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MONTENEGRO - Retour sur l’année 2015-2016

MONTENEGRO - Retour sur l’année 2015-2016

3 décembre 2015 - par Nataša Laporte 
 - © Flickr - Ieosoueu
© Flickr - Ieosoueu

Ayant fait de l’intégration euro-atlantique leur priorité, les autorités monténégrines espèrent vivement décrocher l’invitation à rejoindre l’OTAN d’ici la fin de l’année. Dans le même temps, Podgorica avance sur le chemin de ses négociations d’adhésion à l’Union européenne et s’est associée à Bruxelles aux sanctions prises contre la Russie, son allié historique de longue date. Reste que le rapport 2014 de la Commission européenne sur les progrès réalisés par ce pays ex-yougoslave n’est pas tendre : il pointe l’insuffisance de résultats en matière de lutte contre la corruption, notamment celle à haut niveau.

POLITIQUE

Le Monténégro garde le cap vers l’Ouest. Déçues l’an dernier d’avoir vu la décision sur son intégration à l’OTAN repoussée à plus tard, les autorités de ce petit pays ex-yougoslave escomptent bien cette fois-ci recevoir l’invitation à rejoindre l’Alliance atlantique d’ici la fin 2015. Des pourparlers intensifiés ont été ouverts l’année dernière et les ministres des Affaires étrangères des membres de l’OTAN jugeront les progrès qui auront été accomplis par Podgorica en décembre prochain pour déterminer si ceux-ci sont suffisants pour que le pays puisse rejoindre le club. Une éventualité qui n’est pas sans susciter le mécontentement de la Russie, opposée à tout élargissement de l’Alliance vers l’Est.

Le Premier ministre Milo Djukanovic (Presse - gov.me)

Autre objectif du gouvernement de Milo Djukanovic (DPS, Parti démocratique socialiste) : l’adhésion à l’Union européenne, avec laquelle les négociations continuent d’avancer. Faisant figure de bon élève, Podgorica a à ce jour ouvert vingt chapitres sur trente-trois, dont deux ont été bouclés, et s’est associée aux sanctions européennes contre la Russie, son allié historique de longue date et principal partenaire économique. Le parcours européen du Monténégro n’est cependant pas tout à fait sans embûches. Le rapport de la Commission européenne sur les progrès réalisés par ce pays balkanique, publié en octobre 2014, pointe des problèmes persistants concernant la violence à l’encontre des journalistes ainsi qu’une application insuffisante de mesures en matière de lutte contre la corruption, en particulier celle à haut niveau.
Sur le plan intérieur, le gouvernement de Milo Djukanovic, homme qui domine le paysage politique monténégrin depuis vingt ans et qui s’est encore récemment vu reconduire à la tête de son parti, se voit fragilisé par des mésententes au sein de la coalition qui unit le DPS et le Parti social-démocrate (SDP), ce dernier étant lui-même secoué par des divergences en son sein. Deux ministres ont ainsi récemment quitté le SDP, tandis que du côté de l’opposition, certains appellent à manifester à la rentrée pour réclamer la démission de Milo Djukanovic ainsi que des élections législatives anticipées conformes à la nouvelle législation en matière électorale qui introduit, entre autres, un système d’identification électronique des électeurs.

Ni l’entrée dans l’UE ni le chomage élevé ne font peur aux jeunes monténégrins (Flickr - Konrad Lembcke)

ÉCONOMIE

Fragilité également du côté de la reprise économique. Le Monténégro est certes sorti d’une récession à double creux en 2013, affichant, après -2,5 % en 2012, un taux de croissance de 3,3 % en 2013. Pour 2014, celui-ci devrait atteindre 1,4 %, selon les prévisions de la Commission européenne publiées au printemps dernier, avant d’accélérer en 2015, sous l’impulsion notamment des investissements dans l’autoroute et dans plusieurs stations touristiques. Mais l’économie monténégrine reste vulnérable, analyse la Commission dans son rapport sur les progrès du pays, estimant qu’elle souffre d’une demande intérieure faible ainsi que d’une forte dépendance de l’environnement extérieur. Les investissements dans l’autoroute pourraient pour leur part peser sur les finances publiques qui affichent une dette publique avoisinant 60 % du PIB. Sans oublier, le fabricant d’aluminium KAP, ancien fleuron de l’industrie monténégrine, qui était détenu à près d’un tiers par l’État, mais croulant sous les dettes, a été mis en faillite en 2013. Si ses actifs ont été rachetés par une entreprise locale, la vente a été suspendue en raison d’une plainte déposée par l’ancien copropriétaire du conglomérat, CEAC, qui s’y oppose. D’autres entreprises publiques continuent de peser sur les caisses de l’État. Exemple, la compagnie aérienne Monténégro Airlines, dont le projet de vente a été relancé en début d’année. Et ce n’est pas le seul : tout un projet de privatisations a vu le jour l’hiver passé, dans le but d’attirer davantage d’investissements étrangers. Sur la liste des entreprises à vendre, plusieurs hôtels, deux firmes dans le domaine de la défense ou encore un producteur de tabac… pour n’en citer que quelques-unes.
Surtout, le Monténégro pâtit d’un taux de chômage élevé qui continue de s’obstiner à plus de 19 % de la population active. Celui de longue durée (82 %) et des jeunes (42 %) inquiètent plus particulièrement. À en croire les titres de la presse locale, le nord du pays, dévasté par le chômage et la pauvreté, vit un véritable exode vers l’Union européenne et plus particulièrement vers l’Allemagne.


Le Festival Kotor Art (kotorart.me)

CULTURE

Destination touristique estivale, le Monténégro et ses plages se transforment l’été en théâtre de fête et de musique. Les festivals de musique électronique Southern Soul et Sea Dance, ce dernier étant une déclinaison du célèbre Exit de Novi Sad (Serbie), attirent des foules de touristes. La septième édition de Kotor Art, vient, quant à elle, d’animer pendant près de deux mois la scène culturelle monténégrine avec la participation des centaines d’artistes et autres intervenants dans les domaines de la musique, du théâtre pour enfants, de la philosophie… Bien d’autres festivals, à l’instar de celui du théâtre baptisé « Purgatorije » ou le festival du film à Herceg-Novi, rythment encore l’été culturel du Monténégro.

Loin des plages, le Monténégro a célébré en 2014, sous l’égide de l’UNESCO, le centenaire de la naissance de l’un de ses plus grands écrivains, Mihailo Lalic. Ses romans, dont « Diable noir, mon frère », « La Chance de la guerre », « La Poursuite » et « Le Printemps du mal » sont considérés comme ses ouvrages de référence, racontent la tragédie et la dignité humaine dans le contexte de la IIe guerre mondiale.

Oktoih, premier livre imprimé en cyrillique en Europe du Sud-est (Wikimedia Commons)

Une série de manifestations lui ont été consacrées, dont un colloque scientifique, une exposition et un hommage cinématographique, organisés par le ministère de la Culture et « Matica Crne Gore » (Société littéraire du Monténégro, ndrl) dans la ville de Berane et à Andrijevica, ou encore l’exposition de son œuvre intégrale, organisée à l’automne dernier dans la ville de Niksic par la Bibliothèque nationale du Monténégro.
Autre anniversaire, celui de l’impression, en 1494, dans la capitale historique monténégrine de Cetinje, du livre de chants liturgiques Oktoih, premier livre imprimé en cyrillique en Europe du Sud-est. Une exposition de compositions graphiques du peintre et sculpteur Dimitrije Popovic, construites autour du caractère cyrillique tiré des initiales figurant dans ledit Oktoih, rend hommage à cette page de l’histoire monténégrine. Elle a été présentée au public, fin 2014 et courant 2015, dans plusieurs villes monténégrines, mais aussi dans plus d’une ville ex-yougoslave, tout comme récemment à Bruxelles, au Parlement européen.

Nataša Laporte
Pigiste
natasa.laporte@gmail.com

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