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LAOS - Retour sur l’année 2016-2017

LAOS - Retour sur l’année 2016-2017

Pays enregistrant une population autour de 7 millions, le Laos est un pays pauvre dirigé par un État à parti unique communiste et sans opposition politique. Le pays a connu une année 2016 plutôt dynamique sur le plan politique et économique, notamment avec la tenue du Sommet de l’ASEAN et le défilé de nombreux chefs d’état de la sous-région et même, pour une première, le chef d’état américain.

POLITIQUE

Visite du président américain Barack Obama
L’actualité politique au Laos est marquée par la visite du président américain sortant, Barack Obama, à l’occasion du Sommet annuel de l’ASEAN qui se tenait à Ventiane la capitale, du 7 au 9 septembre 2016. Parallèlement à sa participation aux activités du sommet, le premier président américain en exercice à avoir visité le Laos a aussi tenu à faire une allocution d’excuses aux Laotiens blessés. En effet, lors des bombardements répétés de 1964 à 1973, des millions de tonnes de missiles américains largués de façon continue sur les populations laotiennes lors de la guerre du Vietnam. A cet effet, et dans la continuité de ce que ses secrétaires d’État ont déjà accompli, une aide financière de 90 millions de dollars a été promise par le chef d’état américain au gouvernement laotien en vue de soutenir victimes et de poursuivre les opérations de déminage. Barack Obama a ainsi marqué une seconde fois l’actualité laotienne lors de cette dernière tournée asiatique. Cependant, la visite de Barack Obama, qui succède à celle de la secrétaire d’État Hillary Clinton effectuée en 2014, et celle de John Kerry cette même année 2016, est interprétée par certains analystes comme une tentative de rapprochement du géant américain en territoire asiatique. Cette stratégie servirait d’une part à contrer la Chine, principal investisseur économique dans la région, mais aussi la Corée du Nord, sur un plan militaire. Dans cette logique, Barack Obama aurait également demandé à rencontrer les jeunes laotiens à une conférence organisée en leur honneur, bien que cela ait été boudé par les autorités étatiques.


Le président américain face à de jeunes entrepreneurs lors de sa venue au Laos (Ph : USAID Asia)

Visite du secrétaire d’État américain John Kerry
En début d’année, soit en janvier 2016, c’était au secrétaire d’État américain, John Kerry, de se rendre à Vientiane. Depuis 1955, il s’agissait de la troisième visite d’un chef de la diplomatie américaine après celles de John Foster Dulles et de Hillary Clinton en 2012. Après des décennies d’une relation très difficile entre Vientiane et Washington, due au soutien américain à la minorité ethnique des Hmongs qui avaient combattu aux côtés des forces américaines, on peut parler d’un véritable jalon de la relation bilatérale entre le Laos et les États-Unis.
Lors de sa visite, John Kerry s’est félicité du renforcement des relations économiques et politiques entre les deux pays. Il a aussi évoqué la question des bombes non explosées au Laos, et du projet de déminage qui sera financé sur le long terme par les États-Unis. Sans nul doute, Washington démontre ainsi sa volonté de faire du Laos le « pivot vers l’Asie », en s’appuyant sur une ASEAN unifiée pour pouvoir contrebalancer le poids économique et politique de la Chine dans la zone Asie-Pacifique.

Le but de la présence de John Kerry était la préparation du Sommet de Sunnylands, en Californie, tenu les 15 et 16 février. On comprend que l’agenda « Asie-du-sud-Est » du président américain Barack Obama se mettait déjà en œuvre en début d’année, puisqu’il rencontrait l’ensemble des dirigeants des dix pays membres de l’ASEAN à cet effet sur le sol américain.

Présidence de l’ASEAN
Cette année 2016, Vientiane assure la présidence tournante de l’ASEAN et en accueille le sommet. Le rôle de la présidence de l’ASEAN se résume à celui de coordinateur et d’hôte pour la tenue des sommets. La capacité du Laos à assurer cette présidence suscite un débat. En effet, du fait de sa dépendance significative à la Chine, un doute plane sur son impartialité face à deux questions principales soulevées cette année en Asie du Sud-est. Il s’agit, entre autres, du conflit territorial en mer de Chine méridionale et des conséquences de la sécheresse dans la région du Mékong.

Le conflit territorial en mer de Chine méridionale fait l’objet d’un arbitrage devant le Tribunal de La Haye qui statuera en juin 2016 sur l’argument des Philippines, car le dernier pays conteste la validité de la ligne en neuf traits (ou « langue de bœuf ») que revendique la Chine en mer de Chine méridionale. La Chine a déjà décrété son refus de participer à la procédure d’arbitrage et clairement annoncé qu’elle ne reconnaîtra aucune décision rendue par La Haye. Si le Tribunal se prononce en faveur des Philippines, la question pour l’ASEAN sera de décider de soutenir ou non les Philippines dans leur tentative d’appliquer cette décision contre la Chine. Si le Laos cède à la pression chinoise sur la ligne en neuf traits, l’ASEAN fera probablement face à une division interne destructrice.

Quant à la sécheresse qui sévit actuellement dans la région du Mékong, les barrages de Don Sahong et Xayaburi comptent parmi les plus controversés des 70 nouveaux projets qui devraient être opérationnels d’ici 2030. Les intérêts de Vientiane dans l’hydroélectrique mettent un doute sur sa capacité à traiter le problème de la sécheresse avec impartialité.

Enfin, le Laos est connu pour être un terrain difficile pour la société civile et les journalistes (locaux et étrangers). La liberté d’expression fait l’objet de restrictions importantes. Ainsi s’est posé le problème d’accès suffisant des médias internationaux en vue de la couverture des nombreuses réunions de l’ASEAN à Vientiane. Déjà, le gouvernement avait refusé d’accepter le Forum des Peuples de l’ASEAN au Sommet, démontrant toujours une main mise et un autoritarisme à peine caché. Les raisons avancées semblent avoir été le manque de temps de préparation, l’insuffisance de fonds et la problématique de sécurité des militants. La question du militantisme de la société civile et celles des droits de l’Homme reste épineuse, surtout depuis la disparition à Vientiane, en décembre 2012, de Sombath Somphone. Malgré les pressions internationales, les autorités ont jusqu’à présent refusé de mener une enquête indépendante et crédible sur sa disparition.

Un nouveau dirigeant du Parti populaire révolutionnaire lao (PPRL)
Lors du Xème congrès quinquennal, tenu du 18 au 22 janvier 2016, le Parti populaire révolutionnaire lao (PPRL) a procédé au renouvellement de son Comité central (69 membres) et de ses 11 membres siégeant au Bureau politique. En avril 2016, après l’élection de l’Assemblée nationale en mars dernier, Bougnang Vorachit, l’ancien vice-président, a été désigné président de la République et Thoungloun Sisoulith, Premier ministre. Bougnang Vorachit succède ainsi à Choummaly Sayasone qui a démissionné après dix ans au pouvoir. Décrit comme étant un loyaliste, un ancien révolutionnaire et un fin politicien. Le doute plane cependant sur la capacité de Bougnang Vorachith à faire changer les choses au Laos.


Quelles perspectives pour le Laos ? (Ph : Flickr - Björn Berchstein)

ÉCONOMIE

PIB toujours en croissance, mais secteur public instable
Depuis 2014, le taux de pauvreté du Laos a considérablement baissé (de plus de 10 %), témoignant de la croissance de son économie. Le PIB par habitant a considérablement augmenté ; de même les investissements dans le secteur bancaire vont grandissant dans le secteur privé. On recense une quarantaine de banques dont une dizaine créées depuis 2013. Néanmoins, les finances du secteur public sont en moins bonne santé : on dénonce une problématique de redressement structurel malgré l’accroissement des recettes fiscales depuis 2013 (Lecorre et Chatignoux, 2016) (1). Ceci pourrait jeter le doute sur la stabilité du secteur économique dans son ensemble, puisque la surtaxation et les demandes anticipées de payement aux entreprises privées par le gouvernement pourraient entretenir à long terme une situation de crise.
Le Congrès de l’ASEAN a également adopté le 8e plan national de développement socio-économique (2016-2020). Ce plan vise la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et la sortie du Laos de la catégorie des Pays Moins Avancés (PMA) à l’horizon 2020. D’après les données de la banque mondiale, 23 % des près de 7 millions de Laotiens vivent sous le seuil de pauvreté. En conséquence, le Laos mettrait l’accent sur le maintien de la stabilité politique, la poursuite de la croissance économique, la lutte contre la corruption, la réduction de la pauvreté et l’amélioration de l’accès à l’éducation et aux soins à l’ensemble de la population. En plus, les estimations officielles indiquent que le pays pourrait maintenir une croissance annuelle d’au moins 7,5 % et mobiliser 27 Mds USD (soit 30 % du PIB).

CULTURE

Cette année 2016, l’Université Nationale du Laos, à travers son département des Lettres françaises, s’est associée à l’Agence Universitaire de la Francophonie (bureau Asie-Pacifique) pour organiser sa première université d’été qui s’est tenue du 25 au 29 juillet 2016. Le thème était « Patrimoine culturel du Laos ». La rencontre a permis à 40 étudiants francophones venus du Cambodge, de la Chine, de la Thaïlande, du Vietnam et du Laos d’améliorer leurs compétences en langue française tout en de découvrant les caractéristiques de la culture laotienne (les monuments historiques, la cuisine traditionnelle et l’artisanat).

Précédemment au mois de juin 2016, l’Université Nationale du Laos, en collaboration avec l’AUF, l’Ambassade de France au Laos et le réseau de coopération français a célébré la Fête de la Musique par l’organisation de trois rencontres musicales dont un quiz musical francophone entre artistes et étudiants, ainsi qu’un concert de chansons françaises (reprises de chansons d’Alain Souchon, de Francis Cabrel, de Noir Désir, etc), tenu à la résidence de l’Ambassadeur de France au Laos. Les invités ont pris part aux festivités de bon cœur, en témoigne l’interprétation par Khouanta Phalivong, directeur général du département Europe-Amérique du ministère laotien des Affaires étrangères, de la chanson «  Aline » de Christophe.


L’interprétation par Khouanta Phalivong, directeur général du département Europe-Amérique du ministère laotien des Affaires étrangères, de la chanson « Aline » de Christophe (Ph : aimalement prêtée par les auteures)

Marie Thérèse Abogo
Docteure en anthropologie
marie-therese.atsena-abogo.1@ulaval.ca
Rosalie Sagna
Docteure en sociologie
mrsagna@yahoo.fr

Photo du logo : Flickr - Khan Hmoong

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