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GUYANE - Retour sur l’année 2015-2016

GUYANE - Retour sur l’année 2015-2016

17 décembre 2015 - par Thomas Fetrot 
 - © Flickr - bmathon
© Flickr - bmathon

Si l’année politique s’est avérée relativement calme en apparence, les grandes manœuvres ont débuté depuis de longs mois en vue des élections destinées à s’emparer des rênes de la future assemblée unique, en décembre. Un scrutin qui aura lieu dans un contexte économique contrasté puisque malgré un rythme de croissance soutenu, certains secteurs comme celui du bâtiment ont rendu leur pire bilan depuis plus de dix ans. Par ailleurs, comme toute la Caraïbe, la Guyane a lutté contre une épidémie de chikungunya qui n’a toutefois fait aucune victime.

POLITIQUE

En 2014, les élections municipales avaient animé la petite sphère politique guyanaise. Depuis, les principaux élus du département préparent dans une relative discrétion les élections du mois de décembre. Un scrutin de la plus haute importance puisqu’il a pour but de se voir attribuer la présidence de la future assemblée unique qui va naître de la fusion des collectivités départementales et régionales.

Rodolphe Alexandre (Ph : Thomas Fetrot)

La plupart des candidats sont d’ores et déjà connus.Rodolphe Alexandre, actuel président de Région, entend bien entendu poursuivre son action politique en s’asseyant dans le fauteuil de président de la collectivité. Pour ce faire, il a rebaptisé son groupe. Anciennement «  Guyane 73 », nommé ainsi, car créé à l’orée de la consultation populaire de 2010 qui demandait à la population de se déterminer pour l’article 73 ou l’article 74 de la constitution française (le premier l’a emporté), il a désormais pour nom « Guyane rassemblement ».
Sauf surprise, ses principaux adversaires ont déjà dévoilé leur candidature. Chantal Berthelot, députée de la deuxième circonscription, qui a reçu le soutien du Parti socialiste guyanais. Alain Tien Liong, le président du Conseil général, sera aussi à la tête d’une liste. Tout comme Fabien Canavy qui représentera le parti indépendantiste, le MDES (mouvement de décolonisation et d’émancipation sociale). En revanche, l’ancienne députée et actuelle ministre de la Justice française, Christiane Taubira, laisse encore planer le doute sur son engagement pour son parti Walwari.
Par ailleurs, il est à noter qu’une commune de Guyane a vécu une situation exceptionnelle. En effet, seize mois après les élections municipales, Camopi (située sur le fleuve Oyapock, à l’est du territoire) n’avait toujours pas de maire. Le 12 juin 2014, le tribunal administratif a annulé la victoire de René Monerville. Le 16 novembre, il est battu par Joseph Chanel lors d’une nouvelle élection, mais, le 26 juin 2015, le Conseil d’État invalide le scrutin. Le 20 septembre, c’est finalement Joseph Chanel qui a été réélu.

ÉCONOMIE

Malgré des signes encourageants de reprise à la fin d’une année 2013 morose, l’exercice 2014 s’est avéré des plus contrastés. Quant à 2015, elle a démarré de manière inquiétante. Certes, l’activité spatiale affiche un bilan remarquable. Onze fusées ont ainsi été envoyées dans l’espace. Six lancements d’Ariane-5, quatre de Soyouz (Russie) et un de Vega (Italie). Un record sur une année qui encourage le Centre spatial guyanais a atteindre son objectif d’un lancement par mois, à court terme. D’autant que l’officialisation du programme Ariane-6 devrait permettre de galvaniser les ingénieurs et techniciens du CSG. Il s’agit néanmoins de l’un des rares motifs de satisfaction en 2014/2015.



Si le marché de l’emploi peut être considéré comme un baromètre de l’activité économique, il ne fait aucun doute que celle-ci se porte mal. En 2014, le nombre de demandeurs d’emploi approchait des 25 000. Ce qui représente un taux de chômage de près de 22 % de la population active. Les catégories d’âge les plus touchées restent, comme les années précédentes, les moins de 25 ans et les plus de 50 ans. Une situation qui n’est sans doute pas étrangère à la baisse des créations d’entreprises enregistrée en 2014, qui sont à leur niveau le plus faible depuis cinq ans. Parallèlement, le nombre d’auto-entrepreneurs est à la hausse. Un phénomène que l’Institut national de la statistique et des études économiques analyse comme étant le signe possible d’une incertitude sur le marché du travail. Une incertitude matérialisée avec force par la crise que traverse actuellement le secteur de la construction qui a connu sa pire année depuis dix ans.

Les chefs d’entreprises n’ont cessé depuis début 2014 d’exprimer leurs inquiétudes vis-à-vis de la chute de la commande publique. Celle-ci entraînant une diminution des mises en chantier de logements dans toutes les communes du département. Les salariés du secteur sont les plus touchés puisque leur nombre a baissé de plus de 7 %. De plus, la crise a un impact des plus négatifs sur les importations, par exemple le ciment (moins 17 %) ou les machines et les produits de sidérurgie (moins 42 %). En 2015, l’ensemble des organisations socio-professionnelles a participé à plusieurs manifestations de grande ampleur sur la place publique. L’État, représenté en Guyane par la préfecture, est régulièrement pressé d’honorer ses engagements en terme d’investissements financiers destinés à relancer l’économie. Comme les cinquante millions d’euros promis au titre de la LBU (ligne budgétaire unique).
Par ailleurs, d’autres secteurs comme celui de l’agriculture peinent toujours à se développer. Avec 1500 exploitants inscrits à la Chambre d’agriculture, la Guyane ne parvient pas à produire suffisamment pour satisfaire les besoins d’une population dont la croissance annuelle s’élève à 3,8 %. Par conséquent, elle dépend essentiellement des denrées importées. Comme l’indique le bilan du grand port maritime puisque 95 % du trafic global de marchandises concernent les importations.

En revanche, le transport de passagers par les airs est en hausse de 2 % en 2014 avec 446 000 voyageurs accueillis à l’aéroport Félix-Eboué. Un chiffre qui pourrait augmenter en 2015 avec l’implantation d’une compagnie brésilienne (Azul) qui assure trois rotations par semaine entre Belém et la Guyane. Un facteur qui permettra peut-être de relancer une fréquentation hôtelière en berne puisqu’elle a enregistré en 2014 son niveau le plus bas depuis 2009.

SOCIÉTÉ - SANTÉ

La Guyane n’a pas échappé au chikungunya. Toutefois, si le département est rapidement entré en phase épidémique, sa population a été nettement moins touchée que celle, par exemple, de la Martinique ou de la Guadeloupe. En effet, les autorités sanitaires ont recensé près de 10 000 cas évocateurs (72 200 en Martinique et 81 200 en Guadeloupe), mais aucun décès (83 en Martinique, 67 en Guadeloupe). La préfecture et le Conseil général ont été autorisés à utiliser un puissant insecticide, le malathion, pour lutter contre les moustiques. La pulvérisation de ce produit, interdit par l’Union européenne, a provoqué de vives protestations au sein de la population et de la part de certains scientifiques. Son utilisation n’est arrêtée qu’après cinq mois, à la suite de la publication d’un rapport démontrant sa dangerosité pour l’Homme.
Afin de lutter contre l’orpaillage clandestin, de nouvelles mesures ont été prises. Après des actions militaires destinées à évacuer les sites clandestins, la préfecture coordonne l’installation d’opérateurs miniers légaux. Une solution qui, pour l’heure, semble fonctionner. En 2013, la gendarmerie estimait à environ 15 000 le nombre de chercheurs d’or clandestins.


Un site d’orpaillage (Ph : Thomas Fetrot)

La délinquance et la criminalité demeurent des maux récurrents en Guyane. De nombreux meurtres, braquages et autres cambriolages ont émaillé les colonnes « faits-divers ». Néanmoins, le phénomène qui inquiète, car il ne cesse de prendre de l’ampleur est celui des mules. En effet, pas une semaine ne passe sans que le tribunal n’ait à examiner une quinzaine de dossiers de personnes ayant été arrêtées à l’aéroport en possession de drogue. Principalement de la cocaïne. En août, les douaniers ont interpellé 19 passeurs le même jour.

CULTURE

Le carnaval de Guyane, qui se caractérise par ses bals parés masqués, continue d’attirer de plus en plus de passionnés dans ses deux dancings, « Chez Nana » à Cayenne et « Polina  » à Matoury. Parallèlement, divers événements musicaux ont attiré plusieurs milliers de personnes, comme la 10e édition de la Summer Dance Battle à Cayenne ou le Mega Mouv de l’Ouest, à Saint-Laurent-du-Maroni. Le théâtre-école kokolampoe (Tek) a désormais pris son envol et sa compagnie, Ks and Co, a présenté comme chaque année une création originale au Festival d’Avignon. En octobre débutera la 10e édition du Kayenn Jazz Festival.

Thomas Fetrot
Journaliste pour le quotidien France-Guyane
tfetrot@gmail.com

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