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Francis Ribano, pour lire en couleurs !

Francis Ribano, pour lire en couleurs !

Rencontre avec le concepteur d’une méthode de lecture

Le long parcours d’un passionné, amoureux de la langue française, qui ne pouvait prendre fin, sans transmettre son « chef-d’œuvre » de compagnon : une méthode de lecture !

18 mars 2011 - par Arnaud Galy 
Francis Ribano voit les mots en couleur - © La Nouvelle République - Vienne
Francis Ribano voit les mots en couleur
© La Nouvelle République - Vienne
Francis Ribano voit les mots en couleur
Ph : La Nouvelle République - Vienne

Francis Ribano est un poète pragmatique. Pragmatique car il sait combien l’apprentissage et la maîtrise d’une langue sont les clefs de voûte d’une vie épanouie. Poète car il a compris que phonèmes et graphèmes de la langue française ne sont pas les meilleurs amis des petits apprenants... ni des grands ! Pragmatique car, sans discriminer par malveillance, il sait que l’égalité est un concept peu répandu et qu’un petit étranger installé en France, un adulte illettré, un adolescent handicapé et même un savant dont la langue natale n’est pas le français ont tous des soucis avec la bizarrerie qui affirme que « o », « au » et « eau » se prononcent rigoureusement de la même manière. Poète car il joue de la couleur afin de rendre les mots plus amicaux. Plus encore que poète pragmatique, Francis Ribano est militant ! Ce jeu en couleur n’a, pour lui, rien d’un jeu. Il s’agit du point culminant de sa carrière d’enseignant.
Depuis qu’il a pris sa retraite, il n’a de cesse de perfectionner et expérimenter la méthode qu’il a conçue et développée progressivement au cours de sa carrière. Retour sur un itinéraire qui explique tout !

Ce petit-fils d’émigré italien, frioulan pour être précis, né en Midi Pyrénées, a passé sa jeunesse en Corrèze. Quand on lui parle de l’apprentissage d’une langue, il connait la chanson. Enfant, il a baigné dans un univers familial où se mêlaient allègrement au français les sonorités du frioulan et de l’occitan, sans compter le latin du dimanche matin !
L’école publique a mis le jeune Francis sur les bons rails et il parvint, à la grande fierté de ses parents, à suivre des études et profiter – dans le sens noble du terme – des outils de promotion sociale de la France de l’époque. Pourtant, quitter les copains du village, le football et la pêche pour l’internat ne fut pas une partie de plaisir !

Transmettre, toujours transmettre...
Ph : La Nouvelle République - Vienne

Les portes de « l’ascenseur social » se sont ouvertes en 1967 devant celles de l’École Normale d’instituteurs de Poitiers. C’est ici qu’une foule de mots et de concepts nouveaux ont forcé la porte de son esprit : laïcité, philosophie, communauté, collectivité... de quoi repousser la ligne d’horizon. D’autant plus que l’année 68 et les suivantes étaient propices aux expérimentations les plus novatrices. Tout était réuni pour qu’il devienne, selon ses propres mots, « un missionnaire laïque » formé pour éduquer les jeunes de France. D’emblée, il choisit une voie exigeante : l’éducation spécialisée. Pour dire les choses simplement... il désirait adresser son savoir à une jeunesse en proie à une vie difficile ou tout au moins à un apprentissage difficile : « les pas beaux, les pas riches » résume-t-il. Il passe le CAEI (Certificat d’Aptitude à l’Education des enfants et adolescents déficients ou Inadaptés) puis se forme aux techniques du FLE (Français langue étrangère) pour parvenir à ses fins : être un enseignant « tout-terrain". 

S’ensuivirent trente six années de « tout-terrain » et de va et vient entre la France et l’étranger : élèves en difficultés, enfants de milieux défavorisés, population immigrée, enseignement du français à des adultes en centre culturel en Indonésie, instituteur en écoles françaises au Québec et dans le sultanat d’Oman, directeur d’école, sans oublier des études en parallèle à l’université pour parfaire sa formation.
Le long parcours d’un passionné, amoureux de la langue française, qui ne pouvait prendre fin, l’heure de la retraite sonnant, sans transmettre son « chef-d’œuvre » de compagnon…

Revenons un instant à l’Indonésie, période phare dans la carrière de Francis Ribano. Il suffit de croiser le regard des marionnettes qui peuplent sa maison pour s’en convaincre... C’est au contact de la langue indonésienne qu’il a pris conscience de la difficulté extrême de la langue de Senghor et de Camus. En Indonésien, une lettre a un son unique ; on dit toutes les lettres et il n’y a pas de conjugaison ! De quoi faire rêver les petits français, les francophones et les apprenants du monde entier ! C’est à Jakarta que la nécessité d’inventer une méthode et d’établir un système germe dans son esprit. Il devait inventer une combine qui éclaire la complexité du rapport entre le son de la langue et la manière d’écrire ce son.

Pour épauler Francis Ribano dans sa quête, il lui faut le compagnonnage d’autres poètes pragmatiques. Ceux-ci se cachent derrière le nom d’une maison d’édition qui porte en lui tant de symboles et de clins d’œil : l’oiseaulire. Jeu de mot qui rappelle l’étonnant et majestueux oiseau australien qui n’a de cesse d’imiter les chants de ses voisins oiseaux et le bruit des machines des forestiers. Comme si il voulait communiquer avec d’autres espèces grâce à l’apprentissage de leur langue ! Et puis, l’oiseau- lyre, n’est-ce pas le titre d’une poésie écrite par Prévert, désireux de proposer aux enfants une pédagogie différente ? Voilà pour la poésie, quant au pragmatisme, il trouve ses marques dans les livrets, les DVD, les programmes informatiques et tous les outils crées pour que la méthode colorée de lecture trouve sa place chez chacun... les familles, les enseignants, les petits, les grands, les cabossés, les exilés et les simples curieux. Pour que vive la lecture facile, vive l’oxymore !


Ci-dessous, un conte du Maghreb,
en document joint, en bas de page, retrouvez la version "colorée"...
pour faire le lien entre les deux textes, nous vous invitons à vous rendre sur les sites internet de Francis Ribano et de L’oiseaulire :
http://www.facilecture.fr
http://www.editionsloiseaulire.com


Le chacal et le hérisson

C’était l’automne.

Le vent et la pluie étaient au rendez-vous.

Bientôt la neige recouvrirait le djebel de son burnous blanc.

Le temps de l’abondance était loin et le chacal songeait avec regret aux figues sucrées jonchant le sol, en fin d’été.

- Triste saison... dit-il au hérisson qui cheminait à son côté.

- C’est ainsi chaque année, répondit l’autre, résigné.

Tous deux étaient en quête de nourriture. Ils marchèrent toute la matinée sans rien trouver. Vers midi, ils traversèrent un verger. Ils cherchèrent parmi les feuilles jonchant le sol et trouvèrent une pomme flétrie.

- Partageons-la, proposa le hérisson.

- Pas question ! C’est le plus âgé qui la mangera ! rétorqua le chacal.

- Comme tu voudras. Tu es né quand ?

- Il y a fort longtemps...

- Mais encore ?

- C’était ce jour là quand les sauterelles se sont abattues par millions sur le bled, déclara le chacal.

- Et comment le sais-tu ? demanda le hérisson.

- C’est ma mère qui me l’a raconté. Le nuage de sauterelles était si grand et si épais qu’il cachait le soleil.

- J’avais déjà dix ans à cette époque et j’ai aidé mon père à remplir des sacs de sauterelles. Ma mère les faisait griller pour les manger. Il y en avait tant que nous en avons vendu au souk, raconta le hérisson … en mordant dans la pomme…

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