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ALBANIE - Retour sur l’année 2016-2017

ALBANIE - Retour sur l’année 2016-2017

15 septembre 2016 - par Alba Frasheri 
 - © Flickr - Julian Buijzen
© Flickr - Julian Buijzen

POLITIQUE

La période juin 2015 - juin 2016 est caractérisée par de nombreuses réformes entreprises dans le cadre de la lutte contre la corruption, le crime organisé et le système judiciaire en Albanie. Le gouvernement devait redoubler d’efforts et entreprendre des actions plus résolues pour dépolitiser le fonctionnement du système judiciaire et éviter toute ingérence politique dans le fonctionnement de ce système. Pour atteindre cet objectif, le parlement albanais a adopté mi-décembre une loi sur la décriminalisation de la politique, empêchant l’élection à toute fonction publique de personnes ayant un passé ou des activités criminelles ou de celles impliquées dans des affaires de corruption. Même si l’application de cette loi avait été bloquée depuis plusieurs semaines en raison de désaccords au parlement sur des amendements constitutionnels et des décrets qui permettraient sa mise en œuvre, sa publication au journal officiel a enfin vu le jour.


Le dossier européen est toujours sur le haut de la pile ! Edi Rama reçoit Federica Mogherini, commissaire aux Affaires extérieures (Ph : Service des actions extérieures)

Bruxelles reproche depuis longtemps à l’Albanie son système judiciaire vieillissant et clientéliste, en proie à la corruption. Ainsi, une réforme profonde est exigée afin de rapprocher l’Albanie et l’Union européenne espérant l’ouverture des négociations d’adhésion avant la fin d’année.
Pour que le processus de réforme soit le plus démocratique et le plus ouvert possible, la Commission de Venise - un organe consultatif du Conseil de l’Europe sur les questions constitutionnelles - est chargée de surveiller et d’examiner le projet de loi rédigé par des experts judiciaires albanais assistés de leurs collègues étrangers.

Alors que le texte était prêt à passer au parlement, l’opposition démocrate dénonça un manque de consensus politique affirmant que le projet de loi favorisait les socialistes au pouvoir et rejetant ainsi plusieurs solutions proposées. Les points les plus complexes et les plus contestés sont justement ceux portant sur la nomination de certains membres de la Cour constitutionnelle, des membres du Conseil judiciaire et du parquet. Même le Mouvement pour l’Intégration, pourtant en coalition avec les socialistes, a refusé le texte élaboré par ces derniers et conseillé le consensus politique. Une décision saluée par l’opposition démocrate. Alors que le 21 juillet - le jour fixé dans le calendrier du parlement pour l’adoption du texte - s’approche à grands pas, il ne reste plus qu’à espérer une coopération fructueuse des forces politiques pour réaliser cette réforme cruciale et tellement attendue pour le pays.


L’Albanie, côté détente ! (Ph : Flickr - Tomasz Lewicki)

ÉCONOMIE

L’année 2015 a été marquée par une croissance de 2,6 %, la meilleure croissance depuis les trois dernières années. Un tel résultat est dû surtout à l’investissement et l’exportation nette de biens et services. Même le secteur de la construction et celui de l’industrie manufacturière ont contribué à cette croissance. Celle-ci a été amplifiée par la politique accommodante conduite par la Banque centrale, dont le taux directeur a été abaissé à 1,25 % en mai 2016. (selon la Commission européenne)
Le gouvernement s’engage à mettre en œuvre le programme économique préparé en coopération avec le FMI grâce auquel le pays a bénéficié de prêts de cette institution et de la Banque Mondiale. Ce programme vise surtout la réduction du déficit, de la dette publique et le règlement des arriérés de paiement de l’État. Comme prévu, en 2015, le déficit a atteint 4 % du PIB. Selon les prévisions du gouvernement, la croissance économique pour l’année 2016 devrait atteindre 3.4 %, mais les chiffres du début de l’année ne laissent espérer qu’à 3.2 %. L’investissement public est passé à 5 % du PIB.

Le secteur des services présente un poids particulier en Albanie. C’est le secteur qui domine l’élargissement de l’activité économique du pays surtout pendant le premier trimestre de 2016 représentant 51 % de la valeur ajoutée. Ce secteur emploie plus du tiers de la population active. Le tourisme, la téléphonie, le secteur bancaire et de l’assurance sont en plein essor. Selon les prévisions de la Banque Mondiale, pour les années à venir, le secteur des télécommunications, de l’énergie, des minerais et des équipements médicaux sont appelés à se développer et offrent des opportunités.
L’agriculture contribue à un peu moins du quart du PIB albanais et emploie plus de 44 % de la population active. En Albanie le secteur agraire souffre de petites exploitations de subsistance qui sont peu compétitives, de l’absence d’investissements modernes, de problème de propriété, ce qui entraine une production assez faible par rapport aux potentialités du secteur.


Le musée Historique National de Tirana (Ph : Flickr - paula soler-moya)

CULTURE

L’Ambassade de France a toujours été présente dans l’organisation des activités culturelles en Albanie ayant toujours l’objectif de créer un pont culturel entre les deux pays. Ainsi, l’ACASAlbanian Contemporarly Artist Salon, organisé par l’Ambassade de France et le ministère de la Culture, a eu lieu dans la galerie d’exposition du musée Historique National de Tirana du 1er au 9 novembre 2015. La sélection des artistes participants au Salon a eu lieu à Tirana et a été effectué par un jury indépendant de professionnels de l’art : Christine Macel, conservatrice en chef du Centre Pompidou ; Alicia Knock, conservatrice au Centre Pompidou et l’artiste français Saâdane Afif. Cette sélection reflète la vivacité et la diversité de la scène artistique albanaise et l’ensemble des pratiques actuelles est représenté, de la peinture au dessin, de l’installation à la vidéo et au film. Plusieurs artistes albanais qui ont participé à l’ACAS comme Endri Dani, Klodian Deda, Arbër Elezi, Yllka Gjollesha, Ilir Kaso, Greta Pllana, etc. ont été appréciés par le public.


Une certaine douceur de vivre... (Ph : Flickr - Eser Aygün)

Une autre exposition « Fenêtre ouverte sur le littoral albanais » - Festival du film de l’Environnement à Tirana - est le fruit d’une coopération entre le Conservatoire national du littoral français et l’Agence nationale du littoral albanaise. Elle consacre l’engagement du Conservatoire pour la préservation du littoral et le travail remarquable qui a été réalisé permettant l’accès au public albanais à l’un des trésors de la côte albanaise : l’ile de Sazan. L’exposition est constituée de 20 photographies du littoral albanais qui sont exposées au musée National, puis au centre de Tirana, pour être vues par le grand public. Ces photographies révèlent la beauté du littoral, mais également l’équilibre fragile de ces espaces naturels qui nécessitent une protection renforcée.

Dans le cadre du Printemps de la Francophonie, l’Alliance française de Tirana en partenariat avec le journal Courrier International et le Centre pour l’Ouverture et le Dialogue (COD) ont ouvert l’exposition « Dessins de libertés » qui vise à susciter le débat autour de la question de la liberté d’expression, ainsi que la manière dont la liberté de la presse s’exerce de nos jours. L’exposition « Dessins en liberté » est composée de 12 panneaux de dessins de presse réalisés par près de 50 dessinateurs du monde entier. Chaque panneau est consacré à une thématique précise de la liberté d’expression : censure, internet, corruption, droits des femmes, rébellions, climat, sport, racisme, etc. Les dessins, réalisés par des dessinateurs de 45 nationalités différentes, ont tous été publiés dans des titres de presse locaux. Tout en faisant écho aux attaques contre Charlie Hebdo en janvier 2015, cette exposition propose en illustrant la manière dont la liberté d’expression s’exerce effectivement aujourd’hui sur tous les continents.

Une fascinante collection de plus de 100 000 photos réalisées par le studio Marubi

Le 9 mai à Tirana, après un long travail minutieux, a ouvert les portes le musée National de la Photographie Marubi, qui abrite une fascinante collection de plus de 100 000 photos réalisées par le studio Marubi (1858-1940), un trésor précieux, mais tragiquement ignoré, comme l’a exprimé le Premier ministre Edi Rama le jour de son inauguration. Son histoire débute avec l’italien Pietro Marubi (1834-1905), un artiste connu, peintre et sculpteur qui, échappant à la répression en Italie, trouve refuge à Shkodra en 1850 où il albanise son prénom en Pjetër. Attiré par la photographie, il fonde là-bas le studio Foto Marubi et lui consacre sa vie. Trois générations se sont succédé formant ainsi la dynastie Marubi. Dans leur studio, toute la société albanaise prend la pose devant des décors peints : mendiants, artisans, intellectuels, hommes politiques, et jusqu’à la cour du roi Zog. Le décor est toujours le même : une toile peinte avec arbres et feuillage. Certaines de ses photos sont même publiées dans les grands journaux comme L’Illustration en France. Après la guerre, le successeur des Marubi, Gegë Marubi, n’accepte pas de travailler pour le régime communiste. Ainsi, il devient archiviste et conservateur de l’œuvre des trois générations. En 1970, il a cédé cette collection à l’État qui a créé par la suite la photothèque Marubi de Shkodra. Depuis 1994, l’institution a reçu l’aide de l’UNESCO et de l’association française Patrimoine sans frontière afin de préserver la collection. Une trentaine des plus belles photos de la collection sont exposées dans le hall de la photothèque. Toutes sont légendées en français et en italien.

SPORT

Pour la première fois dans l’histoire du football, l’équipe albanaise réalise son rêve : participer à l’Euro 2016. Le football en Albanie est un sport populaire même si pendant le régime communiste l’équipe, qui comptait quelques joueurs de talent, n’avait jamais réussi à se qualifier pour une Coupe du monde ou un Euro. Actuellement, avec l’entraineur italien Gianni de Biasi, le rêve devient réalité : l’Albanie termine la deuxième de son groupe, derrière le Portugal, en phase de qualification. La reconstruction de l’équipe albanaise par De Biasi est axée sur sa faiblesse en défense. Lors du premier match contre la Suisse, elle avait encaissé un but dès la 6e minute, puis perdu son défenseur et capitaine Lorik Cana, expulsé, avant la mi-temps. Malgré cela, elle est parvenue à limiter les dégâts et aurait même mérité d’égaliser en fin de match, quand Gashi se retrouva seul face au gardien Yann Sommer. À Marseille contre la France, l’Albanie a joué, malgré la défaite (2-0), l’un des meilleurs matches du championnat, ne permettant jamais aux Français de mettre en danger son gardien Berisha, maintenant un résultat 0-0 jusqu’à la 89e minute de jeu et en jouant d’égal à égal contre une équipe possédant pourtant des joueurs de renommée mondiale. Malgré les deux défaites, l’équipe n’est toujours pas résignée et pendant le match contre la Roumanie ses efforts se sont récompensés avec le but marqué par le défenseur Sadiku. Même s’ils ne sont pas qualifiés pour les huitièmes de finale, les Albanais ont applaudi leur équipe qui a joué d’une manière limpide face à des adversaires importants.


Une équipe de football fière de son parcours (Ph : aimablement prêtée par l’auteur)

BIBLIOGRAPHIE
Presse locale
http://www.aftirana.org
http://minfin.altirana.com
http://www.ata.gov.al
http://ec.europa.eu/index_fr.htm

Alba Frasheri
Enseignante à l’Université de Tirana
Faculté des Langues étrangères
afrasheri@hotmail.com

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