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ARMENIE - Retour sur l’année 2017

ARMENIE - Retour sur l’année 2017

16 décembre 2017 - par Lusine Nalbandyan 
 - © Flickr - Sark Derderian
© Flickr - Sark Derderian

POLITIQUE

Dès 2018, l’Arménie passera du régime semi-présidentiel au régime parlementaire. Ce changement majeur de la vie politique a été entamé dès 2015. D’abord un référendum constitutionnel sur la transformation de la constitution a eu lieu le 6 décembre 2015 et, selon les données de la Commission électorale centrale, le « oui » a été soutenu par 63,3 % d’électeurs. En conformité avec les amendements constitutionnels, le référendum supprime l’élection présidentielle au suffrage universel, le président de la République est désormais élu par l’Assemblée nationale, et son mandat est allongé de 5 ans à 7 ans. Le président de la République perd également son statut de commandant des armées au profit du Premier ministre. Enfin, le nombre de sièges à l’Assemblée nationale passe de 131 à 101. Dans la République d’Arménie parlementaire, il est prévu de diminuer les pouvoirs de l’exécutif et d’accroître ceux du Parlement. L’un des événements politiques importants de l’année 2017 a été les premières élections législatives après les amendements constitutionnels. Le nombre de sièges à l’Assemblée nationale étant réduit à 101, quatre partis et coalitions ont franchi le quorum nécessaire pour une représentation parlementaire, dont le Parti républicain d’Arménie, qui a conservé la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Une grande importance a été également accordée à la représentation des minorités nationales au Parlement, donc quatre sièges ont été réservés aux yézidis, Russes, Assyriens, Kurdes.

34e session de la Conférence Ministérielle de la Francophonie à Paris - Ph : Site du Ministère des Affaires étrangères d’Arménie

La diplomatie arménienne a connu de nombreux succès au cours de l’année 2017. Lors de sa visite à Bruxelles, au mois de février le président de la République d’Arménie, Serzh Sargsyan, a annoncé la finalisation des négociations avec l’UE sur l’Accord de partenariat complet et renforcé entre l’Arménie et l’Union européenne. Il est à noter que l’Arménie est liée à l’UE par un Accord de partenariat et de coopération signé en 1996. Elle a signé en 2006 un plan d’action dans le cadre de la politique de voisinage. Depuis 2009, l’Arménie est membre du Partenariat oriental de l’UE, et e 2016 l’Arménie a conclu les négociations pour un nouvel accord-cadre avec l’UE. Le premier pas définitif vers l’approfondissement de l’intégration de l’accord a été le paraphe de l’Accord. Bien entendu, la signature était la suite logique du processus d’intégration, même s’il y avait pas mal de prédictions sceptiques qui se basaient sur le fait de l’adhésion de l’Arménie à l’Union économique eurasienne. Pourtant l’engagement commun et la détermination de renforcer la coopération de deux côtés ont abouti à la signature de l’Accord de partenariat complet et renforcé, qui est qualifié d‘être ambitieux.

Les lecteurs de l’Agora Francophone seront particulièrement intéressés par les informations dévoilées sur le prochain Sommet de la Francophonie. Il est reconnu, qu’en 2018 l’Arménie aura l’honneur d’accueillir le XVIIe Sommet de la Francophonie, qui s’approche à grands pas. Cette décision importante a été prise à l’issue du Sommet de Madagascar, où les Chefs d’État et de gouvernement ont désigné les pays hôtes des deux prochains Sommets de la Francophonie. Au cours de la 34e session de la Conférence Ministérielle de la Francophonie, tenue le 24 et 25 novembre 2017 à Paris, le déroulement des travaux préparatoires du prochain Sommet a été présenté en détail. Le ministre des Affaires étrangères d’Arménie, Edward Nalbandian, a soumis à l’approbation des participants de la Conférence les dates des sessions des instances de l’Organisation, le symbole du Sommet, le slogan et les thèmes principaux des discussions. Ainsi, le XVIIe Sommet de la Francophonie se déroulera le 11 et 12 octobre 2018 sous le slogan « Vivre ensemble ». L’Arménie a également assumé la présidence de la Conférence Ministérielle de la Francophonie qui aura lieu le 8 et 9 octobre, à Erevan.

Parmi les événements importants de l’année 2017, il est à noter le 6e Forum Arménie- Diaspora, tenu à Erevan, avec la participation de plus de 1 800 Arméniens, venus de 70 pays. Bien entendu, le nombre des Arméniens de la diaspora, dispersés dans les 4 coins du monde, peut paraître étonnant, voire exagéré, pour les étrangers, pourtant c’est la réalité. La diaspora arménienne est apparue encore plus tôt que le génocide arménien, mais elle a surtout pris d’ampleur à la suite aux massacres de 1914. Certains des rescapés du génocide arménien ont réussi à s’enfuir et s’installer dans différents pays du monde. Peu à peu, de fortes communautés arméniennes se sont formées partout dans le monde. Elles font face, pourtant, à un défi important relatif à la protection de l’identité arménienne, sans rester à part du procès d’intégration.

Naturellement, il est nécessaire de s’adapter et de respecter la société et le pays qui les ont accueillis à a suite au génocide, pourtant il est important de garder à l’esprit que l’intégration ne signifie pas forcément assimilation. Donc, les Arméniens de la diaspora cherchent à garder leur « arménieneté » et malgré la distance et le confort, ce qui est surtout difficile, mais pas impossible pour la troisième ou quatrième génération post-génocide. La Diaspora est prête à apporter son soutien au développement et à l’essor de la patrie. Ainsi, la conférence annuelle Arménie-Diaspora, offre la possibilité pour les Arméniens vivant dans le territoire de la République d’Arménie et ceux de la diaspora de discuter des défis, des problèmes et des préoccupations des Arméniens et essayer de trouver des solutions, se basant sur les valeurs communes et la confiance mutuelle, qui était le titre de la conférence de cette année.

CULTURE-SCIENCE

Signalons quelques événements culturels de 2017. La première du ballet « La Bohème » dédié à Charles Aznavour a eu lieu au Théâtre National de l’Opéra et du Ballet Alexander Spendiarian d’Erevan, le 29 mai dernier. Le chanteur franco-arménien éminent, dont la vie et l’œuvre étaient au cœur du ballet, était présent lors de la première. Les chansons populaires d’Aznavour comme « Je m’voyais déjà », « Les comédiens », « Formidable », « Pour faire une jam », « Je t’attends » et « La bohème », les décorations scéniques impressionnantes, l’apparence et l’artistisme des danseurs ont su assurer le succès du ballet.


Première du ballet ’’La Bohème’’ au Théâtre National de l’Opéra et du Ballet Alexander Spendiarian d’Erévan - Ph : Page FB officielle du Théâtre National de l’Opéra et du Ballet Alexander Spendiarian

Exposition des œuvres de Hovhannès Aïvazovski à Erevan - Ph : Panorama.am

À l’occasion du 200e anniversaire de la naissance du peintre des marines Hovhannès Aïvazovski, la Galerie Nationale d’Arménie à Erevan présente depuis le 15 septembre une exposition des œuvres du peintre. Russe d’origine arménienne, il est largement connu et apprécié pour son incroyable talent de traduire le reflet du ciel, les mouvements, la transparence, le caractère de la mer. L’exposition porte le titre de l’un des œuvres mondialement connu du peintre, « La création du monde ». Peint à l’âge de 25 ans, le tableau lui a apporté la médaille d’or à l’exposition de Rome en 1840. Aïvazovski a écrit plus tard que sa source d’inspiration a été le premier verset du livre de la Genèse : «  La terre était comme un grand vide, l’obscurité couvrait l’océan primitif. Le souffle de Dieu se déplaçait à la surface de l’eau ». Le tableau fabuleux a été prêté par la Congrégation des pères mékhitaristes, un ordre monastique catholique arménien fondé par Mékhitar de Sébaste en 1700. L’exposition sera ouverte jusqu’au 15 janvier 2018.

La sortie de « Celui qu’on attendait », une comédie franco-arménienne, s’est tenue en 2017 à Erevan. Après sa sortie en France en juin 2016, la première du film de Serge Avedikian a eu lieu le en 2017 à Khachik, un village de Vayots Dzor, où le film a été tourné. La comédie raconte l’histoire d’un acteur français, Patrick Chesnais, perdu dans un village arménien, où il est perçu, à sa grande surprise, comme un sauveur tant attendu. Incapable de comprendre ce qu’on lui dit et de faire entendre ce qu’il veut, l’étranger tente de s’adapter aux drôles mœurs du village et apprend même quelques mots d’arménien. L’idée du réalisateur est de plonger l’étranger dans un pays complètement inconnu et de lui faire découvrir la langue, la culture, la situation géographique du pays.



La première d’un autre film particulièrement important pour les Arméniens du monde entier a lieu en 2017 à Erevan. S’adressant au grand public, « La Promesse » est film sur une histoire d’amour au cœur du génocide arménien, qui a fait 1,5 million de morts il y a un siècle. Les événements se déroulent à Constantinople, où Michael, jeune étudiant arménien en médecine et Chris, reporter-photographe américain, se disputent les faveurs de la belle Ana. Pourtant le contexte historique est surtout important pour la compréhension du sujet. Les actions du film se déroulent en 1914 à la veille de la Grande Guerre mondiale et la chute de l’Empire ottoman, qui s’en prend violemment aux minorités ethniques sur son territoire. La Promesse montre autant le génocide que sa négation totale par la Turquie, se basant sur les témoignages des reporters, des survivants et de leurs descendants.

ÉCONOMIE

Volterman, un portefeuille qui prend des photos des voleurs ! En effet, cet objet est plus qu’un simple portefeuille et regroupe 5 fonctionnalités intelligentes. Grâce au GPS intégré il est possible de le localiser en cas de la perte. Le portefeuille dispose également d’une batterie intégrée pour, par exemple, recharger votre téléphone portable ou votre ordinateur. Volterman intègre aussi une alarme à distance si vous vous éloignez un peu trop de votre portefeuille, un hotspot WiFi fonctionnant dans tous les pays. Enfin, la fonction la plus intéressant et, on dirait amusante, est la capacité de prendre des photos si vous vous le faites dérober. Dès que le voleur l’ouvre, il est immédiatement pris en photo et sa photo est envoyée sur votre Smartphone avec sa position GPS. Ce portefeuille, créé pour les personnes ayant la tête en l’air ou tout simplement pour ceux qui aiment le confort, prouve que tout ce qui vient à l’esprit humain est, en effet, réalisable.

Certainement, l’idée de l’énergie renouvelable solaire pourrait sembler aussi absurde que celle du portefeuille intelligent, à nos ancêtres, pourtant aujourd’hui cette idée est désormais une réalité. De plus en plus de pays adoptent cette politique économique raisonnable et l’Arménie n’est pas une exception. Le pays a déjà lancé sa première usine de fabrication de panneaux solaires. La première grande centrale solaire d’Arménie, d’une capacité de 0,5 mégawatt, a été mise en service fin septembre. L’énergie solaire et éolienne ne représente actuellement qu’une petite partie de l’électricité produite en Arménie, pourtant le nombre de panneaux solaires s’accroît dans la capitale, mais aussi dans les régions. Apparemment, le potentiel de l’énergie solaire est une source d’énergie renouvelable prometteuse. Cette source d’énergie permet de profiter de la chaleur et de la lumière et produire de l’électricité, tout en évitant la pollution de l’environnement. L’amélioration et la diffusion des connaissances et des pratiques liées à l’utilisation durable de l’énergie font également l’objet d’initiatives ciblées de l’espace francophone.

Social

Un Institut français de cancer a ouvert ses portes en Arménie, à Erevan. Les traitements dans cette clinique sont assurés par une équipe de trois médecins cancérologues. L’Institut met en œuvre un système de management et de soins basé sur le modèle français. Les patients ont également la possibilité de recevoir des traitements personnalisés comprenant les médicaments, l’intervention des médecins et le suivi médical et psychologique à des prix adaptés au pouvoir d’achat local. Un système d’aide financière au profit des patients les plus démunis est prévu.
La médecine a été également mise à l’honneur lors de la cérémonie de remise du Prix Aurora, une belle initiative qui se déroule chaque année en Arménie. Au nom des survivants du génocide des Arméniens et en témoignage de gratitude envers leurs sauveurs, le Prix Aurora for Awakening Humanity est remis à une personne qui se distingue par son dévouement exceptionnel dans la défense d’une cause humanitaire et de la protection de la vie humaine. En 2017, Tom Catena, un missionnaire catholique chirurgien, est devenu le deuxième lauréat. Le prix lui a été décerné pour avoir sauvé des milliers de vies dans les monts Nuba, ravagés par la guerre au Soudan. Tom Catena a reçu également une somme de 100 000 dollars, ce qui lui offrira la possibilité de poursuivre sa noble action en faveur de l’humanité.

Shant KhayaliHomme d’affaire syrien d’origine arménienne - Ph : globnews.am

La protection des gens, apparue à leur insu dans des crises humanitaires et des guerres permanente, est en effet une noble action. Il est reconnu, que la crise, créée suite à la déstabilisation du Moyen-Orient a forcé des milliers de gens à quitter leurs pays de résidence, à la recherche d’un refuge. Les ressortissants syriens d’origine arménienne ont continué à immigrer en Arménie cette année en raison du conflit syrien. En fait, en Arménie les Syriens d’origine arménienne ne sont pas considérés comme des réfugiés. Plus de cent ans après leurs ancêtres qui ont fui le génocide trouvant refuge en Syrie, ils font aujourd’hui le chemin inverse pour échapper à la guerre. Il faut avouer que bien que l’arrivée des Syriens d’origine arménienne est plutôt considérée comme un retour à la patrie, le processus d’intégration n’est pas facile et est accompagné par certaines difficultés. Du point de vue psychologique ce n’est pas du tout facile pour les ressortissants syriens d’origine arménienne de recommencer leur vie dans une nouvelle société et un autre pays après avoir mené une mode vie tout à fait différent en Syrie. Avant la crise syrienne, ces personnes vivaient avec leurs familles en paix, faisaient leurs études, avaient un travail avec un revenu stable et étaient habituées aux mœurs et aux coutumes du pays où ils vivaient. Du point de vue financier, il faut prendre en considération le fait que l’Arménie n’a pas encore le même niveau de développement que la Syrie d’avant-guerre. Plusieurs parmi eux avouent que le départ n’a pas été facile. Mais que faire si les bombes détruisent en permanence les ateliers, les magasins, les écoles, les maisons des gens qui veulent vivre en paix ? Le départ est inévitable. Actuellement le gouvernement arménien déploie des efforts considérables pour aider les réfugiés et faciliter leur intégration. Les réfugiés bénéficient d’un large soutien pour les questions telles que le processus accéléré d’obtention d’un permis de séjour, la facilitation de la naturalisation, l’assistance médicale, l’accessibilité du logement, les bourses, l’accès simplifié aux établissements d’enseignement et au marché du travail, les mécanismes de taxation flexibles et l’environnement d’affaires attractif. L’Arménie bénéficie également du soutien international à cet égard. Aujourd’hui, si vous marchez à travers Erevan, vous pouvez trouver de petites échoppes de restauration rapide, qui proposent des plats aux saveurs épicées, des ateliers, des salons de beautés et tout ça donne un charme particulier à la ville. Il faut noter que les Syriens d’origine arménienne ont apporté du savoir-faire et des traditions qui sont dignes d’être appréciés.

Lusine Nalbandyan
Présidente du Parlement des jeunes francophones d’Arménie


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