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LAOS - Retour sur l’année 2017

LAOS - Retour sur l’année 2017

15 janvier 2018 - par Marie-Rosalie Sagna 

POLITIQUE

Le Parti révolutionnaire populaire lao (PPRL) poursuit sa domination politique, économique et sociale.
La politique du gouvernement laotien en matière de libertés civiles et des droits politiques de la population n’a pas connu d’avancées. Cette année encore, les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique ont fait l’objet d’importantes restrictions. En effet, l’État laotien a renforcé son contrôle et sa répression sur les médias et la société civile. Ainsi, trois jeunes laotiens, Lodkham Thammavong, Somphone Phimmasone et Soukan Chaithad ont été emprisonnés puis condamnés à des peines de prison ferme allant de douze à vingt ans. Selon les reproches de la justice à leur endroit, ces jeunes ont formulé des critiques sur la gouvernance du pays par l’intermédiaire du réseau Facebook et ont participé à une manifestation qui était tenue devant l’ambassade du Laos à Bangkok en 2016, et ce, pour dénoncer la situation des droits de l’homme dans leur pays. Par ailleurs, cinq ans après la disparition à Vientiane du célèbre activiste Sombath Somphone, l’enquête n’a toujours pas progressé. Ces exemples laissent paraitre que la politique autoritariste et répressive du gouvernement laotien constitue un réel manquement aux obligations internationales en matière de Droits de l’Homme et remet en cause la crédibilité du pays au niveau régional et international.


Document FIDH

Le Premier ministre Thongloun Sisoulith - Ph : page FB de TS

Renforcement de la lutte contre la corruption et la drogue
Le Laos reste encore très mal noté en termes de corruption. Toutefois, depuis la nomination du Premier ministre Thongloun Sisoulith en avril 2016 et la mise en place de la Commission nationale de moralisation de la vie publique, on assiste à une intensification de la lutte contre la corruption. En plus, le gouvernement laotien mène une bataille directe contre les chefs des réseaux transnationaux de la drogue qui opèrent sur son territoire et qui sont au cœur du fameux « Triangle d’Or ». Par exemple, en janvier 2017 à Bangkok, Xaysana Keophimpha, un parrain de la drogue laotien a été interpellé à l’aéroport international de Suvarnabhumi. Plusieurs autres figures du trafic régional ont été arrêtées, certaines au Laos.

Raffermissement des liens entre le Laos et la Chine
En novembre 2017, pour la première fois, depuis onze ans, un chef d’État chinois s’est rendu au Laos. Lors de cette visite, les deux présidents, Xi Jinping de la Chine et Bounnhang Vorachith du Laos, sont parvenus à un consensus sur la consolidation et le développement des relations sino-laotiennes ainsi que sur l’amélioration de leur coopération stratégique globale.


Le travail aux champs - Ph : Flickr - Peter Nijenkuls

ÉCONOMIE

Depuis deux décennies, le Laos affiche des taux de croissance supérieurs à 7 %. Le pays s’efforce à quitter la catégorie des Pays les moins avancés à l’horizon 2020. La croissance économique du Laos est portée par les investissements étrangers, notamment dans l’exploitation des ressources naturelles (cuivre, or, étain, bois et énergie hydraulique) et par le dynamisme du secteur des services. Une étude de la Banque mondiale estime que le revenu fiscal, engendré par le secteur hydroélectrique, devrait se situer à 350 millions de dollars en 2020 et à 850 millions en 2025. Cependant, la persistance des fragilités budgétaires et monétaires reste préoccupante. En effet, en raison de la baisse du prix des ressources minérales sur les marchés mondiaux, notamment ceux de l’or et du cuivre, la valeur de la production minière a diminué.

Au-delà de l’exploitation des ressources naturelles, le 8e plan quinquennal (2016-2020) de l’orientation socio-économique du Laos prévoit le déploiement d’une politique économique nationale orientée vers trois directions : la création de Zones Économiques Spéciales et Spécifiques (ZES), le tourisme international et l’édification de grands projets immobiliers multifonctionnels et commerciaux.

« Les nouvelles routes de la soie » pour désenclaver le Laos et stimuler son économie
L’année 2017 marque l’intégration matérialisée du Laos aux « Nouvelles routes de la soie ». La construction d’une ligne ferroviaire de 415 kilomètres reliant la Chine à Singapour est en cours dans les provinces de Luang Namtha et Luang Prabang. La ligne ferroviaire devrait être inaugurée en 2021. Le projet a provoqué une controverse en raison de son prix élevé (environ 5 milliards d’euros, soit la moitié du PIB du Laos) et de sa pertinence en rapport avec les priorités du Laos qui est un pays jusque-là très pauvre. Ce projet est réalisé dans le cadre d’une collaboration sino-laotienne. Il est financé par la China Railway Engineering Corporation, principal maître d’œuvre, à hauteur de 70 %. Le reste, les 30 %, sera à payer par Vientiane qui voit dans ce projet une opportunité de désenclaver le nord de son territoire et de renforcer son intégration régionale. Au total, le gouvernement estime prévoir près de 4 411 familles affectées, 3 832 hectares expropriés et 3 346 bâtiments détruits. La construction de ligne ferroviaire touchera les jungles vierges au nord. Cela pose la nécessité de mettre en place des mesures socio-économiques notamment un système équitable et précis de compensation aux familles paysannes qui seront déplacées.

SOCIÉTÉ-CULTURE

Au Laos, plusieurs fêtes sont célébrées durant la pleine lune. Par exemple, en février, la grande fête-pèlerinage bouddhique du Mahakhabousa est organisée sous forme de foire, comportant des activités telles que la boxe, les combats de buffles et de coqs, les loteries, les manèges, et la quête des bonzes. En octobre, pour marquer la fin du Vassa (carême bouddhique) et de la saison des pluies, les moines et les habitants célèbrent Bounk Ok Phansa. Au même moment sont organisées des courses de bateaux ornées de fleurs et de bougies. En novembre, un festival religieux de trois jours se tient dans et autour de That Luang Stupa, le symbole national du Laos.

SCIENCES ET TECHNOLOGIES

Le Laos et le Vietnam renforcent la coopération dans la recherche scientifique
En juin, s’est tenue la 4e session du Comité de coopération dans les sciences et les technologies Vietnam-Laos. Ces dernières années, les services des sciences et des technologies des provinces vietnamiennes ont mis en œuvre diverses activités coopératives dans le but de promouvoir le développement des relations bilatérales, y compris le transfert de techniques et de technologies du Vietnam au service de la production au Laos.

Signature de remise de l’IFMT par M. Jean-Paul de Gaudemar et le ministre de la Santé, le Dr Bounkong Syhavong - Ph : MAE/ Ambassade de France au Laos

L’Institut francophone pour la médecine tropicale au Laos (IFMT)
Après 17 ans d’existence et avec plus de 270 étudiants-médecins formés, l’IFMT, soutenu par l’Agence universitaire de la francophonie, est devenu autonome en août. Le ministre de la Santé, le Dr Bounkong Syhavong, a salué le bilan de l’IFMT et souhaite poursuivre son développement en « un centre de recherche et de formation d’excellence internationale dans la médecine tropicale ». Le même jour, 17 étudiants de la promotion 2017 recevaient leurs diplômes de Master.

FRANCOPHONIE

Pour la toute première fois et grâce au soutien du ministère laotien de l’Éducation et des Sports, le Laos a été représenté aux Jeux de la francophonie qui se sont déroulés à Abidjan en Côte d’Ivoire du 21 au 30 juillet 2017. Ces Jeux consistent en une compétition multi-sports et des concours culturels.


BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE
www.asialyst.com
www.eureka.cc
https://la.ambafrance.org

Rosalie Sagna
Docteure en sociologie
mrsagna@yahoo.fr

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