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FRANCE - Nice...

FRANCE - Nice...

Une côte d’amour internationale

"Quand j’ai compris que chaque matin, je reverrais cette lumière, je ne pouvais croire à mon bonheur… je décidais de ne pas quitter Nice..." Henri Matisse.

27 mai 2012 - par Arnaud Galy 
Le port de Nice et le Kherson ukrainien - © Arnaud Galy
Le port de Nice et le Kherson ukrainien
© Arnaud Galy
Le port de Nice et le Kherson ukrainien
Ph : ZigZagthèque

Une côte d’amour internationale

"Quand j’ai compris que chaque matin, je reverrais cette lumière, je ne pouvais croire à mon bonheur… je décidais de ne pas quitter Nice et j’y ai demeuré pratiquement toute mon existence". Le peintre Henri Matisse ne fut pas le premier à apprécier la suprême harmonie entre la nature et le climat niçois. Il y a 400 000 ans, les hommes préhistoriques avaient déjà repéré l’endroit que l’on visite aujourd’hui sous le nom de "Terra Amata", la "Terre Aimée". Depuis, les Grecques, les Romains, les Sarrazins ou les Savoyards ont partagé une histoire longue de plus de 2000 ans. L’histoire plus récente est tout aussi riche en population étrangère : Anglais ou Russes au 19ème siècle trouvèrent l’endroit très agréable. Aujourd’hui, les bienheureux en villégiature sont libanais, italiens, rock star anglaises, nouveaux riches chinois et toujours russes. Pourquoi tant de passion ?

La cathédrale Ste Réparate
Ph : ZigZagthèque

Le vieux Nice, un air italien

Depuis que les Niçois ont décidé par plébiscite d’être rattaché à la France, en 1860, l’architecture et l’économie de la ville se sont profondément transformées. La vieille ville baroque inspirée par l’Italie si proche n’occupe plus qu’une petite partie de l’agglomération. C’est une sorte de triangle, chargé d’histoire, blotti entre le centre ville et la Promenade des Anglais. Les maisons affichent leurs façades jaunes, ocres ou rouges, parfois ornées de trompe-l’œil. L’histoire sarde y a laissé son éternelle empreinte. Le Palais Lascaris, le Palais des Rois Sardes ou l’ancien Sénat sont autant de fastueux témoignage d’une époque culturellement riche. A chaque coin de rue ou sur chaque place, le visiteur découvre des églises du plus pur style baroque niçois. L’extérieur de l’église du Gésu, de la Cathédrale Sainte Réparate ou des chapelles des Pénitents sont très sobres, et leurs intérieurs n’ont pas le faste des églises baroques allemandes ou espagnoles. Le Vieux Nice est un incroyable enchevêtrement de places pittoresques, de ruelles grouillantes de monde et de magasins de vêtements ou de délicieuses spécialités gastronomiques. Le parfum des épices colorées et exotiques ou des cuirs plaqués contre les murs des boutiques donnent aux rues Droite, Mascoïnat ou Sainte Réparate tous les atouts du Sud et de la Méditerranée. Les terrasses de cafés des places Rossetti ou du Palais de Justice dégoulinent d’alléchants sorbets et glaces crémeuses. Le Cours Saleya est l’attraction la plus colorée. A son entrée se tient l’Opéra, construit sur le modèle du Palais Garnier de Paris et il se termine par la maison Caïs de Pierlas habitée par Matisse de 1921 à 1938. Tous les jours de la semaine, sauf le lundi, le Cours Saleya accueille le marché aux fleurs où les roses et les œillets sont les vedettes.

Le marché aux puces, place du Palais
Ph : ZigZagthèque

Pour découvrir Nice dans son ensemble, il n’y a qu’une solution : Grimper tout en haut de la colline de l’ancien château. Les ruelles abruptes, parfois en escalier, montent vers le site historique qui abrite des ruines d’arènes romaines, le cimetière et les vestiges du château qui fut rasé en 1706. Les fouilles archéologiques montrent que le site est habité depuis le 10ème siècle avant notre ère. En marchant dans le parc au sommet de ce bloc rocheux et boisé on domine la Baie des Anges, la vieille ville et le port qui s’étendent comme un premier plan de cinéma. Plus loin la ville urbanisée est plus récente. Les bateaux qui relient Nice ou la Corse vont et viennent du port de commerce. Plus près de nous, les voiliers et les petits bateaux de pêche se dandinent au grès du vent. Un majestueux voilier à trois mats semble interdire l’entrée du port. C’est un des plus grands voiliers du monde qui est venu s’amarrer quelques jours dans ce décor digne de sa propre légende. Le "Cherson" est ukrainien, étrangement il semble un peu chez lui. L’Ukraine, comme la Russie, fait partie de l’histoire culturelle de Nice depuis le milieu de 19ème siècle.

Le musée Matisse
Photo : ZigZagthèque

Un brin d’âme russe

Pour les amoureux de promenades insolites et culturelles, l’itinéraire russe est un pur plaisir. Les palais et les rues se souviennent encore des illustres visiteurs nommés Bounine, Gogol, Lenine, Chagall, Glinka ou Tchekhov. A l’origine l’Impératrice Alexandra Feodorovna vint s’installer en 1856. Peu à peu l’aristocratie venant de Moscou, Saint Petersbourg ou Kiev s’établit en nombre. Une émigration de plaisir qui est remplacée après 1917 par une émigration politique. Une nouvelle vague slave fuit le bolchevisme. Quelques émigrés russes de première génération vivent encore aujourd’hui entourés de leurs descendants. La balade russe commence inévitablement par la Cathédrale Saint Nicolas, réputée la plus belle construite hors de Russie. Elle est située sur l’avenue Nicolas II. Achevée en 1912, l’édifice est en dans un parfait état de conservation, offrants à chacun ses coupoles dorées à la feuille d’or, ses céramiques ou ses marbres. Une chapelle commémorative est dressée derrière la cathédrale en mémoire du Grand Duc Alexandrovitch décédé en 1865 à Nice. Plus loin sur les hauteurs de la ville, dans le Parc Universitaire Valrose, on découvre une isba de bois venue de Kiev à quelques pas du château construit par le Baron balte Georgevitch von Derwies. A l’ouest du centre ville, deux monuments attirent l’attention. L’actuel Musée des Beaux Arts est un palais qui fut construit par la Princesse Vassilievna Kotschoubey. Quelques dizaines de mètre plus haut, sur le Boulevard des Baumettes, niché au cœur d’un parc boisé se tient l’Hôtel des Ollières. Cette autre folie de la "Belle Epoque" fut le théâtre d’une histoire d’amour entre le Prince Lobanov-Rostowski et la femme de l’Ambassadeur de France à Constantinople. Le Prince acheta la propriété en 1885. De retour au centre ville, rue Longchamps la petite église russe est à la fois un lieu cultuel et culturel, car elle abrite une bibliothèque. C’est un des lieux de rencontre préférés des russes d’origine ou des amoureux de la langue. Pour terminer ce parcours insolite, on peut se rendre au célèbre Hôtel Négresco qui accueillait les Princes avant la première guerre mondiale. Un gigantesque lustre de cristal de Baccarat trône sous la grande verrière. Un autre exemplaire est visible au Kremlin à Moscou !

L’église russe
Ph : ZigZagthèque

Plaisirs gourmands

Il est midi, tous les Niçois savent que le bruit de canon qui a fait sursauter les étrangers ne se fait entendre qu’à cette heure. L’origine vient de l’excentrique Lord Coventry qui rappelait ainsi l’heure du repas à sa femme distraite. C’était à la fin du 19ème siècle, mais la ville a décidé de poursuivre cette extravagance. Midi est aussi l’heure où les terrasses de restaurants se remplissent en un instant. C’est le moment de goûter aux savoureuses spécialités salées ou sucrées typiques de Nice. La Pissaladière, tarte aux oignons garnie d’anchois et d’olives qui se mange "sur le pouce". Les beignets de fleurs de courgettes que l’on doit déguster brûlants ! Les farcis de tomates, poivrons ou aubergines que les cuisiniers parfument avec du basilique. La tourte de blettes et de raisins secs que l’on trempe dans du rhum. La Socca, une grande galette de farine de poix chiche cuite au four à bois. Très poivrée, la Socca est comme la Pissaladière, un plat à l’identité niçoise très forte.

La plage de la Promenade des Anglais
Ph : ZigZagthèque

Promenade des Anglais… et des autres !

Il est loin le temps des élégantes portant robes et dentelles, abritées du soleil sous des chapeaux richement décotés. Loin aussi, le bruit des bateaux venant se reposer sur la plage. Ne parlons plus des "gentlemen" déambulant le soir au soleil couchant. Aujourd’hui, en été, la Promenade des Anglais vue par avion ressemble à un alignement de bandes colorées. Une grande bande bleue, large comme la Méditerranée ; une bande grise tapissée de gros galets qui font souffrir les pieds nus des baigneurs et tachetée du jaune ou du bleu des serviettes et des maillots de bain ; une bande grise bruyante encombrée de marcheurs, de rollers, de vélos tout terrain, de voiture et de bus ; enfin une bande majestueuse de style art déco dont les noms sont connus de monde entier, Negresco, Westminster, Royal … La promenade des Anglais est assourdissante et écrasée de chaleur, pourtant elle est incontournable. L’endroit fascine et parfois fait sourire. Si vous n’avez jamais vu de quinquagénaire en roller téléphoner en écoutant un walkman, si vous pensez qu’un manteau de fourrure ne se porte pas par 30°C, si vous aimez les chiens miniatures vêtus comme des poupées Barbi, si vous aimez voir atterrir les avions sous votre nez … allez sur la Promenade ! Oui allez-y car, malgré cela, on ne peut s’en dispenser. Tout au bout, en allant vers le Port, la vue est splendide. En fermant les yeux et en éliminant tous les désagréments sonores ou visuels on peut très bien imaginer pourquoi en 1822, le révérend Lewis Way fit construire un chemin de deux mètres de large le long de cette Baie des Anges. Après le rattachement de Nice à la France, la communauté aristocratique et bourgeoise anglaise se fait encore plus importante. On planta des palmiers, construisit une chaussée et des trottoirs, l’aménagement du chemin transforma le paysage. Entre la fin du 19ème et le début du 20ème, les grands hôtels poussèrent comme des champignons. Ils sont aujourd’hui l’image internationale de Nice, définitivement classée parmi les villes ensoleillées, riches et fastueuses. La Côte d’Azur a encore de belles journées devant elle.

La Promenade des Anglais et le Negresco
Ph : ZigZagthèque

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