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GUINEE - À la rencontre de deux écrivains

GUINEE - À la rencontre de deux écrivains

Partenariat AGORA / GRAND TOUR 2017 - Par Asmaou Barry
2 mai 2017 - par Asmaou Barry 

Depuis le 23 avril, la capitale guinéenne vit au rythme de la littérature. Conakry accueille le monde pour magnifier le livre, l’écriture et la lecture. À l’occasion de la 10e édition des 72 heures du livre organisée depuis chaque année en Guinée, professionnels et amateurs du livre se sont bousculés dans les stands des maisons d’édition. Vernissage, vente et dédicace de livres étaient au rendez-vous.

Parmi les auteurs, Juliana Diallo, Guinéenne d’origine hongroise, auteur de deux livres. Le premier, « Néné Salé », qui référence au nom que porte sa dernière fille née prématurément. C’est une œuvre autobiographique à travers laquelle Juliana raconte sa détresse pendant cette épreuve. Les conditions pénibles et le désespoir qui ont caractérisé ce moment. « J’ai passé un mois au service nutrition de l’hôpital Donka près de ma fille née avec un poids inférieur à un kilogramme. Ce moment de ma vie était tellement fort, il a révélé tellement des choses en moi, que j’ai eu envie de le partager ». Le second roman, « Entrer dans la tribu » parle d’une jeune française, qui s’est retrouvée dans un petit village guinéen, obligée de s’adapter à une culture totalement différente de la sienne. L’auteure dit vouloir à travers ce roman, exprimer son opinion sur la rencontre des deux cultures : « Je voulais décrier l’arrogance, la méfiance des gens de la modernité qui méprisent les valeurs du village africain. »

Juliana Diallo fait partie de ceux qui pensent que le livre n’occupe pas la place qu’il mérite dans la société guinéenne « Il y a beaucoup d’auteurs, des jeunes dévoués, des choses à écrire, à raconter, mais les infrastructures comme les bibliothèques et les centres de lecture n’existent pas. À l’école, les élèves n’ont pas souvent les documents adéquats pour apprendre à lire. Donc, la jeunesse n’a pas accès aux livres. Et si les gens ne lisent pas, ne peuvent pas songer à écrire. »

Pour la promotion du livre, Juliana Diallo a présidé la Commission d’organisation de la deuxième édition des 72 h du livre, en 2009. Aujourd’hui, elle est « fière de constater que cet événement a pris de l’ampleur. On a démarré timidement avec quelques auteurs et aujourd’hui, c’est devenu un événement mondial. » Et justement, Juliana Diallo estime que Conakry Capitale mondiale du livre, est une opportunité dont il faut profiter « Tous les Guinéens devraient se mobiliser pour relever le défi. Chacun doit être interpellé par l’importance du savoir, du livre et de la lecture. Conakry capitale mondiale du livre offre la possibilité à la Guinée, de renouer avec le monde culturel d’une part et d’autre part susciter de l’enthousiasme, générer une force qui va booster la mise en place des bibliothèques et des centres de lecture. » « Pour soutenir l’écriture et l’écrivain, il faut que les manuels des auteurs guinéens soient programmés dans les écoles » renchérit le Dr Cherif, auteur de quatre livres dont le dernier est publié à l’occasion de Conakry Capitale mondiale du livre.

« On n’écrit pas pour se faire de l’argent »

Le Dr Alhassane Cherif, psychologue clinicien et anthropologue ne donne pas, à priori, l’impression d’être écrivain. Pourtant après avoir passé plus de 40 ans en France où il a créé et gère une clinique et un centre d’aide psychologique au service des familles migrantes en France, il a été le premier à introduire la psychologie en Guinée. Une vocation qu’il défend avec passion et qu’il a tenu à transcrire dans deux ouvrages. Pour le Dr Cherif, écrire est une passion, car selon lui « il faut écrire pour laisser des traces. On n’écrit pas pour se faire de l’argent. Moi j’écris pour transmettre du savoir aux prochaines générations. »

Amoureux de la culture africaine, le Dr Cherif traite des faits sociaux dans ces livres. Il en a quatre à son actif. Le dernier est paru ce 25 avril à l’occasion des 72 heures de livres. Intitulé « Structure de la famille Guinéenne » il parle d’éducation, de transmission des valeurs familiales et de citoyenneté. L’auteur dénonce « le délitement dans les relations familiales. » En 2005, il a publié « L’importance de la parole chez le manding de Guinée » racontant l’histoire d’un malinké (une ethnie guinéenne) qui dira devant un tribunal français que lui, a une parole d’honneur. D’où la curiosité de l’écrivain à connaitre le fondement et l’origine de la parole. Puis en 2012 « Le sens de la maladie chez les Africains » qui explique comment un Africain après tant d’années passées en occident, reste connecté aux réalités de l’Afrique. C’est-à-dire qu’il a toujours une explication à donner à une maladie en dehors du diagnostic que le médecin aura fait. En 2014, « La parenté à plaisanterie : le sanakouya » : un atout pour le dialogue et la cohésion sociale.

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