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BURKINA FASO - Les agriculteurs face aux défis des changements climatiques

BURKINA FASO - Les agriculteurs face aux défis des changements climatiques

Les changements climatiques se définissent comme tout changement des facteurs météorologiques sur une longue période directement ou indirectement lié à l’activité humaine. Ils constituent l’un des problèmes auquel est confronté le Burkina Faso. Ces changements climatiques entravent la bonne conduite de la production agricole d’où les recherches de solutions pour soulager les producteurs.

9 août 2022 - par Alice Thiombiano 
Sorgho - © Flickr - Berkeley lab
Sorgho
© Flickr - Berkeley lab

Au Burkina Faso, 56,2 % des 20 505 155 habitants sont des agriculteurs, des ouvriers qualifiés de l’agriculture, de la sylviculture ou de la pêche, selon le Recensement Général de la Population et de l’Habitant (RGPH) 2019. Cependant ces agriculteurs font face à de nombreuses difficultés qui entravent le bon déroulement des activités agricoles. Les changements climatiques sont l’une des difficultés qui ne permettent pas une bonne production.
Afin de faire face aux changements climatiques, les chercheurs du Burkina Faso ont proposé des pistes de solutions. Parmi ces solutions figurent l’amélioration génétique du sorgho et du maïs pour pouvoir mettre au point des nouvelles variétés qui s’adaptent aux différentes conditions agro-climatiques du Burkina Faso, la plantation d’arbres et la prévision météorologique avec conseil.

Dr Noufou Ouédraogo est l’un des chercheurs en agronomie et amélioration des plantes à l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles du Burkina Faso (INERA). Sa particularité est la recherche sur les céréales traditionnelles dont le sorgho.
Selon lui, la semence améliorée est la semence que les chercheurs parviennent à mettre au point, en utilisant les techniques d’amélioration des plantes. « Nous partons à partir donc des semences paysannes. Ça peut être du matériel de l’extérieur que nous combinons pour pouvoir trouver des nouvelles variétés qui répondent aux besoins des producteurs », explique-t-il.
Les semences améliorées ont apporté une grande aide aux producteurs burkinabè et ont contribué à une augmentation dans rendements agricoles. « Aujourd’hui, les semences améliorées contribuent rien qu’à elles seules à 40 % du rendement des différentes spéculations au Burkina Faso » note Dr Ouedraogo.
De l’avis du chercheur Dr Ouedraogo, au Burkina Faso, le sorgho est la première céréale cultivée dans toutes les trois zones agro climatiques du pays. Cependant sa production est limitée par des contraintes dont des contraintes biotiques, certains insectes et aussi des contraintes pédoclimatiques notamment la pauvreté du sol et aussi la rareté des pluies.

« Nous avons des pluies qui ne permettent pas à nos parents producteurs de produire jusqu’à la fin de la saison pluvieuse. Du coup, nous nous sommes dit qu’en travaillant à améliorer certaines variétés, nous pourrons donc contribuer à notre manière à mettre au point des variétés qui vont permettre aux producteurs d’assurer leur production, d’atteindre l’autosuffisance alimentaire et la sécurité alimentaire », précise le chercheur de l’INERA.
Les semences améliorées sont cultivées partout au Burkina Faso. Dr Ouedraogo a assuré que dans leurs recherches, ils travaillent à mettre en place différents types de variétés qui s’adaptent aux différents climats du Burkina. Pour le cas du sorgho, les variétés qui sont mises en œuvre s’adaptent à la zone climatique soudanienne à savoir de 900 à 1200 millimètres, à la zone climatique soudano-sahélienne 600 à 900 millimètres et à la zone sahélienne de 400 à 600 millimètres.

« Le taux d’adoption des semences améliorées est en train de s’améliorer. Le taux était très faible, on était à des taux inférieurs à 10 %. Aujourd’hui, on se rend compte de la littérature et des récentes études, nous sommes à plus de 15 % et aujourd’hui nous voyons l’engouement qu’il y a autour des semences améliorées que nous avons. Que ce soit le riz, que ce soit le maïs, le sorgho, le petit mil, le niébé, l’arachide, la patate douce, le manioc, nous voyons qu’il y a un engouement pour ces semences », a apprécié le chercheur qui s’intéresse en grande partie au sorgho.

Semence améliorée, mais comment les chercheurs arrivent à réaliser cette semence ? Dr Noufou Ouedraogo donne des détails sur le processus. « Nous partons à partir donc des semences paysannes, les variétés traditionnelles, locales que nous travaillons à améliorer par rapport à des caractéristiques bien données. Nous pouvons procéder au croisement de deux variétés, ce qui est naturel et on le fait même avec la main. On prend deux variétés qu’on combine, on fait la cassation, on combine et la descendance est une nouvelle variété. Si c’est du sorgho, on va combiner deux variétés de sorgho, deux variétés de maïs, ainsi de suite pour trouver une nouvelle variété. On ne voit pas en quoi cette nouvelle variété est différente de la variété traditionnelle. C’est une plante qui découle de la variété traditionnelle. En aucun cas elle ne peut être dangereuse pour notre santé », explique-t-il.

Certaines variétés des semences mises au point par les chercheurs arrivent à répondre au besoin. Ces semences arrivent à tolérer les poches de sècheresse allant de deux semaines à trois semaines. « Après les trois semaines, lorsqu’il y a une reprise, lorsque vous revenez au champ vous voyez une verdure et donc la plante continue son processus de remplissage des graines et comme nous l’avons dit pour le moment nous travaillons sur des variétés burkinabè qui sont sensibles au stress hydrique terminal (lorsqu’’en saison pluvieuse vers la fin de la saison les plantes ont fleuri et il nous reste le processus de maturation. À ce niveau lorsqu’il y a des poches de sécheresse, on constate que les dégâts sont vraiment considérables). Nous avons travaillé à créer des variétés qui sont tolérantes à ces poches de sècheresse en faisant des croisements avec du matériel exotique tolérant à ce stress hydrique et nous avons fait des croisements pour mettre au point ces nouvelles variétés », précise Dr Ouedraogo.

Selon certains producteurs les semences améliorées sont des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM). Et Dr Ouédraogo précise qu’il s’agit d’une confusion entre les OGM et les semences améliorées. Il insiste sur le fait que ces semences sont de nouvelles variétés qui peuvent tolérer un peu ces manques d’eau dus à la rareté de la pluie, conséquences des changements climatiques.

Alidou Traoré

Alidou Tapsoba est l’un des producteurs qui ont opté pour les semences améliorées, car les anciennes semences donnaient avec un retard et la pluie ne suffisait pas à ces semences. Son champ trouve à Asiguin dans le Bazéga . Il précise que ces semences sont appelées semences Sowetini et depuis qu’il sème celles-ci, le résultat est appréciable. « J’ai constaté qu’elle est bonne. Elle a un bon rendement, les cultivateurs qui ont eu la chance de le semer ont apprécié. Quand je venais à Kaboimssin pour vous écouter, il y’a déjà deux personnes qui m’ont donné leur argent pour venir commander la semence. Si c’est le Sowetini, c’est une bonne semence et son temps de production est court et est adapté à la saison pluvieuse », affirme-t-il.
Selon lui, en 70 à 75 jours après la mise en terre, il y a un bon rendement. Toujours dans l’appréciation de ces semences, il ajoute qu’il s’agit d’une semence qui donne bien et vite et elle a de bonnes tiges qui constituent du son pour les animaux. « Si les animaux gagnent ce son, ils ne laissent rien. Ils le mangent bien. Pour nous, cette semence a deux intérêts. Son rendement et son son. Que ça soit du maïs, du petit mil, du sorgho, les 70 jours son bons pour un bon rendement », se réjouit-il.

Selon ses dires, ils avaient beaucoup de difficultés avec les anciennes semences. « Avec l’ancienne semence, cela nous fatiguait puisque la pluie ne suffisait pas à ces semences. Parfois avec ces anciennes semences, il y’a des semis qui n’arrivaient pas à germer  », regrette Alidou Tapsoba.

Josias Sanou

Les changements climatiques ont un grand impact sur l’agriculture, car les producteurs peuvent faire face aux inondations, aux poches de sécheresse. Dr Josias Sanou, chercheur à l’INERA dans le département environnement et forêt, spécialité écophysiologie-agroforesterie, lui propose aux agriculteurs, la plantation des arbres dans les champs pour permettre l’infiltration de l’eau dans les sols.
« Les arbres sont un facteur clé dans les recherches de solutions au niveau des changements climatiques. Il faut promouvoir l’agroforesterie, avoir plus d’arbres dans le champ. Ce qui va favoriser beaucoup d’infiltration en cas de fortes pluies et d’inondation et aussi en cas de sécheresse, les arbres sur le champ vont constituer un microclimat qui va maintenir un certain niveau d’humidité dans le sol pendant longtemps. Et ces champs vont ressentir moins la sécheresse que le champ où il y a moins d’arbres », explique-t-il.
Selon lui, l’émission de gaz carbonique entraine le réchauffement sur la planète et ce sont les arbres qui emmagasinaient les gaz carboniques, qui récupéraient les gaz carboniques et qu’ils stockaient. Si le nombre d’arbres est réduit par la déforestation et il n’y a pas d’autres arbres plantés, il y aura des difficultés.
Une autre alternative pour faire face aux changements climatiques dans le domaine agricole, est le développement des villages climato-intelligent. « Dans le village toutes les activités seront menées en tenant compte des changements climatiques, dès le départ on essaie de faire un état des lieux. Qu’est-ce qui a changé au niveau du climat, quelles sont les conséquences qu’ils ont actuellement et pour chaque conséquence on essaie de mettre au point un paquet technologique qui permet d’atténuer l’effet de ces changements et aussi qui permettent aux populations de s’adapter c’est-à-dire pouvoir produire vivre avec ce changement », explique Dr Josias Sanou.
Outre, les semences améliorées et la plantation d’arbres dans le champ, les prévisions météorologiques avec conseil sont aussi un moyen que bénéficient les producteurs pour une campagne agricole satisfaisante. « Avant la campagne, on va faire des prévisions qu’on va partager avec les producteurs pour les situer sur le début de la saison, comment va évoluer la pluviométrie, jusqu’à une fin probable de la saison », ajoute le spécialiste en environnement et foret spécialité écophysiologie-agroforesterie


Article écrit dans le cadre de la création d’un réseau international de jeunes journalistes enquêtant sur les Objectifs de développement durable afin de sensibiliser les populations au respect de ceux-ci.
Organisation Internationale de la Francophonie ; Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (France) ; Ministère de la Francophonie (Québec) : Principauté d’Andorre.
Avec le soutien de l’École supérieure de journalisme de Lille (France) et de l’Institut francophone du Développement durable (Québec).

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