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RUSSIE / FRANCE - Un directeur d’Alliance française en accusation !

RUSSIE / FRANCE - Un directeur d’Alliance française en accusation !

Par Thierry Guidet, président du comité de soutien.
25 juin 2016 - par Arnaud Galy 

Plaidez-vous coupable ou innocent ?

Yoann Barbereau (Ph : aimablement prêtée par le comité de soutien)

A cette question rituelle, le 22 juin, lors de l’ouverture de son procès à Irkoutsk, en Sibérie, Yoann Barbereau a crânement répondu à ses juges : « Je plaide en tant que victime. Je suis victime d’une machination, et vous le savez. L’affaire qui a déclenché ce procès a été entièrement fabriquée avec la participation active des autorités de police. Là est le problème et le scandale que vous ne pouvez ignorer. Dans un pays où la justice ne serait pas un vain mot, j’aurais pu me constituer partie civile et les fonctionnaires de police qui ont fabriqué des faux, maltraité un enfant de 5 ans, battu et menacé un homme, intimidé sa femme, ces hommes-là seraient assis sur le banc des accusés aujourd’hui. Dans un pays ou la justice ne serait pas une farce cruelle, ma fille âgée de 6 ans aujourd’hui ne serait pas représentée par un fonctionnaire qui ne l’a jamais rencontrée. N’y voyez rien de personnel mesdames les juges. Vous appartenez à un système détestable fait pour broyer les hommes, les femmes et les enfants, un système au service des puissants et d’intérêts mafieux, un système qui ronge la Russie de l’intérieur. Pardonnez-moi, je ne jouerai pas selon les règles du rôle qui m’est assigné. Je suis ici pour accuser, non pour me défendre. Ma fille Héloïse, âgée de 6 ans, a confié à sa mère récemment qu’elle souhaitait devenir juge. « Quand je serai juge, c’est moi qui déciderai, je mettrai les méchants policiers en prison et on m’écoutera », a-t-elle déclaré. Je ferai honneur à sa jeune vocation. Je suis ici pour accuser, non pour me défendre. »

Cette hallucinante affaire commence le 11 février 2015. Un peu avant 9 h, Yoann Barbereau, le directeur de l’Alliance française d’Irkoutsk (Sibérie) est brutalement arrêté à son domicile par une dizaine d’hommes, en présence de son épouse ainsi que de la fille du couple, âgée de 5 ans. Certains des hommes ont le visage masqué, aucun ne porte d’uniforme. Yoann Barbereau est menotté, son visage est recouvert d’une cagoule. Il est transporté dans un endroit tenu secret. On le frappe, on l’insulte. Dans le même temps, le domicile du couple est perquisitionné. Yoann Barbereau est finalement conduit vers 12 h dans un commissariat. Il apprend qu’on lui reproche d’avoir mis en ligne, sur un site dédié aux jeunes parents trois photos intimes de lui-même et de son épouse ainsi qu’un selfie pris au sortir de la douche où lui-même et sa fille apparaissent nus. 


Ces photos personnelles lui ont été volées. Leur mise en ligne relève du piratage de données informatiques. Yoann Barbereau pourrait déposer une plainte, cependant c’est lui que les enquêteurs accusent, contre toute logique. Comment imaginer qu’une personnalité en vue comme Yoann Barbereau se livre à un acte aussi absurde ? En outre, il a pu prouver qu’il était absent au moment où il est censé avoir mis en ligne ces images.

Yoann Barbereau est né en 1978 à Nantes. Après de brillantes études de philosophie, il dispense des enseignements à Polytechnique et à Sciences-Po Paris. Sa passion pour la Russie, le pays dont son épouse est originaire, l’a conduit à Irkoutsk où il a efficacement œuvré à mieux faire connaître la langue et la culture françaises. Des écrivains de renom comme Pierre Michon, Olivier Rolin ou Philippe Forest ont d’ailleurs rejoint son comité de soutien. (Ph : aimablement prêtée par le comité de soutien)

Le lendemain, la fillette du couple Héloïse est à son tour interrogée. « Si tu veux revoir ton papa, réponds "oui" ». L’enfant finit par acquiescer aux policiers qui suggèrent des attouchements sexuels du père sur la petite fille. Dès la sortie du commissariat, l’enfant explique à sa mère avoir eu la tête « embrouillée » et revient sur ses déclarations. Yoann Barbereau n’a d’ailleurs jamais été interrogé à ce sujet. Il est jeté en prison pendant 71 jours puis séjourne deux semaines en hôpital psychiatrique. Depuis, il est assigné à résidence, muni d’un bracelet électronique. En octobre 2015, la juge chargée de l’affaire ordonne sa mise en liberté. Elle est aussitôt blâmée, dessaisie du dossier tandis que le président du tribunal est muté. On se perd en conjectures sur les raisons de cet acharnement.

Agent du ministère des Affaires étrangères, Yoann Barbereau est pleinement soutenu par son administration, totalement convaincue de son innocence. L’ambassadeur de France à Moscou Jean-Maurice Ripert est fréquemment intervenu auprès des autorités russes. Ces dernières semaines, Jean-Marc Ayrault, le ministre des Affaires étrangères, a évoqué la question à plusieurs reprises en tête-à-tête avec son homologue russe, Sergueï Lavrov. Au-delà de la personne de Yoann Barbereau cette affaire pose la question de la protection des acteurs de la diplomatie culturelle française dans de nombreux pays. Elle montre la fragilité de leur situation.

Pour l’heure, les espoirs d’une solution diplomatique sont déçus. Le gouvernement russe montre davantage d’ardeur à défendre ses hooligans, fauteurs de rixes pendant l’Euro de football, qu’à faire d’équité envers un innocent. Le procès de Yoann Barbereau s’est ouvert. Il encourt vingt ans de prison. C’est pourquoi la famille et le comité de soutien ont résolu de rompre le silence qu’ils s’étaient imposés. Ils ont décidé d’alerter l’opinion et les médias français et russes.

En pratique

On peut signer et faire signer une pétition en quatre langues mise en ligne sur change.org « François Hollande et Vladimir Poutine : Liberté pour Yoann Barbereau ! »

On peut rejoindre le comité de soutien : comite.soutien.yoann.barbereau@gmail.com

On peut s’informer sur les développements de l’affaire sur le site bilingue (français-anglais) www.liberte-pour-yoann-barbereau.fr ainsi que sur la page facebook bilingue (français-russe) « Liberté pour Yoann Barbereau ! »

On peut alerter personnalités et journalistes pour éviter une incroyable injustice.


Photo du logo : aimablement prêtée par le comité de soutien

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