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CAP VERT - Retour sur l’année 2015-2016

CAP VERT - Retour sur l’année 2015-2016

3 décembre 2015 - par Paul Mendes 
 - ©Flickr - no rain corp
©Flickr - no rain corp

Le Cap-Vert, à l’image de beaucoup de petits États insulaires en développement, dépend énormément des ressources externes que sont l’aide publique au développement, les transferts d’argent des émigrés et les investissements directs étrangers. La bonne gestion de ces ressources et la stabilité politico-économique ont permis à l’archipel, en janvier 2008, de sortir officiellement de la catégorie des Pays les moins avancés pour intégrer celle des Pays émergents à revenus intermédiaires suite à la résolution 59/209 de l’assemblée générale des Nations Unies adoptée en 2004. Malgré cela, le pays demeure vulnérable, car il ne dispose pas de ressources naturelles lui permettant de financer son processus de développement d’où la nécessité de renforcer la coopération avec la communauté internationale en vue de garantir le soutien des efforts de développement avec notamment la promotion de l’investissement direct étranger, l’initiative privée nationale et l’investissement privé intérieur, l’augmentation de l’épargne et l’accumulation de la richesse.

Janira Hopfer Almada (Flickr - Facebook JHA)

POLITIQUE

Le régime parlementaire en vigueur dans le pays permet au Premier ministre et au gouvernement qu’il dirige d’être les véritables décideurs sur la marche à suivre concernant la destinée du pays. L’actuel Premier ministre, José Maria Neves qui, au cours de ses trois mandats de cinq ans chacun, a contribué directement à la transformation du Cap-Vert, a décidé de ne pas briguer un quatrième mandat en 2016, année des prochaines élections législatives. De nouveaux candidats appartenant au parti au pouvoir, le Parti Africain pour l’Indépendance du Cap-Vert (PAICV) se sont positionnés pour prendre la relève. C’est le cas notamment de la jeune Janira Hopfer Almada, ministre de la Jeunesse et des Ressources humaines, dernièrement élue présidente du PAICV et par conséquent potentielle future Première ministre du prochain gouvernement capverdien. Pour y parvenir, il faudra que son parti sorte vainqueur des législatives de 2016 auxquelles participera le plus grand parti de l’opposition, le Mouvement Pour la Démocratie (MPD) présidé actuellement par Ulisses Correia e Silva, reconnu par tous comme le meilleur maire que la capitale du Cap-Vert n’ait jamais connu. Il a complètement changé la ville de Praia depuis qu’il est à la tête de la mairie même si, par moments, il a été obligé de prendre des décisions courageuses, mais impopulaires qui ont consisté à détruire des maisons clandestines pour un meilleur assainissement de la ville.
À côté de cela, au niveau du parlement capverdien, les députés de la majorité et de l’opposition ont adopté en leur faveur une loi permettant une revalorisation de 65 % de leur salaire en plus des avantages dont ils bénéficient. Cette initiative a provoqué la mobilisation de la population dans les principales villes du pays sous forme de manifestations pacifiques en vue de rejeter le projet et dénoncer le manque de sensibilité des députés face aux multiples difficultés que vivent beaucoup de Capverdiens au quotidien. Le président de la République, Jorge Carlos Fonseca qui a entendu l’appel de la société civile, s’est tout naturellement rangé du côté de la population en opposant son veto au projet de révision du statut des députés.


La pêche, poumon de l’activité économique (Flickr - JM Fumeau)

ÉCONOMIE

Le Cap-Vert ne dispose pas de ressources naturelles et ses terres arables sont limitées en raison de ses caractéristiques géographiques marquées par un relief montagneux, des terres arides et un climat sec. Pour cette raison, la pratique de l’agriculture et l’élevage de bétail ont toujours été conditionnés par les aléas de la nature et du climat. La pluie, saisonnière et irrégulière, joue un rôle essentiel dans le développement de ce secteur primaire. Des petits barrages permettant de capter les eaux de pluie sont érigés dans les principales vallées afin de permettre une pratique agricole sur une période plus longue. La pêche, qui constitue une autre alternative avec la perspective de pouvoir exploiter des ressources considérables est encore très peu développée. Sa pratique, encore essentiellement artisanale, permet néanmoins de faire vivre une partie considérable de la population capverdienne. Tous s’accordent à reconnaitre que l’industrialisation du secteur primaire qui offre de grandes possibilités de développement constitue en soi de multiples opportunités d’investissements externes. La nécessité de diversifier les activités économiques et d’exploiter au mieux les potentialités de l’archipel est un objectif incontournable pour le renforcement de l’économie du pays. Outre les industries de transformation et de construction, les autorités capverdiennes s’emploient à développer le tourisme, les transports, les services bancaires et les assurances. Ces vingt dernières années, en plus de la bonne gouvernance et de la stabilité politique, les efforts considérables d’investissements dans le secteur des services (éducation, innovation des services bancaires, technologies de l’information et de la communication, services d’appui au tourisme et loisirs, création d’un environnement propice et favorable à l’entrepreneuriat et à l’investissement) ont eu et ont encore pour objectif de faire du Cap-Vert une plateforme internationale de prestations de services, des affaires et une destination touristique de préférence.

Langue française : du changement à Praia

Bien ancré dans le paysage capverdien depuis sa création en 1981, le Centre Culturel Français de Praia (devenu en 2011 Institut Français) a définitivement fermé ses portes le 31 août 2014. Cette décision est restée incomprise par la société capverdienne et malgré une pétition et l’intervention du président de la République Jorge Carlos Fonseca, les restrictions budgétaires de la coopération française ont eu le dernier mot.
Néanmoins, cette fermeture a permis à l’Université du Cap-Vert (Uni-CV) de prendre les choses en main et de créer son propre Institut de Langue Française (ILF). Ouvert en septembre 2014 en plein centre-ville de Praia, il propose des cours de Français Langue Étrangère aux adultes et aux enfants, ainsi que des cours de Français sur Objectifs Spécifiques pour les institutions ou les ministères capverdiens soucieux de former leur personnel en français. En effet, membre de l’OIF depuis 1996 ainsi que de la CEDEAO, le Cap-Vert a toujours eu des liens très forts et une relation particulière avec la langue française. Comme l’a dit Antonio Mascarenhas, ancien président de 1991 à 2001, « le français est la seconde patrie linguistique de toute une génération de Capverdiens d’outre-mer, fruits des migrations vers les terres du destin de la capverdianité. (...) Au-delà d’autres dimensions culturelles et d’autres espaces linguistiques, nous appartenons de plein droit à la Francophonie (...) ».
Son enseignement y est obligatoire au lycée et à la rentrée 2015 s’ouvrira un Master d’études en langue française au sein du département de français de l’Uni-CV. Fort d’une médiathèque riche de plus de douze mille ouvrages, l’ILF se veut être un complément de formation de qualité avec des professeurs diplômés et un matériel didactique dernier cri pour qui souhaite enrichir ses connaissances ou tout simplement (re)découvrir les charmes de la langue française.
Après une année d’existence, l’ILF cherche désormais à développer des activités culturelles, en complément de ses activités linguistiques, lors d’événements tels que la fête de la musique ou la Semaine de la Francophonie, ainsi qu’en accueillant de manière plus ponctuelle des expositions ou des conférences.
Un peu plus au nord de l’archipel, sur l’île de São Vicente, l’Alliance Française de Mindelo est toujours présente et active depuis sa création en 1977. Unique Centre Culturel Français à l’époque, elle a par la suite pris son indépendance pour devenir une association de droit capverdien dont les statuts ont été approuvés par l’Alliance Française de Paris. Installée au cœur du centre historique de Mindelo, dans l’un des bâtiments les plus anciens de la ville, l’Alliance possède une bibliothèque très prisée des locaux et des touristes qui profitent également de la cour intérieure pour boire un café et suivre l’actualité grâce aux journaux en français ou en regardant de TV5 Monde.

Paul Mendes
Professeur à l’Université du Cap-Vert.
Paul.mendes@docente.unicv.edu.cv

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