, Finlande, Allemagne, Luxembourg, Pologne, Portugal, Suède, Suisse et Royaume-Uni) ont soulevé des questions relatives à l’enquête sur la disparition de Sombath Somphone, un des leaders éminents de la société civile laotienne. Concernant cette disparition, Phongsavath Boupha, premier représentant du gouvernement laotien à Genève, a amignonné les autorités internationales, en réitérant la poursuite de l’enquête sur la disparition du célèbre activiste alors qu’aucune nouvelle récente à son sujet n’est parue depuis 2013. D’autres personnes disparaissent ainsi au Laos sans toute autre forme de procès.


Un soutien soutenu à Sombath Somphone (Flickr - Prachatal)

En 2008, le Laos a signé la Convention Internationale pour la Protection de toutes les personnes Contre les Disparitions Forcées (ICCPED). Cette convention stipule que tout État membre des Nations Unies qui la ratifiera y adhérera après le dépôt du vingtième instrument de ratification ou d’adhésion : la signature de la convention est universelle, mais sa ratification est l’initiative de chaque pays. Cependant, le gouvernement laotien n’a pas ratifié ladite convention malgré les recommandations d’adhésion faites par plusieurs pays lors de son premier EPU en 2010. Le Laos utilise désormais cet argument comme subterfuge, « écran de fumée », pour violer impunément les droits de l’Homme en maintenant le flou sur les disparitions forcées. Le gouvernement de Choummaly Sayasone a, à cet effet, rejeté en janvier dernier l’ensemble des huit recommandations appelant à mener une enquête pour toutes les allégations de disparitions forcées dans le pays.

Maintien de la pression pour retrouver Sombath Somphone
Dans ce contexte, il est important de rappeler que Sombath Somphone, fondateur du Centre de Formation Participative au Développement (Participatory Development Training Centre), a disparu le 5 décembre 2012 dans une rue de Vientiane. Son Centre était la plus célèbre organisation issue de la société civile et travaillait en coopération avec les autorités pour la réduction de la pauvreté et le développement durable. Somphone, qui s’était prononcé contre les méthodes du régime communiste laotien lors d’une conférence, n’était pas un militant radical, mais son implication dans le droit d’accès à la terre a suscité la colère de son gouvernement. Plus de deux ans après sa disparition, l’espoir de le retrouver vivant est de plus en plus mince.

Les activistes des droits de l’Homme et représentants de la société civile, notamment 145 organisations de divers continents, maintiennent une pression sur le gouvernement laotien. Ces organisations ont interpellé le Conseil des Nations Unies pour les Droits de l’Homme en diffusant une pétition qui dénonce la disparition du récipiendaire du prix Magsay 2005, Sombath, et la violation des droits de l’Homme au Laos depuis l’année 2013. Initiée par son épouse Shui-Meng, la pétition demandait que la disparition de Sombath Somphone soit placée au cœur de l’Examen Périodique Universel des Nations-Unies pour le Laos.

ÉCONOMIE

Impact positif de l’aide publique au développement du Laos
Le Laos a une économie agricole, majoritairement rurale et donc modeste. En 2015, le pays connait une baisse de son PIB de 8 % à 7,5 %), malgré la forte croissance économique enregistrée de ces dernières années. En novembre 2014, les représentants du gouvernement et les donateurs internationaux se sont réunis à Vientiane pour discuter des politiques et des stratégies de développement, notamment celles relatives à l’aide publique au développement. Plusieurs investissements étrangers importants sont prévus dans les années à venir, au-delà de l’aide internationale déjà perçue par le pays du million d’éléphants. En effet, le gouvernement laotien reçoit des fonds depuis plusieurs années, ce qui lui a permis de développer d’importants projets d’infrastructures de transports (routes, chemins de fer, aéroports). Ainsi pour 2015, l’Agence de Coopération Coréenne KOICA a annoncé une aide de 10 millions d’USD pour des programmes de santé publique, d’enseignement supérieur, de déminage des munitions non-explosées et des projets liés au développement rural. De plus, le gouvernement australien prévoit également une enveloppe de 86 millions de dollars américains pour venir en aide a 450 000 jeunes laotiens en matière d’enseignement, de formation des professeurs mais également de construction et de rénovation des établissements scolaires. Enfin la banque de développement du gouvernement allemand – la Kfw — prévoit 16,8 millions d’Euros pour le développement d’infrastructures de transport en zones rurales (construction et maintenance des routes et ponts sur 2015-2018) et le soutien aux populations face aux changements climatiques. Par ailleurs, l’économie laotienne est dépendante des bons résultats de ses voisins asiatiques. En effet, plus de 60 % des investissements et 70 % des échanges commerciaux du Laos sont réalisés avec la Thaïlande (premier partenaire commercial), la Chine (premier investisseur), et le Vietnam. En conséquence, le ralentissement de la croissance en Chine et en Thaïlande participerait à la baisse du niveau des investissements et de la progression des exportations.

Le Laos s’engage dans le libre-échange
L’économie laotienne est soutenue par l’exploitation des ressources minières et hydroélectriques. Le Laos est le majeur fournisseur d’énergie hydroélectrique dans la communauté économique de libre-échange de l’ASEAN. Basée sur le modèle de l’Union européenne, cette communauté de dix pays d’Asie du Sud-Est compte être un marché unique pour plus de 600 millions de consommateurs. En principe, ce nouvel espace deviendra une réalité à compter du 31 décembre 2015.
En 2010, l’ouverture de la bourse de Vientiane entérine le passage du Laos à une économie basée sur le libre-échange même si le régime est toujours officiellement communiste. Membre de l’Organisation Mondiale du Commerce depuis 2014, le pays est entré dans la dernière année de son septième plan de développement socioéconomique (2011-15). Ce plan vise la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Le processus d’ouverture de l’économie laotienne se poursuit avec l’entrée du pays dans l’AEC (Asean Economic Community), prévue au 1er janvier 2016. Le Laos s’engage ainsi dans un processus régional de libéralisation fondée sur quatre piliers : libre circulation des biens, des personnes, des services et des capitaux dans un marché unique.

En préparation du guichet unique régional de l’ASEAN, le gouvernement laotien a mis en place un guichet unique national. Le « Lao National Single Window » est une plateforme informatique permettant d’enregistrer toutes les transactions commerciales à l’entrée ou à la sortie du pays. Thadeua, premier poste pilote devait être équipé à l’été 2015 et les 22 autres postes du pays d’ici à la fin 2016. Le Laos se retrouvera ainsi en compétition avec ses puissants voisins : la Chine (au nord), la Thaïlande (à l’ouest) et le Vietnam (à l’est). Il doit donc bien se préparer à affronter la concurrence. Le Laos met tout en œuvre pour réaliser ses Objectifs du Millénaire pour le Développement afin de sortir du statut de PMA (Pays les Moins Avancés) à l’horizon 2020. L’économie laotienne gagnerait à aller dans le sens d’une plus grande transparence des groupes privés et d’une restructuration des entreprises d’État.

Femmes Hmongs (Flickr - jean louis potier)

CULTURE - LITTÉRATURE

Fêtes du Nouvel An Lao et chez les Hmongs
Plusieurs fêtes du Nouvel An existent au Laos, dont cinq principales : Hmong, Theung, Chrétien, Chinois, et le Nouvel An Lao. Les Hmongs, qui forment une ethnie minoritaire localisée au nord du Laos, aussi appelée Méos, fêtent leur Nouvel An au moment de la nouvelle lune de décembre, et pour la seule fois de l’année, tous les membres de la communauté cessent le travail et se réunissent.

Au cours de cette fête joyeuse, les Hmongs sortent leurs costumes de fête multicolores et jouent de la musique avec leurs instruments traditionnels. La prière est destinée à chasser les mauvais esprits et à garder les bons pour l’année qui commence. On assiste à des combats de bœufs et à des compétitions de sports comme le tir à l’arbalète. Comme le veut la tradition, les jeunes célibataires doivent profiter des célébrations pour trouver l’élu(e) de leur cœur et se marier avant le mois de juin suivant.

La fin de l’année 2014 a été marquée par l’interdiction au groupe ethnique Hmong, majoritairement chrétien, de fêter Noël. Quand les missionnaires presbytériens sont arrivés au Laos en 1885, les communautés ethniques marginalisées comme les Hmong ont été séduites par leurs notions de Dieu et de religion. Bien plus tard, les Hmong se sont rangés du côté des non-communistes lors des guerres d’Indochine et ont été armés par les États-Unis, opérant comme des insurgés dans les montagnes isolées qui séparaient le Vietnam du Laos avant 1975, quand beaucoup ont été contraints de fuir ce nouveau cadre de vie. Tous les ans, du 13 au 16 avril, ont lieu les festivités du Nouvel An bouddhiste.


La Fête de l’eau (Lionel Cadiot - AMARITA)

Elles coïncident avec la fête de l’eau, très populaire en Asie du Sud-Est. Le Nouvel An bouddhiste donne lieu à de nombreuses célébrations s’étendant sur plusieurs semaines. Les Laotiens nettoient leurs maisons pour éloigner les mauvais esprits. Ils prient et aspergent les statues de Bouddha d’eau lustrale consacrée par les bonzes. Ils s’habillent de manière traditionnelle. Le premier jour de la nouvelle année, les Laotiens s’arrosent mutuellement et construisent des châteaux de sable pour y maintenir des vœux pour l’année nouvelle. Ils se baignent également dans le Mékong, signalant ainsi que les erreurs sont derrière, et que la bonne chance et la protection sont demandées pour l’année qui commence. Traditionnellement, seules les femmes avaient le droit de jeter de l’eau sur les hommes afin de leur rappeler leur statut et leur force. Mais ce qui était une tradition et un symbole est devenu une sorte de grand carnaval. Les Laotiens utilisent de plus en plus des pistolets à eau de toutes les tailles, des tuyaux d’arrosage, des seaux d’eau, des morceaux de charbon, de la farine, et des colorants pour marquer les participants à la fête. C’est aussi l’occasion pour les oiseaux, grenouilles et autres petites créatures d’être libérées de leurs cages.


Le Mekong (Flickr - Mario Micklich)

LITTÉRATURE
La littérature laotienne est caractérisée par la rareté des publications. Les explications sont entre autres que l’essentiel des échanges culturels s’effectue oralement. Cependant quelques auteurs de la diaspora laotienne en Europe (France) et Amérique du Nord (États-Unis et Canada) émergent depuis le début du second millénaire, dont Douangdeuane Bounyavong, connue sous le nom de plume Dok Ked, qui est une écrivaine et éditrice d’origine laotienne vivant en France et œuvrant dans le domaine de la poésie et de la couture.

Bibliographie sélective http://www.alterasia.org/pays/laos/

Marie-Thérèse Atséna-Abogo
Doctorante en anthropologie - Université Laval
marie-therese.atsena-abogo.1@ulaval.ca
Marie-Rosalie Sagna
Docteure en sociologie - Université Laval
marie-rosalie.sagna.1@ulaval.ca

Photo du logo : Flickr - Björn Bechstein

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