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Les Carnets Vanteaux - Le Petit Musée par Grégoire Montarsolo

Les Carnets Vanteaux - Le Petit Musée par Grégoire Montarsolo

12 mars 2024 - par Grégoire Montarsolo 
 - © Pixabay - Noppakow
© Pixabay - Noppakow

Les Carnets Vanteaux avec l’atelier Microfictions
animé par Milena Mikhaïlova Makarius

Consigne : écrire une microfiction qui se termine par Juste un jour parfait.

Le premier truc qui vint à l’esprit d’Antoine, c’est qu’il devait être mort. Non pas qu’il était sans doute mort, il avait suffisamment mal au crâne pour savoir qu’il était vivant. C’était qu’il ne devrait justement pas avoir mal au crâne. Il avait vu Marseille arriver, il avait entendu le frigolin dans son dos, la batteuse, il avait vu les flammes, il avait vu la mer se rapprocher, puis plus rien. Il avait d’abord cru être au paradis, le sien de paradis. On aurait dit un doux mélange de la campagne Sartoise et de B-612, à ceci près que la Rose avait disparu et qu’un baobab avait fini par être planté à sa place. S’asseyant sur un talus, il se releva aussitôt en sentant une vive brûlure au postérieur, il était bien en vie mais s’était assis sur un volcan en activité. Des rires le firent se retourner vers une femme, blonde, qui semblait hilare. Elle était nichée elle aussi sur une sphère flottant dans le vide blanc qui formait leur environnement. Elle était moins bien lotie que lui, un bras en écharpe et ce qui restait d’un avion fiché dans sa planète, révélant qu’elle était creuse.

Welcome my friend, in the lost Airpearson museum !
 Veuillez pardon me madame je speech bad l’english. 
 Oh dear, a froggy one ! Look Charles, it’s a French guy !

Antoine leva la tête vers la cible des mots de la femme et il reconnut le Charles pour être un aviateur Américain disparu en mer en essayant de rejoindre Hawaii depuis la Californie

Hoy ! South Cross guys ! There is one of yours here ! Amelia just found him ! "

South Cross, la Croix du Sud ? “Attend un peu”, se fit Antoine, marchant le long de son astéroïde pour chercher la cible de Charles, il réalisa alors, la blonde là, qui parlait l’anglais, c’était Earhart ? Sapristi, c’était impossible. Cependant, l’impossible était là, devant lui. Mermoz, Jean Mermoz, disparu il y a pourtant presque dix ans, était assis à faire griller des saucisses au bout d’un opinel en le dévisageant l’air surpris.

« M’sieur Mermoz, c’est bien vous ? 
 On est aussi là, parbleu ! bougonna un type en train de fourrer sa pipe.
 Ferme–la, Henri, et passe donc ta pipe que je te l’allume. Bienvenue au Musée, p’tit. Jean Mermoz, à ton service. T’es arrivé comment ici ? 
 J’ai été abattu par un Allemand, Monsieur. 
 Ah bah, je comprends mieux ce que fout Erwin ici alors, la guerre a donc bien repris. »
À la mention de son prénom, un grand blond se leva sur un des astéroïdes voisin et hurla son maudit salut en levant le bras. 
« Il est persuadé d’être dans une prison française et il gueule que ça, personne ici sait de quoi il jacte mais vraisemblablement, ils sont dans de beaux draps là-bas. »
Jean venait de croquer dans sa saucisse, gigotant la main pour désigner un endroit non défini, les yeux braqués sur l’Allemand qui tournait en rond d’un air menaçant, Antoine se dit qu’il ressemblait à un léopard en cage. 
« M’sieur Mermoz, c’est quoi cet endroit ? 

 La fin, petit, t’es mort, comme nous tous. Enfin, pas exactement mort mais on va dire que c’est ça, c’est plus simple. 
 Comment ça ?
 Tu fais maintenant partie de l’immortelle collection sensible mais intemporelle, regarde- le celui-ci, qui dit rien à personne. Edouard Jean Bague, 1910, tu trouves qu’il a l’air d’avoir quel âge ? 
 J’en sais rien, une trentaine d’année ? 
 C’était quoi la date la dernière fois que t’as regardé ?
 1944.
 Eh beh, Jean siffla, mazette, déjà huit ans ? Bah dis- toi que s’il n’était pas là, il aurait…... 
 Presque soixante-dix ans.
 Ouep, bien conservé non ? »

Antoine s’assit contre la cloche de verre qui couvrait son baobab, il ne put s’empêcher de souffler un rire. Au-delà des astéroïdes, un grand écriteau annonçait : « Un jour dans les airs est un jour parfait ! »

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