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AFRIQUE du SUD - Retour sur l’année 2015-2016

AFRIQUE du SUD - Retour sur l’année 2015-2016

24 novembre 2015 - par Gur Milandou Mouanga 
 - © Flickr - Grace Flora
© Flickr - Grace Flora

Johannesburg (Flickr - paul saad)

De la xénophobie à « l’Africaphobie »

Comme en 2008, la recrudescence des attaques contre les étrangers, en majorité des Africains, a donné du fil à retordre à l’Afrique du Sud. Environ sept morts, des nombreux blessés et déplacés ; tels ont été les dégâts causés par les actes de barbarie qui ont touché la ville de Durban et celle de Johannesburg. La mémoire collective se souvient encore du désastre que les violences xénophobes de mai 2008 ont causé au sein des communautés expatriées, principalement les Zimbabwéens, faisant près d’une soixantaine de morts et des milliers de blessés, provoquant le départ de plusieurs centaines de milliers de personnes.

La présence massive des immigrés dans le pays serait à l’origine de cette antipathie, à en croire les déclarations des uns et des autres qui dénoncent la situation illégale d’un grand nombre d’entre eux. Ils viennent du Zimbabwe, de Somalie, d’Éthiopie, de Zambie, du Malawi, du Mozambique, du Congo, du Nigeria ou du Sénégal, attirés par le rayonnement de la nation arc -en- ciel du bienveillant patriarche Nelson Mandela. Ils se trouvent en grand nombre dans le petit commerce, les emplois domestiques, l’artisanat, la vente à la sauvette, parfois dans le gardiennage et constituent souvent une main d’œuvre plus qualifiée et meilleur marché que les Sud-africains.

Les sources officielles font état de près de cinq millions d’étrangers en 2011, avec plus de trois cents demandeurs d’asile et de nombreux sans-papiers. Ces personnes, ajoutées aux 53 millions d’habitants que compte le pays, constituent un poids énorme pour l’Afrique du Sud qui affronte de nombreux défis pour l’amélioration des conditions de vie de sa population. Le pays compte plus de 25 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Le taux de prévalence du sida est l’un des plus élevés au monde et la violence y est endémique : meurtres, viols, cambriolages. L’accès aux soins, à l’éducation, à l’électricité ou à l’eau potable demeurent encore problématiques pour une grande partie de la population.

Toutefois, selon l’opinion, ces nouvelles émeutes feraient suite aux propos du très influent roi zoulou Goodwill Zwelithini qui auraient comparé les étrangers à « des poux » lors d’un discours prononcé le 23 mars 2015, les sommant de quitter l’Afrique du Sud. Ces propos du grand notable royal seraient à l’origine de la chasse aux étrangers, en particulier, ressortissants des pays africains dont les premiers actes se seraient manifestés dans le Zulu Land. D’où le néologisme « Africaphobie ».

Le président Jacob Zuma, qui a condamné ces attaques, a promis en même temps des mesures strictes pour lutter contre l’immigration illégale. « Rien au monde ne peut justifier l’acte d’ôter la vie d’une personne par le simple fait qu’elle provient d’un autre pays que le vôtre (…) Le gouvernement a d’ores et déjà annoncé des mesures pour renforcer la sécurité à nos frontières », a-t-il souligné.


De la xénophobie à « l’Africaphobie » (Remerciements à James Oatway - Times / Reuter - http://www.jamesoatway.com)

Le rapport décevant sur les massacres de Marikana

Attendu depuis 2012, le rapport d’enquête sur la tuerie des mineurs de Marikana a été rendu public le 25 juin 2015 par le gouvernement. Pour rappel, il s’est agi de massacres perpétrés par la police sud-africaine sur des mineurs, lors d’une grève, en août 2012, dans les mines de Marikina dans la partie nord du pays, faisant 34 morts et de nombreux blessés. La fusillade de Marikana fut le plus tragique événement depuis la fin de l’apartheid. La commission d’enquête a mis près de trois ans avant de rendre son rapport final au président de la République, Jacob Zuma. Il a fallu trois mois pour que ce dernier décide de le rendre officiel, sous la pression des familles des victimes et des organisations représentant les mineurs. Le rapport fait porter une large responsabilité aux forces de l’ordre qui ont fait usage de balles réelles dans une opération de maintien de l’ordre public, en tirant sur les manifestants à bout portant. La Commission d’enquête a relevé, entre autres que 17 personnes ont été atteintes dans le dos, tentant de fuir les représailles de la police ; ce qui a révélé un manque total de contrôle et de commandement. Le président Zuma, parlant de la situation, a souligné que « … ce genre de tragédie ne devrait pas arriver dans une démocratie comme la nôtre.  » Toutefois, aucun homme politique n’a été inquiété...

Mmusi Maimane, nouveau patron de la DA (Wikimedia Commons - job186)

Un noir à la tête de l’opposition sud-africaine

Une grande première dans l’histoire du pays. Mmusi Maimane a succédé à Helene Zille à la tête de l’Alliance Démocratique, le principal parti de l’opposition sud-africaine. Née sur les cendres des groupements politiques : Parti Démocratique (DP), Nouveau Parti National (NNP) et l’Alliance Fédérale (FA) du régime ségrégationniste de l’apartheid, l’Alliance Démocratique (DA) fut créée en 2000, regroupant la minorité de la population blanche du pays, conservateurs aussi bien progressistes. La quête de l’excellence et la promotion de la diversité, surtout raciale a toujours été au centre des préoccupations de DA à qui ses détracteurs ont souvent attribué le caractère d’un parti raciste.

Mmusi Maimane. Sa formation en théologie et son rôle de prédicateur lui confère un talent oratoire et une sensibilité aux problèmes communautaires. Il a été surnommé « le petit Obama » par ses protégés de Soweto, localité considérée comme le bastion de la lutte antiapartheid et fief de l’ANC, d’où il est originaire. Il a d’abord été sympathisant de l’ANC et n’a rejoint la DA qu’après la démission de Thabo Mbeki en 2009. De là, Maimane a construit son engagement politique, en opposition au président Jacob Zuma.

C’est une mission ardue qui attend Mmusi Maimane au cours des prochaines années pour envisager une fin de l’hégémonie de l’ANC sur la scène politique sud-africaine. Cependant la tâche exige des qualités de stratège, également de véritables qualités de leadership, notamment vis-à-vis d’intérêts internes au parti. Il s’agira donc de démontrer que son élection à la tête de la DA n’est pas seulement symbolique, ou orientée vers un besoin spécifique de diversité raciale, mais d’une véritable transformation de l’identité du parti. Grâce à la dynamique de renouvellement des cadres dirigeants du parti, il lui faudra diffuser l’image et les idées de sa formation sur l’ensemble du territoire sud-africain, y compris dans les zones largement acquises à l’ANC, et enfin s’assurer que la DA gouverne de manière satisfaisante dans les administrations dont elle a la charge.


Le Sommet de l’Union Africaine et la présence controversée de Omar el-Béchir

Le 14 et 15 juillet 2015, s’est tenu à Johannesburg le 25e Sommet de l’Union africaine, en présence d’une cinquantaine de chefs d’État et de nombreux invités. Omar el-Béchir, le président soudanais a pris part aux assises. Mais sa présence attendue n’est pas passée inaperçue du côté de La Haye, aux Pays-Bas, où siège la Cour pénale internationale. Deux mandats ont été lancés par cette juridiction contre le dictateur soudanais, en 2009 pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité et en 2010 pour génocide, les deux en relation avec le Darfour, région en proie aux violences depuis 2003. Dès son arrivée en Afrique du Sud, le président soudanais s’est vu refuser le droit de quitter le pays, sur ordre de la justice sud-africaine, saisie par l’association Southern Africa Litigation Center. Cette organisation engagée pour le respect des droits humains a demandé que Omar el-Béchir soit extradé vers la CPI pour répondre de ses crimes. Malgré les menaces, le président soudanais est resté jusqu’à la fin du Sommet et a pu regagner son pays, à la grande surprise de l’opinion nationale et internationale.


Les infrastructures de la Coupe du monde de football... objets de toutes les attentions ! (Flickr - sheree zielke)

Sport : le scandale révélé du Mondial 2010

Une brouille entoure désormais la tenue de la première Coupe du monde de football - FIFA en terre africaine, attribué en l’honneur du patriarche Nelson Mandela. Quatorze personnes inculpées et sept arrestations opérées en Suisse après les révélations d’une enquête du FBI sur les conditions de l’attribution de la Coupe du Monde de football à l’Afrique du Sud en 2010. L’enquête a été mandatée par le ministère américain de la Justice, aboutissant à de graves accusations, plaçant sur la sellette, les responsables de la FIFA. Les accusations ont fait mention de corruption et de blanchissement d’argent.
La ministre américaine, Loretta Lynch a affirmé au cours d’un entretien avec la presse que des millions de dollars dédiés à la construction des infrastructures sportives dans ce pays en voie de développement ont été détournés à des fins d’enrichissement personnel.

Francophonie
La Fête internationale de la Francophonie célébrée au mois de mars de chaque année a connu une ambiance festive et spéciale en Afrique du Sud cette année. L’édition 2015 a été lancée à l’Alliance Française de Pretoria le 14 mars en présence de l’ambassadrice Barbier et d’invités de marque parmi lesquels le chanteur Johnny Clegg et le rugbyman Flip van der Merwe.

Le mot de bienvenue de Jean-Jacques Cornish, président de l’Alliance Française de Pretoria et le discours de l’ambassadrice Barbier ont été les seules allocutions à la cérémonie. L’ambassadrice de Madagascar, ovationnée comme représentante du pays qui accueillera le XVIe Sommet de la Francophonie en 2016, et le Haut-Commissaire canadien, représentant la nouvelle Secrétaire générale de l’OIF, ont exprimé leur plaisir de participer à ce festival.
Même son de cloche dans la ville du Cap où le coup d’envoi a été donné le 19 mars par un concert d’un groupe musical suisse, suivi d’une soirée culturelle le 20 mars à l’Alliance Française du Cap. L’événement fut unique cette année grâce à la magnifique ambiance cosmopolite et au brassage culturel. Pour la première fois, la Fête de la Francophonie en Afrique du Sud a connu une participation massive et impressionnante, ayant regroupé les ressortissants de plus d’un pays de l’espace francophone vivant dans ce pays.

À Pretoria comme au Cap, on a noté la participation des pays comme la France, la Suisse, le Canada, le Cameroun, la Bulgarie, le Gabon, le Congo Brazzaville, la RDCongo, Madagascar, le Rwanda et le Burundi, autour d’une série d’activités comprenant : la danse, les expositions d’art, la musique, l’art culinaire, le défilé de mode et la « sapologie » ou l’art vestimentaire africain.

Gur Milandou Mouanga
Journaliste et président de la Fondation Cœur de Compassion
gurlasavane@yahoo.fr

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