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RÉPUBLIQUE TCHÈQUE - Retour sur l’année 2016-2017

RÉPUBLIQUE TCHÈQUE - Retour sur l’année 2016-2017

30 septembre 2016 - par Petr Kyloušek 
 - © Flickr - Brad Hammonds
© Flickr - Brad Hammonds

POLITIQUE

La vie politique de l’année écoulée a été marquée par la crise migratoire qui a creusé un fossé diplomatique entre les « anciens » de l’Union européenne, telle l’Allemagne, favorables à l’accueil humanitaire des migrants syriens et irakiens, et le bloc des quatre Pays de Visegrád (Pologne, Slovaquie, Hongrie, République tchèque) dont la République tchèque assurait la présidence. Le contentieux majeur concernait le contrôle du flux migratoire et la répartition des quotas. Moins tranchée que la position des représentants polonais, hongrois et slovaques, celle de la République tchèque visait un rôle modérateur et conciliateur. Le débat entre les partisans et les adversaires de l’accueil humanitaire a scindé toutefois la société tchèque en opposant les propos radicalisants du président Miloš Zeman au discours diplomatique et civique du Premier ministre Bohuslav Sobotka. Cependant le programme d’accueil des réfugiés irakiens s’est soldé avec échec, car ceux-ci ont presque tous fini par préférer l’Allemagne. L’ambiance anti-migratoire a ensuite été renforcée par les attentats parisiens du 13 novembre.

Les débats, souvent tranchés en ce qui concerne la situation internationale, contrastent, paradoxalement, avec la situation intérieure : au milieu d’une Europe mouvementée, la République tchèque constituait un îlot de calme, car évitée par les grands flux migratoires, et de prospérité économique relative due à un taux de croissance de 4,5 % en 2015. La lutte contre la corruption a apporté des résultats tangibles avec la condamnation de l’ancien président de région et figure de proue du Parti socialiste David Rath, des juges Ondřej Havlín et Josef Knotek, ainsi que de Marek Dalík, homme d’affaires proche de l’ancien premier ministre Mirek Topolánek. Le ministre des Finances Andrej Babiš a été inquiété pour les irrégularités concernant la subvention européenne utilisée dans le financement d’une de ses entreprises. Malgré les progrès, la situation est loin de l’idéal. La récente réforme de la police qui veut faire fusionner la brigade anti-corruption et anti-terrorisme éveille les inquiétudes des citoyens aussi bien que celles du procureur général Pavel Zeman qui craint toujours la collusion entre la police, les hommes politiques et la sphère économique.


Le Premier ministre Bohuslav Sobotka lors d’un échange de marionnette avec la présidente sud-coréenne (Ph : Facebook - Bohuslav Sobotka)

Deux importantes lois nouvelles ont été votées : l’une sur l’école intégrée qui postule l’inclusion dans le système scolaire, l’autre sur le nouveau statut des universités qui, sous le contrôle du Bureau National des Accréditations, nouvellement créé, acquièrent l’autonomie quant à la définition des programmes d’enseignement.

ÉCONOMIE

La nomination du nouveau gouverneur de la Banque Nationale Jiří Rusnok semble pouvoir orienter la politique monétaire vers le rapprochement avec le noyau dur de l’Union européenne et vers l’adoption de l’euro. L’économie continue sur sa lancée de 2015 avec une croissance de 4,4 % au premier semestre de 2016 et un taux de chômage de 5,4 % en mai 2016. En avril 2016 les exportations qui impliquent plus de 70 % du produit national ont augmenté annuellement de 4,3 %, les importations de 1 %. Le secteur de loin le plus important est celui de l’industrie automobile qui ne semble pas avoir été affectée par le scandale touchant Volkswagen, propriétaire de la marque tchèque Škoda. Les 1.246.000 voitures produites en 2015 rangent la République tchèque en quatrième position en Europe, derrière la France (1.499.000). Les constructions mécaniques et de précision ainsi que l’informatique semblent elles aussi en progression.

SOCIÉTÉ

Les festivités de 2016 concernent le 700e anniversaire de la naissance du roi de Bohême et empereur germanique Charles IV. Élevé à la cour de France par Pierre de Rosières, futur pape Clément VI, Charles fut non seulement descendant de la dynastie luxembourgeoise, mais aussi, par sa mère, de la dynastie tchèque des Přemyslides. Sous son règne Prague devint capitale de l’Empire germanique. Charles a non seulement agrandi et embelli la ville (cathédrale saint Guy, pont Charles), mais il a aussi fondé la première université de l’Europe centrale (1348) qui aujourd’hui porte son nom. Parmi les expositions, celle des joyaux de la couronne au Château de Prague a attiré des milliers de visiteurs.


Les joyaux de la couronne (Ph : Flickr - Alex Drop)

Trois grands débats continuent d’animer l’espace public et qui touchent de près l’identité nationale : si les deux premiers - le contrôle de l’immigration et le Brexit - sont étroitement liés aux problèmes européens, le troisième implique la nouvelle dénomination de l’État sur la scène internationale. En effet, le gouvernement propose pour l’usage courant une appellation abrégée Czechia (en anglais), Tchéquie (en français), Česko (en tchèque). L’unanimité est loin d’être acquise.

CULTURE

Le Festival du Livre de Prague, en mai 2016, a été consacré essentiellement aux littératures nordiques. Toutefois, plusieurs auteurs francophones ont été parmi les invités, notamment les Marocains Abdelkader Retnani et Jalil Bennanni, ainsi que le Congolais Alain Mabanckou qui est venu soutenir le lancement de la traduction de son roman Verre cassé.
Le festival du film français, en novembre 2015, et les Journées de la Francophonie, en mars 2016, ont déployé la présence du cinéma francophone à travers les villes tchèques : Les Amours imaginaires, La Passion d’Augustine et Soirée sénégalaise et Suivre la marée des Québécois Xavier Dolan, Léa Pool et Thomas Sacka-Marier, Le Tout Nouveau Testament et Saute ma ville des Belges Jaco Van Dormael et Chantal Akerman, Trois souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Desplechin, Brûle la mer de Nathalie Nambot et Maki Berchache, La Famille Bélier d’Éric Lartigau. Dans la cadre des Journées de la Francophonie, plusieurs expositions ont été organisées, notamment celle des Calligraphies de Mohamed Amzil et Les miroirs de Paris — entre verre et eau sur l’architecture de la ville. Il faut aussi mentionner les expositions soutenues par l’Institut Français de Prague : Général Pellé, consacré au diplomate tchécophile lié aux milieux artistiques tchèques, Installations de Renaud Jerez, Il/Elle à travers les affiches du cinéma des années 1960. L’Institut français de Prague a aussi été l’instigateur des présentations musicales Les Muses et les héroïnes de la musique française baroque — Gondoles sur la Seine, et La sainte folie au Festival musical d’été de Prague en juillet 2015. Au festival Concentus Moraviae qui au mois de juin 2016 s’est déroulé dans les châteaux de Moravie, le public a pu connaître une formation française — le Modigliani Quartet.


La Nuit de la philosophie (Ph : IF de Prague)

Le Centre français de recherche en sciences sociales (CEFRES) qui avait renouvelé ses activités à Prague a été un des promoteurs de la Nuit de philosophie, fête de la pensée, du cinéma, des lectures publiques et des débats, qui s’est déroulée entre le 16 et le 17 juin 2016. Plusieurs philosophes français ont participé aux discussions à la Faculté des Lettres de l’Université Charles et au Palais des Expositions de Prague, notamment Étienne Balibar, Étienne Tassin. Antonio Negri, Claire Marin, Frédérick Keck, Michael Foessel, Fabrice Filipo, Bernard Feltz, Pierre Montebello, Arnaud François, Corine Pelluchon, Éric Fassin, Jean-Michel Besnier. Une réussite philosophique des thèmes d’actualité : bioéthique, biopolitique, pouvoir des images, cerveau et ses images.

Petr Kylousek
Université Masaryk de Brno
kylousek@phil.muni.cz

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