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Carnets Vanteaux - Métagramme IIII

Carnets Vanteaux - Métagramme IIII

7 décembre 2021 - par Marie Pompier 

Consigne : Écrire une page (au maximum un feuillet A4) en usant du procédé décrit par Raymond Roussel dans Comment j’ai écrit certains de mes livres :

« Je me suis toujours proposé d’expliquer de quelle façon j’avais écrit certains de mes livres (Impressions d’Afrique, Locus Solus, l’Étoile au Front et la Poussière de Soleils).
Il s’agit d’un procédé très spécial. Et, ce procédé, il me semble qu’il est de mon devoir de le révéler, car j’ai l’impression que des écrivains de l’avenir pourraient peut-être l’exploiter avec fruit.
Très jeune j’écrivais déjà des contes de quelques pages en employant ce procédé.
Je choisissais deux mots presque semblables (faisant penser aux métagrammes). Par exemple billard  et pillard. Puis j’y ajoutais des mots pareils mais pris dans deux sens différents, et j’obtenais ainsi deux phrases presque identiques.
En ce qui concerne billard  et pillard  les deux phrases que j’obtins furent celles-ci :
1° Les lettres du blanc sur les bandes du vieux billard
2° Les lettres du blanc sur les bandes du vieux pillard.
Dans la première, « lettres » était pris dans le sens de « signes typographiques », « blanc » dans le sens de « cube de craie » et « bandes » dans le sens de « bordures ».
Dans la seconde, « lettres » était pris dans le sens de « missives », « blanc » dans le sens d’ « homme blanc » et « bandes » dans le sens de « hordes guerrières ».
Les deux phrases trouvées, il s’agissait d’écrire un conte pouvant commencer par la première et finir par la seconde.
Or c’était dans la résolution de ce problème que je puisais tous mes matériaux. »

Ils lui disent que la douleur finit par passer. Ils lui répètent qu’un jour il ne sera plus sa valeur étalon, prétendent que leurs silhouettes ne lui rappelleront plus la sienne. Comme si derrière un tu elle pouvait voir quelqu’un d’autre que lui, comme si ses adresses pouvaient être à quelqu’un d’autre qu’à lui. Elle plaint leur amour, choisit de ne pas les croire, de penser qu’ils mentent et prêchent un sermon qu’ils ont simplement trop souvent entendu. Parce qu’elle sait qu’il est comme elle. Elle sait que leurs rires lui rappelleront toujours le sien et qu’il ne sera jamais capable d’oublier qu’elle est dans la pièce. Parce qu’il aura beau devenir n’importe qui ou faire n’importe quoi, au fond il reste lui. Et toutes les variables pourraient bien changer, ce n’est qu’elle qui se briserait mille fois. Elle lui dira d’un regard qu’il comprendra mais si elle parle il s’effraiera. Alors même si elle n’en pense pas un mot, elle répond qu’il est loin et qu’elle a préféré ce qu’il avait de mieux pour eux deux. Et si elle peut lui souhaiter le meilleur avec une autre ce n’est que parce qu’elle sait qu’elle le hante autant qu’il le fait pour elle. Il aurait beau essayer de la retirer, sa tache ne partirait pas. Eux aussi sont recouverts de taches. Peut-être qu’à force d’habitude ils ne les voient pas. Ils lui disent que les couleurs finissent par passer.

Ils vous disent que la douleur finit par passer. Ils vous répètent qu’un jour il ne sera plus votre valeur étalon, prétendent que leurs silhouettes ne vous rappelleront plus la sienne. Comme si derrière un tu vous pouviez voir quelqu’un d’autre que lui, comme si vos adresses pouvaient être à quelqu’un d’autre qu’à lui. Vous plaignez leur amour, choisissez de ne pas les croire, de penser qu’ils mentent et prêchent un sermon qu’ils ont simplement trop souvent entendu. Parce que vous savez qu’il est comme vous. Vous savez que leurs rires lui rappelleront toujours le vôtre et qu’il ne sera jamais capable d’oublier que vous êtes dans la pièce. Parce qu’il aura beau devenir n’importe qui ou faire n’importe quoi, au fond il reste lui. Et toutes les variables pourraient bien changer, ce n’est que vous qui vous briserez mille fois. Vous lui direz d’un regard qu’il comprendra mais si vous parlez il s’effraiera. Alors même si vous n’en pensez pas un mot, vous répondez qu’il est loin et que vous avez préféré ce qu’il y avait de mieux pour vous deux. Et si vous pouvez lui souhaiter le meilleur avec elle ce n’est que parce que vous savez que vous le hantez autant qu’il le fait pour vous. Il aurait beau essayer de la retirer, votre tache ne partirait pas. Eux aussi sont recouverts de taches. Peut-être qu’à force d’habitude ils ne les voient pas. Ils vous disent que les couleurs finissent par passer.

Ils disent que la douleur finit par passer. Ils me répètent qu’un jour tu ne seras plus ma valeur étalon, prétendent que leur silhouette ne me rappellera plus la tienne. Comme si derrière un tu il pouvait y avoir quelqu’un d’autre que toi, comme si mes adresses pouvaient être à quelqu’un d’autre qu’à toi. Je plains leur amour. Je choisis de ne pas les croire, de penser qu’ils mentent et prêchent un sermon qu’ils ont simplement trop souvent entendu. Parce que je sais que tu es comme moi. Je sais que leurs rires te rappelleront toujours le mien et que tu ne seras jamais capable d’oublier que je suis dans la pièce. Parce que tu auras beau devenir n’importe qui ou faire n’importe quoi, au fond tu restes toi. Et toutes les variables pourraient bien changer, ce n’est que moi qui me briserais mille fois. Je te le dirai d’un regard que tu comprendras mais si je parle tu t’effraieras. Alors même si je n’en pense pas un mot, je réponds que tu es loin et que j’ai préféré ce qu’il y avait de mieux pour nous deux. Et si je peux te souhaiter le meilleur avec elle, ce n’est que parce que je sais que je te hante autant que tu le fais pour moi. Tu aurais beau essayer de la retirer, ma tache ne partirait pas. Eux aussi sont recouverts de taches. Peut-être qu’à force d’habitude ils ne les voient pas. Ils disent que les couleurs finissent par passer.

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