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HONGRIE - Retour sur l’année 2016-2017

HONGRIE - Retour sur l’année 2016-2017

15 septembre 2016 - par Dávid Szabó 
 - © Flickr - attila schmidt
© Flickr - attila schmidt
Le Premier ministre Victor Orban et Beata Szydlo, présidente du Conseil des ministres polonais (Flickr - P. Traecz)

POLITIQUE ET ÉCONOMIE

Pour la première fois depuis 2012, le PIB hongrois est en légère diminution, non pas par rapport au début 2015 mais par rapport au dernier trimestre de l’année dernière. Même si, selon le ministre de l’Économie, Mihály Varga, il ne s’agit que d’un ralentissement temporaire, cela montre bien la fragilité de l’économie hongroise à la merci des caprices de la politique économique et financière non orthodoxe du gouvernement de Viktor Orbán. Alors que certains chiffres (inflation, chômage) sont plutôt encourageants, et Standard & Poor’s a relevé en mars, à « BB+ », sa note souveraine accordée à la Hongrie, en justifiant sa décision par des perspectives de croissance plus favorables, cette diminution du PIB pourrait s’expliquer par la baisse de régime de l’industrie automobile (Audi, Mercedes ou Suzuki ont des usines en Hongrie) et le versement plus lent que prévu des crédits des fonds structuraux européens. Car malgré son euroscepticisme marqué, le gouvernement hongrois ne peut pas se passer des fonds européens. Cette constatation rend d’autant plus surprenante la politique étrangère de Viktor Orbán qui risque d’isoler la Hongrie par rapport au « noyau dur » européen.


Les migrants, point de rupture entre les Européens (Flickr - Michael Gubi)

Il s’agit avant tout de la carte des migrants que le gouvernement joue à chaque fois que sa popularité semble baisser. Chacun se souvient naturellement de l’affaire des clôtures – à la fois inhumaines et peu efficaces – installées récemment sur les frontières méridionales de la Hongrie (bien que celle-ci ne soit pas le seul pays à en avoir construit), alors que maintenant le gouvernement Orbán prépare un référendum sur la question des quotas obligatoires de relocation de réfugiés. Ce vote, prévu pour l’automne, coûteux et légalement problématique, aurait, en partie, la fonction de cacher les scandales à répétition liés aux affaires de corruption des membres et des proches du gouvernement hongrois : petit train « touristique » sans touristes desservant le village du Premier ministre, des milliards dépensés sans contrôle quelconque par le président de la Banque centrale, le chef de cabinet d’Orbán soupçonné de fréquentations mafieuses... Les Hongrois, selon les sondages, ne sont ni plus ni moins xénophobes que la plupart des Européens, et seraient même davantage pour l’Europe que la majorité de leurs concitoyens européens, mais ils semblent avoir du mal à résister aux diverses campagnes contre les migrants financées par le gouvernement. Nous devons insister de nouveau sur la faiblesse de l’opposition démocratique hongroise sans laquelle la relative stabilité du gouvernement Orbán serait inimaginable. Pourtant cette année des manifestations importantes protestant contre l’état de l’enseignement et de la santé semblaient contenir en germe une résistance généralisée contre le système corrompu et autoritaire de Viktor Orbán. La Hongrie actuelle reste, malgré tout, une démocratie, mais c’est une démocratie fortement touchée... Notons ici le comportement ambigu du gouvernement hongrois en ce qui concerne le Brexit : l’euroscepticisme britannique semblait en effet arranger Orbán dans sa lutte contre Bruxelles par contre la sortie probable du Royaume-Uni de l’Union européenne, en éliminant un allié puissant du Premier ministre hongrois, risque d’isoler davantage la Hongrie non orthodoxe de Viktor Orbán.

ÉDUCATION

Le premier semestre 2016 aura été marqué par la réaction de mécontentement des enseignants qui ont dénoncé la mainmise du gouvernement sur l’éducation, un secteur réformé et centralisé progressivement après l’arrivée au pouvoir de Victor Orbán. Arborant des chemises à carreaux en signe de ralliement, élèves et professeurs ont protesté contre le chaos qui règne dans l’éducation nationale et les enseignants ont émis un manifeste en douze points pour répondre à cette situation d’urgence.
Ce manifeste revient sur les dysfonctionnements d’un système abusif en proposant la diminution de la charge de travail des élèves qui doivent consacrer une partie de leur temps à l’apprentissage de matières symboliques comme « la morale » au détriment des autres matières. De même, il demande de fixer le nombre d’heures obligatoires des professeurs à 22 heures (les professeurs sont actuellement obligés de rester 32 heures par semaine dans l’école, même s’ils n’ont souvent pas la place nécessaire pour pouvoir travailler). Leur tâche est rendue encore plus difficile depuis 2010 avec l’imposition des manuels aux enseignants. Ces derniers subissent en outre un système de contrôle permanent et demandent un retour à une liberté effective de travail.
D’autres ajustements phares ont été proposés pour que tous les enfants puissent profiter d’un enseignement adapté et non discriminatoire. En effet, les enfants qui ont des troubles d’apprentissage ou d’adaptation se retrouvent seuls depuis que le gouvernement a supprimé dans son essentiel le réseau de travailleurs sociaux et la ségrégation des enfants roms est croissante.
Côté enseignement du français, la situation est restée stable en Hongrie. N’oublions pas de mentionner l’annuelle Université d’été à destination d’une centaine d’enseignants de français, qui se pérennise avec la tenue de sa cinquième édition du 4 au 8 juillet 2016 au Département d’Études Françaises de l’Université d’ELTE, au Centre Interuniversitaire d’Etudes Françaises et à l’Institut français en Hongrie, en partenariat avec l’Association Hongroise des Enseignants de Français. Notons que sur les 104 participants de cette année, un tiers venait des autres pays dits de Visegrád (République tchèque, Pologne et Slovaquie) ainsi que de Roumanie et de Serbie. L’Université d’été de Budapest prend une dimension internationale qui se renforce au fil des années.

CULTURE

La culture francophone en Hongrie est surtout représentée lors du Festival de la Francophonie au mois de mars, avec le soutien du ministère des Affaires étrangères et celui des Ressources humaines, qui ont accordé leur confiance à cet événement regroupant diverses manifestations de grande envergure sur l’ensemble du territoire. Plusieurs orientations sont à souligner pour cette 16e édition.
Tout d’abord le Festival des Journées du Film Francophone (JFF) ne désemplit pas à Budapest comme dans les 10 autres villes de province participantes. La sélection de 31 longs-métrages, combinant des films destinés au grand public et des films d’art et d’essai (dont 8 avant-premières), a rassemblé plus de 10 000 spectateurs venus apprécier les films proposés par les 6 ambassades partenaires (Belgique, Canada, France, Grèce, Suisse, Roumanie).
La musique était également à l’honneur avec le concert du duo franco-suisse Le Carrousel et des concerts de musique classique à l’instar du récital de Patrick Fayad organisé en collaboration avec l’ambassade du Liban ou les concerts des violoncellistes Didier Levallet et d’Andrei Kivu et du pianiste Mara Dobresco.
L’exposition Vasarely, sérigraphies et multiples au musée des Beaux-arts de Budapest a ensuite pris la route de Balatonfüred où elle est présentée tout l’été.
N’oublions pas de souligner par ailleurs l’importance des concours nationaux organisés à l’intention des apprenants de français et qui permettent à certains de gagner des voyages dans des pays francophones (Belgique, Égypte, France, Suisse) : Journée de simulation de débat OIF au Lycée bilingue Kölcsey Ferenc, Grande Dictée francophone du Centre Interuniversitaire d’Études Françaises, concours de karaoké, etc.

"Le nu assis à la chemise" - Modigliani

Enfin, nous pouvons ajouter qu’outre le mois de la francophonie, les événements se multiplient à Budapest. La Galerie Nationale a l’honneur d’accueillir une rétrospective exceptionnelle consacrée à l’œuvre de l’Italien Amedeo Modigliani (1884–1920) et présente une extraordinaire sélection de visages et de portraits réalisés par Picasso en coopération avec le musée Picasso de Paris.
Du côté des divertissements, les concerts se succèdent à l’image de ceux de Zaz et de Lara Fabian à Budapest et de la soirée de la Fête nationale française qui verra se produire, entre autres, la chanteuse hongroise Boggie (qui a participé au Concours de l’Eurovision il y a deux ans) et l’Institut français est partenaire du Budapest Rooftop Cinema qui présente une sélection originale de comédies estivales.


Sources :
Központi Statisztikai Hivatal (Bureau central des Statistiques de Hongrie)
http://ambafrance-hu.org (site de l’Ambassade de France en Hongrie)
hvg.hu
index.hu
origo.hu


Géographie
La République de Hongrie est un pays d’Europe centrale, entouré par l’Autriche, la Slovaquie, l’Ukraine, la Roumanie, la Serbie, la Croatie et la Slovénie.

Histoire
Vers 896 Arrivée des Hongrois dans le bassin des Carpates
1000 Couronnement d’Étienne Ier, premier roi chrétien
1458-90 Épanouissement de l’humanisme et de la Renaissance sous le règne du roi Matthias
1526 L’armée hongroise est écrasée par les Turcs à Mohács, le pays perd progressivement son indépendance au profit des Habsbourg et de l’empire ottoman
1686-99 Toute la Hongrie tombe sous domination autrichienne
1848-49 Révolution et guerre d’indépendance écrasées par l’Autriche avec l’aide du tsar russe
1867 Création de la monarchie austro-hongroise
1920 Deux tiers de son territoire sont enlevés à la Hongrie par le traité de Trianon
1947-49 Le parti communiste prend progressivement le pouvoir
1956 Les « événements de Budapest », révolte écrasée par l’armée rouge
1958 Exécution de l’ancien premier ministre Imre Nagy
1963-88 Libéralisation progressive du régime communiste
1989 Chute du régime communiste, proclamation de la République de Hongrie
1999 La Hongrie joint les rangs de l’OTAN
2004 La Hongrie entre dans l’UE et intègre l’OIF comme état observateur

Dávid Szabó
Directeur du Centre inter-universitaire d’études françaises
Université Eötvös Loránd Budapest
dszabo@ludens.elte.hu

Avec le concours d’Olivier Dubert
Directeur adjoint du CIEF


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