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Bettina Egger, passeuse de cultureS

Bettina Egger, passeuse de cultureS

9 février 2014 - par Arnaud Galy 
La maison du maître - © Moscou endiablé - Bettina Egger.
La maison du maître
© Moscou endiablé - Bettina Egger.
Bettina dédicace son "Moscou endiablé" au Festival d’Angoulême 2014.
Ph : ZigZagthèque

Bettina Egger a l’âme voyageuse. Elle trace des lignes, pas toujours droites, entre des lieux, des gens et des cultures. Un goût initié par des parents amoureux de Brel et Montand qui ne manquaient jamais une occasion de s’éclipser loin de leur Autriche natale. Elle découvrit ainsi la Bretagne, Paris ou la Provence et comprit vite que la langue française serait un outil bien pertinent pour sa vie future. Mais loin de se satisfaire de cette double culture en gestation, Bettina ajouta un chemin de traverse supplémentaire, la russophilie doublée de russophonie héritées de ses deux grands-pères ayant eu des vies russifiées ! Et là voilà partie pour des études de traduction trilingues. Un ERASMUS à Besançon enfonce le clou. Bien des étudiant(e)s auraient trouvé l’itinéraire suffisant, point Bettina ! Elle décida de poursuivre des études aux Beaux-Arts : le dessin et la gravure d’abord puis ce fut la découverte de l’incroyable richesse de la bande dessinée française. Vint alors le déclic : transmettre sa passion pour la culture russe en façonnant des bandes dessinées écrites en langue française ! L’art du cocktail !

Moscou endiablé - Bettina Egger - éditeur : Le moule à gaufres - 2013.

Boulgakov au programme...

Qui s’est déjà attaqué à la lecture du Maître et Marguerite sait qu’il faut parfois s’accrocher pour en saisir la substantifique moelle. Le soviétisme n’est point facile à décrypter et l’écriture de Boulgakov ne simplifie pas toujours la tâche. Bettina, elle, est comme un poisson dans l’eau dans l’univers et l’imaginaire des écrivains russes. Elle déguste du Boulgakov et du conte russe tous les matins au petit-déjeuner ! Alors, pourquoi ne pas écrire et dessiner une adaptation ? Hésitation. Peur que l’adaptation ne soit qu’une pâle interprétation, simplifiée et raccourcie comme il en existe tant sur le marché de la BD qui regorge d’adaptation d’œuvres littéraires. Bettina cogita puis trouva sa formule.

Trois ingrédients : des bribes de la vie de Boulgakov, une pincée d’extraits du chef-d’œuvre et un zeste d’impressions personnelles rapportées de ses voyages moscovites. Résultat : un album à l’encre et à l’aquarelle, graphiquement somptueux, entre le carnet de voyage et la fiction qui plonge le lecteur dans l’univers terrifiant de l’URSS. Empire où les familles de camarades habitent collectivement dans les kommounalka et où les fumées de cigarette se confondent à celles des samovars. Société où se croisent et s’entremêlent les commissaires du peuple et les agents de la gépéou. De cet univers glauque, rude et froid Bettina extirpe ce que les dictatures enfantent de mieux : la création artistique ! L’artiste maltraité, refoulé, frustré finit toujours par faire émerger son œuvre, dans le cas de Boulgakov c’est le génie qui émerge. Et si, pour le non-Soviétique que sera toujours le lecteur ouest européen, africain, asiatique ou américain, le Maître et Marguerite reste une œuvre opaque, Bettina réussi à nous faire croire qu’on a tout saisi ! Chapeau l’artiste...


Béhémoth joue aux échecs
Moscou endiablé - Bettina Egger.

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