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CORéE du Sud - Mai sera francophone !

CORéE du Sud - Mai sera francophone !

Entretien avec A-E Loriot - Nurbianto, directrice de l’AF de Busan

A l’occasion des Rendez-vous de Busan, prenons la direction du pays du matin calme où la francophonie ouvre les portes de l’Afrique, du cinéma et des études...

9 mai 2011 - par Arnaud Galy 
Aude - Emeline Loriot - Nurbianto, directrice de l’AF de Busan - © Aimablement prêtée par l'AF de Busan
Aude - Emeline Loriot - Nurbianto, directrice de l’AF de Busan
© Aimablement prêtée par l’AF de Busan

Aude - Emeline Loriot - Nurbianto, avant d’entrer dans le vif du sujet, pouvez-vous nous aider à trancher ? La Corée du Sud est-elle le pays de matin calme ou le pays de matin clair ?

La Corée est le pays du matin calme, mais il est vrai que d’autres adjectifs tels « clair » ou « frais » sont aussi utilisés pour désigner les matins de la Corée.

Depuis combien de temps êtes-vous en poste à Busan ?

J’ai pris mes fonctions en septembre 2008, cela fait donc plus de 2 ans et demi que je suis en Corée.

Étiez-vous familière de la culture de ce pays avant de prendre la direction de l’AF de Busan ? Est-ce facile d’acquérir de nouveaux codes et d’être « opérationnelle » rapidement ?

L’Alliance Française de Busan
Ph : Aimablement prêtée par l’AF de Busan

Je connaissais bien l’Asie du sud est mais absolument pas l’Asie du nord. J’avais très peu de connaissances ou d’images sur la Corée avant mon arrivée. Il s’avère que la Corée possède une culture très forte. Le confucianisme est très présent dans l’organisation de la société et des relations interpersonnelles. Je suis loin d’être la seule à dire que c’est long et difficile de se familiariser avec ce mode de pensée et cette culture. Grâce à mes expériences passées sur ce même type de poste, j’ai tout de même pu être « opérationnelle » rapidement mais j’ai mis du temps à me sentir à l’aise et à être autonome.

Que viennent chercher les personnes qui fréquentent l’AF ? L’apprentissage de la langue française, certes, mais pourquoi cette francophilie et francophonie ?

La majorité de nos 1700 étudiants annuels sont des étudiants d’université qui viennent à l’alliance pour compléter leurs cours et pour passer le DELF, le diplôme d’étude en langue française. Un certain nombre veulent aussi se rendre en France pour étudier les arts, la littérature…notre pays reste très attractif pour les étudiants, il bénéficie d’une bonne image. Les Coréens sont de bons vivants, ils apprécient particulièrement notre art de vivre. Je constate aussi que de plus en plus d’étudiants ont des projets avec des pays africains, ce qui les motive à venir apprendre le français à l’Alliance.

Dans votre équipe pédagogique, vous comptez de nombreux Coréens ayant fait, par le passé, leurs études universitaires en France. Qu’en est-il aujourd’hui ? La France, la Suisse, le Québec ou la Belgique attirent-ils les étudiants de Busan ou de Séoul ?

Je n’ai pas d’éléments statistiques précis mais la France et le Québec attirent. Concernant les plus petits pays comme la Belgique ou la Suisse, l’impact est plus restreint mais il existe, surtout à Seoul où les entreprises et organisations belges et suisses sont implantées. La France demeure tout de même le pays de prédilection pour les études supérieures francophones.

Le port de Busan
Ph : Aimablement prêtée par l’AF de Busan

Comment qualifieriez-vous les relations entre la France ou l’espace francophone et la Corée du Sud ? … marginales ou suivies ?

Les relations pourraient sembler marginales, vu la place très importante des échanges avec le Japon, la Chine ou les Etats-Unis. Cependant, la France et les pays francophones restent attractifs. Certes, nous devons défendre plus que d’autres pays notre langue auprès des établissements d’enseignement pour maintenir les classes et départements de français, mais le français reste en bonne place parmi les langues européennes, devant l’allemand et l’espagnol. Ainsi, au niveau linguistique, les relations se maintiennent même si malgré nos efforts, la tendance semble à la baisse. Au niveau culturel, les échanges sont très riches. Les plus grands festivals et institutions culturelles coréens invitent régulièrement des artistes français et expriment une forte demande en matière de coopération. Bien évidemment, le rôle de l’Ambassade et des Alliances est primordial dans le développement de ses relations. Au niveau économique, les relations sont denses, beaucoup d’entreprises françaises investissent en Corée et inversement.

Ce mois de mai est le temps fort culturel de l’AF de Busan, parlez-nous du festival en cours ?

« Les Rendez-vous de Busan » est le festival culturel annuel de l’Alliance française de Busan. 2011 marque la 9ème édition avec 13 manifestations pluridisciplinaires dans 12 lieux différents de la ville : un concert de piano et masterclasse, deux concerts de jazz, trois expositions et conférences, un spectacle de danse contemporaine et un de théâtre gestuel, du chant choral, une soirée vin/fromage et un festival du film français…Au total, 25 artistes français sont invités à participer et les partenaires locaux sont très variés, s’agissant d’universités, de centres culturels, de grands magasins et d’institutions culturelles. La plupart des manifestations sont gratuites pour le public et tournent dans les autres villes de province grâce au réseau des alliances française de Corée. Outre les sponsors et partenaires locaux, le festival est également soutenu par la Fondation Alliance française, la Délégation générale de l’Alliance française en Corée et par l’Institut français. Le festival a débuté le 24 avril avec le trio de jazz franco-australien emmené par Dominique Fillon et se terminera le 31 mai avec une projection de films documentaires sur Paris.

La ville de Busan
Ph : Aimablement prêtée par l’AF de Busan

Qui est le public ? Les habitués de l’AF ou est-ce une vitrine attractive au-delà du cercle francophile habituel ?

Le public est très large et de plus en plus nombreux. Nous accueillons depuis 2 ans environ 10.000 spectateurs. Comme nous proposons toutes les disciplines artistiques dans des lieux extrêmement différents et aux quatre coins de la ville, nous drainons un public varié. Il y en a vraiment pour tous les goûts et la gratuité ou le faible prix des manifestations encouragent le public à venir découvrir les artistes français. Le festival est désormais très attendu et reconnu pour sa qualité, bien au-delà du public traditionnel de l’Alliance.

Deux réalisateurs de cinéma coréens président des compétitions au Festival de Cannes, l’actrice Yoon Jeong-hee vient d’être décorée de l’insigne de l’ordre des arts et des lettres à Paris où elle vit, le « Journal de Musan » de Park Jung-bum vient de remporter le 1er prix du Festival de Marrakech... le cinéma est-il la passerelle entre la Corée du sud et l’espace francophone ?

Busan est en quelque sorte la capitale coréenne du cinéma avec son festival international du film et ses écoles de cinéma. Beaucoup de cinéastes ont un jour ou l’autre été formés ou en tournage à Busan. Les acteurs et réalisateurs coréens admirent le cinéma français et la France. Un certain nombre d’entre eux sont aussi francophones. Alors oui, le cinéma est une passerelle parmi d’autres, mais c’est peut-être la discipline artistique qui cristallise le plus les passions et pour laquelle la France et la Corée sont à la pointe, reconnus mondialement pour leur savoir-faire et leur diversité. Nos deux pays reconnaissent mutuellement la qualité de leurs cinémas respectifs, les échanges et influences sont nombreux dans ce domaine même si le cinéma des autres pays francophones est encore mal connu en Corée.

… Peut-être n’avez-vous pas les cartes en main pour répondre à cette question mais je la tente... savez-vous si la langue française est enseignée en Corée du Nord et si oui dans quelles conditions ?

Depuis 2006, un lecteur de français est installé à l’université de Pyongyang pour enseigner notre langue. Je ne sais pas combien d’étudiants apprennent le français, mais on peut imaginer qu’ils sont un petit noyau à l’apprendre dans des conditions finalement assez proches de celles de n’importe quel étudiant d’université puisqu’ils bénéficient d’un lecteur natif et de professeurs locaux de bon niveau, d’après les échos que j’en ai.

Enfin, avant de vous laisser retourner dans les coulisses du festival, puis-je vous demander comment vous préparez l’année 2011 – 2012 ? En avant-première ?

Traditionnellement, le 2ème semestre est plus calme en terme de programmation culturelle. Nous aurons comme chaque année deux rendez-vous incontournables avant la fin 2011. Tout d’abord, le festival international du film de Busan (BIFF), mondialement connu, attire les plus grandes stars du cinéma. Une soirée française est spécialement organisée pour l’occasion, des nouveautés sont prévues pour cette année mais je dois préserver l’effet de surprise. En novembre, nous fêterons également le Beaujolais Nouveau, une soirée incontournable et très attendue dans toute la Corée. Chacune des 7 alliances de Corée marque l’événement autour d’une soirée festive qui rassemble beaucoup de monde ! En 2012, l’AF Busan va se concentrer sur la fête de la Francophonie avec certainement un spectacle, une exposition, un concours photo et un cycle de projection de films. Puis en mai, ce sera le 10ème anniversaire des Rendez-vous de Busan, le festival de l’Alliance. Il va donc falloir trouver des activités spéciales pour marquer le coup ! Pourquoi pas 10 événements pour les 10 ans ?

Une plage de Busan
Ph : Aimablement prêtée par l’AF de Busan

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