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Almany Maliki Yattara et Bernard Salvaing

Almany Maliki Yattara et Bernard Salvaing

Une jeunesse sur les rives du fleuve Niger (publié en décembre 2003 - Editions P.O.L)
15 octobre 2009 - par Arnaud Galy 

Extraits

Je vais d’abord faire une digression sur la fabrication des marmites en terre cuite, car pendant longtemps le peuple malien n’a pas connu les marmites en métal, il ne connaissait que les ustensiles de cuisine en terre cuite, en calebasse ou en bois. Pour puiser de l’eau, pour la conserver dans un récipient, il n’y avait que les outres en peau et les canaris.

Pour fabriquer nos marmites, il fallait d’abord préparer la terre : on réduisait en poudre de la terre argileuse sèche, et on procédait de même avec de vieilles poteries cassées qu’on pilait dans un mortier ; une fois tamisée, cette poudre était mélangée à l’argile et on versait doucement de l’eau pour en faire une pâte. On renforçait cette pâte en lui incorporant encore d’autres débris de poteries pilés et réduits en poudre, et on piétinait jusqu’à ce que l’on obtienne un mélange homogène. Lorsque celui-ci était resté exposé au vent pendant une heure, la terre était prête. Si on voulait une marmite à sauce, on prenait une quantité de terre équivalente à un ballon. Si on voulait une marmite pour la cuisine, on prenait l’équivalent d’un grand ballon(...)
Ensuite on faisait bien sécher les marmites dans une chambre sans lumière et bien fermée. Si on s’aperçoit qu’il entre de l’air on ferme la porte, on bouche le trou ou les fenêtres. On peut préparer une quinzaine de pièce dans la journée. Elles mettent entre quelques jours et une semaine pour sécher.

Puis on fait sortir les marmites et on cherche de l’ocre blanc et de l’ocre rouge pour les orner de dessins variés. On trace le dessin avec des plumes de poulets trempées dans l’ocre blanc. Ensuite on prend de l’ocre rouge et on fait le dessin au milieu(...)

(…) Ensuite on attend que l’ocre et les dessins soient secs. On expose toute la journée les poteries en plein soleil, à un moment où il n’y a pas beaucoup de vent. Pendant ce temps on achète du bois sec et des herbes sèches, qu’on apporte derrière le village. On creuse un trou peu profond mais large, et on le remplit jusqu’au niveau du sol d’herbes sèches et de bouses de vache. On dispose le bois au dessus, puis les canaris, les marmites et les gargoulettes de toutes les formes. On les empile les unes sur les autres et on recouvre complètement le tas de poteries d’herbes sèches et de bois sec, en prenant mille précautions pour qu’elles ne cassent pas. A la fin l’air ne peut plus passer et personne ne voit plus rien du tout.

Avec de l’herbe sèche et du coton, on met alors le feu de tous côtés et le tout s’embrase lorsque le vent souffle (…)

Ségou - Mali
Le four des potières de Kalabougou

En général on allumait le feu vers le soir, on le laissait allumé toute la nuit et toute la journée du lendemain. Ce n’est que le troisième jour, quand le feu avait beaucoup diminué en intensité, qu’on le laissait s’éteindre tranquillement. Il n’y avait plus qu’à déterrer sous les cendres les canaris rouges, les marmites et les gargoulettes. Ah que cette poterie était jolie !

Almany Maliki Yattara et Bernard Salvaing

Une jeunesse sur les rives du fleuve Niger

Pages 257 et 259

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