- Amélia Guyot
- Ph : Aimablement prêtée par AG.
Amélia Guyot se sent comme un poisson dans l’eau au pays de la francophonie. Pourtant, rien ne la prédestinait à cette intégration réussie. Tout aurait dû la conduire à travailler à Madrid, à Buenos Aires ou sur l’Altiplano péruvien à dompter les lamas : la jeune femme est originaire de Narbonne à deux pas de l’Espagne et sa mère vient de ce pays dont elle parle la langue parfaitement. Les portes des Instituts Cervantes étaient grandes ouvertes ! Après son Master d’histoire de l’art et une année d’études en communication, la voilà repartie pour un master 2 en médiation culturelle. Mais le marché du travail en France n’est pas rayonnant (euphémisme !) et Amélia s’interroge sur son avenir... De clic en clic, de lien en lien, de pdf en html... elle farfouille jusqu’au clic libérateur : les volontariats de l’OIF ! Une découverte presque une révélation. Les jeunes Français(es) sont à l’image de leur pays à savoir pas très francophomaniaques ! La francophonie est une notion absente du débat public. Mais quand Amélia tombe sur le site de l’OIF et y repère les thématiques diplomatie, culture, éducation, droits des femmes, elle est convaincue que son avenir immédiat est là. Intuition confirmée !
Octobre 2012, Amélia atterrit au Maroc à Rabat. Une première expérience dans un pays du Maghreb. Je vois dans le Maroc un pays cousin, à la fois si-loin et si proche aussi bien de la France que de l’Espagne. On s’y reconnaît, certains repères persistent et rendent l’environnement familier mais dès qu’on pense être en terrain connu on se fait surprendre. C’est stimulant et rafraichissant ! Amélia est emportée dans la mosaïque colorée marocaine. Sa mission au sein du Bureau Maghreb de l’Agence universitaire de la Francophonie est taillée pour elle, raison pour laquelle son dossier a été accepté ! Guidée par sa directrice Cristina Robalo Cordeiro, elle doit mettre sur pied la communication du 1er Forum des arts. L’ambition est de recevoir au Maroc des étudiants marocains, tunisiens et algériens. Nous sommes dans la période où un vent de révolte souffle sur le Maghreb et l’Égypte. Si la situation est plus ou moins volcanique selon les pays, il n’en demeure pas moins qu’un besoin irrépressible de s’exprimer s’empare de l’ensemble de la jeunesse étudiante. Oubliant les conflits passés et les a priori sclérosants, étudiants et professeurs veulent franchir les frontières, échanger, des idées et construire des projets communs. Le Forum des arts pointe son nez au beau milieu de cette tempête et doit refuser du monde ! Près de 500 dossiers arrivent dans les mains d’Amélia et de Cristina Robalo Cordeiro. Du théâtre, de la photographie, de la peinture, de la vidéo... Des propositions aussi hétéroclites que surprenantes, certaines sont proches du professionnalisme alors que d’autres émanent de potes qui saisissent l’occasion de jouer sur une scène. Amélia est partie prenante, sans l’avoir vraiment cherché, d’un vaste mouvement d’expression transfrontalier, au cœur de l’Histoire en marche.
- Rabat - Pourquoi quitter une telle lumière ?
- Ph : Flickr - Evgeni Zotov
Mais les Volontariats de la francophonie ne durent qu’une année... Qu’à cela ne tienne, Amélia n’est pas décidée à quitter Rabat. Tant mieux, car Cristina Robalo Cordeiro n’est pas décidée à la laisser partir ! Le deuxième Forum se dessine à l’horizon et la jeune femme est engagée par l’AUF pour continuer l’aventure. Cette année, le thème sera patrimoine et innovation. Quand on sait que 98 universités sont membres de l’AUF Maghreb, qu’il faut trouver de nouveaux partenaires, mettre en place un plan média adapté et, peut-être, accueillir d’autres pays on se dit qu’Amélia a du pain sur la planche et qu’elle a bien fait, un jour de farfouille, de cliquer sur le site de l’OIF. Les Instituts Cervantes ne savent pas ce qu’ils ont perdu !