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CROATIE - Retour sur l’année 2015-2016

CROATIE - Retour sur l’année 2015-2016

3 décembre 2015 - par Nataša Laporte 

La première femme présidente a été élue en janvier dernier à la tête de ce pays ex-yougoslave, confronté depuis six ans à une grave crise économique. La conservatrice Kolinda Grabar-Kitarovic, de l’Union démocratique croate (HDZ, droite), a remporté la victoire d’une courte tête face au président sortant qui, lui, a payé pour les difficultés du gouvernement social-démocrate à sortir l’économie de la récession. Une sortie enfin amorcée fin 2014, avec néanmoins une croissance modeste.
Côté culture, l’année 2015 est sous le signe de l’Hexagone : de mai à octobre, « Rendez-vous », festival de la France en Croatie, met à l’honneur la culture française à travers un programme pluridisciplinaire riche de 150 événements.

La première présidente de la Croatie, Kolinda Grabar-Kitarovic.

POLITIQUE

C’est une première en Croatie et même dans les Balkans. Le 11 janvier dernier, c’est une femme, la conservatrice Kolinda Grabar-Kitarovic, 46 ans, du parti Union démocratique croate (HDZ, droite), qui a été élue à la tête du pays, en remportant l’élection présidentielle face au président sortant Ivo Josipovic, pourtant donné initialement favori dans les sondages. Une victoire toutefois serrée, avec 50,74 % des voix en faveur de la candidate de droite, contre 49,26 % pour son adversaire au second tour, dans un scrutin où plus de 59 % des électeurs se sont déplacés aux urnes. Le président sortant a en effet payé le prix des mauvais résultats économiques du gouvernement social-démocrate dont il était le candidat. Ancienne ministre des Affaires étrangères et ancienne adjointe du Secrétaire général de l’OTAN, incarnant par ailleurs l’aile modérée du parti HDZ, Mme Grabar-Kitarovic avait pour sa part martelé durant la campagne électorale qu’elle était « une femme du peuple » en affichant l’ambition de relancer l’économie du pays, gravement touchée par la crise. Même si, en tant que présidente - une fonction largement protocolaire et dont les attributions se situent principalement dans les domaines de la défense et des affaires étrangères - elle dispose de pouvoirs limités en matière économique. Sa victoire, en revanche, remet dans l’orbite, en vue des élections législatives prévues pour la fin 2015, l’opposition conservatrice battue en 2011 par l’actuel gouvernement de centre gauche de Zoran Milanovic. Autre surprise de ce scrutin, la troisième place, au premier tour, est revenue au candidat anarchiste Ivan Vilibor Sincic, de la formation « Zivi zid » (Bouclier vivant, ndrl) qui lutte contre les expulsions locatives. Le jeune candidat, qui prônait la sortie de la Croatie de l’Union européenne et de l’OTAN, a en effet raflé 16,42 % des voix.

ÉCONOMIE

Il faut dire que cette élection s’est déroulée dans un contexte de sévère crise économique : en récession quasi permanente depuis 2009, l’économie croate ne parvenait pas à remonter la pente. Puis, l’éclaircie, enfin : avec un taux de croissance de 0,2 % enregistré au dernier trimestre 2014, suivi de 0,5 % au premier trimestre de cette année par rapport à la même période de l’année précédente, selon l’Office national des statistiques, la sortie de récession est officiellement amorcée. Un résultat dû à la reprise de la consommation et, surtout, à celle des exportations en direction des pays de l’Union européenne.
Légère amélioration également sur le front du chômage. Son taux, qui avait plus que doublé depuis le début de la grande récession, avec un pic à 17 % en 2014, a entamé une décrue, pour se situer à la mi-2015 à 15,3 % (au sens du BIT) de la population active, d’après Eurostat. Mais le chômage des jeunes reste l’un des plus élevés d’Europe (plus de 43 %).
Les médias locaux ne désemplissent pas des histoires de départs des citoyens croates vers d’autres pays de l’Union, depuis que plusieurs pays membres, notamment l’Allemagne, leur ont ouvert leur marché du travail. Un phénomène qui toucherait notamment le corps médical : selon le ministère de la Santé, environ trois cents professionnels du secteur ont quitté la Croatie depuis l’entrée du pays dans l’UE. Difficile cependant de quantifier l’ampleur du phénomène dans sa globalité, tant les statistiques peinent à le mesurer.
D’autres difficultés socio-économiques n’ont cessé de défrayer la chronique. Près de dix mille personnes, à l’initiative de l’association « Franak » (franc, ndrl), ont battu au printemps dernier les pavés de la capitale pour protester contre les emprunts immobiliers contractés dans les années 2000 en francs suisses, à des taux d’intérêt bas, mais dont l’envolée, depuis, de la devise helvète a fait exploser le montant des remboursements pour environ 60 000 Croates. Citons encore une initiative du gouvernement croate qui a récemment attiré l’attention des médias internationaux : l’effacement des dettes de plusieurs milliers de personnes parmi les plus démunies, endettées auprès d’entreprises publiques, d’opérateurs de téléphonie et de banques, en fonction des critères néanmoins très précis.

L’exposition Rodin à Zagreb

CULTURE ET FRANCOPHONIE

La scène culturelle croate revêt cette année les couleurs de la France ! Après le festival « Croatie, la voici » qui s’est déroulé en 2012 dans l’Hexagone, place à son pendant : « Rendez-vous » de la France en Croatie. Lancée en mai dernier, cette manifestation ambitionne de présenter, dans 22 villes croates, un programme riche de 150 événements dans des domaines aussi variés que la musique, les arts visuels, la littérature, le théâtre, la danse, le cirque, le cinéma… mais aussi l’environnement, la gastronomie, la science ou encore l’économie. Événement phare du festival, l’exposition « Auguste Rodin dans le Zagreb de Mestrovic » a réuni environ soixante-dix œuvres du sculpteur français, dont les célèbres Le Penseur et Le Baiser. Plus loin de la capitale, à Split, l’exposition de La Méditation, aux côtés de La Psyché du sculpteur croate Ivan Mestrovic, vise de son côté à mettre en lumière les échanges et l’amitié entre les deux artistes.

Autre moment fort du festival, la représentation en mai dernier de l’opéra « Pelléas et Mélisande » de Claude Debussy, coproduit par l’Opéra comique et le Théâtre national croate de Zagreb. Avec « Le Concert spirituel d’Hervé Niquet »,la France sera par ailleurs à l’honneur du traditionnel Festival de la musique baroque de la ville de Varazdin au mois de septembre. Un symposium sur les questions d’émotion, de création et de jouissance dans l’œuvre de Roland Barthes ; une exposition de tableaux impressionnistes peignant la Normandie ; une série de conférences baptisée « L’Esprit préhistorique », autour de l’origine des capacités cognitives de l’homme, avec l’intervention d’éminents archéologues français ; la présentation du nouveau roman de l’écrivaine Slavenka Drakulic, « Dora et le Minotaure – ma vie avec Picasso », dédié à l’artiste française Dora Maar, d’origine croate, la muse de Pablo Picasso ; des rencontres littéraires avec l’écrivaine Emmanuelle Pagano, y compris avec des étudiants de la langue et la littérature française de la Faculté de Zagreb et ceux en traduction littéraire de l’Université de Zadar ; ou encore des ateliers de théâtre à destination des lycéens croates apprenant la langue de Molière à Zadar… autant de manifestations brodées toutes autour de la culture et la langue française, qui continueront de s’offrir au public croate jusqu’au mois d’octobre prochain.

Nataša Laporte
Journaliste économique
natasa.laporte@gmail.com

Photo du logo : Flickr - Bernd Thaller

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