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MADAGASCAR - Clap de fin pour Ketaka Razafimisa

MADAGASCAR - Clap de fin pour Ketaka Razafimisa

24 avril 2015 - par Arnaud Galy 
Ketaka Razafimisa et Stéphanie Razakaratrimo - © Tony Rakoto
Ketaka Razafimisa et Stéphanie Razakaratrimo
© Tony Rakoto

Est-ce que la vie est un film ? Pour d’autre le film devient un vrai cauchemar, un film d’horreur, d’épouvante même, c’est un film que je ne regarderai jamais, mais là tout d’un coup ce film-là est une grande claque dans ma gueule, et je ne peux que l’accepter. Raymond Rajaonarivelo, Parrain à vie des RFC.

Consternation au bureau des Rencontres du Film Court ce 22 avril en apprenant la disparition subite de la réalisatrice Ketaka Razafimisa dont le film, Her Little Piece of Heaven, est en lice dans la catégorie fiction, au programme ce soir-même. Une personne « qui respire la joie de vivre » selon ses proches. Et pourtant…

L’information se propage sur Facebook. Les profils se colorient en noir et les messages de condoléances arrivent à flot sur la page de Ketaka. Les photos de la réalisatrice prises avec ses amis inondent FB. «  Que s’est-il passé ? » se demandent les uns. « Un geste incompréhensible ! » soupirent les autres. Incompréhension, effondrement, sidération.

Elle présente son deuxième film en compétition cette année après un Fashion Victim qui abordait le diktat de l’apparence. Dans Her Little Piece of Heaven, elle bouscule dans un coming-out à peine voilé. Dans sa manière d’aborder frontalement la sexualité, c’est un nouveau verrou qu’elle a réussi à faire sauter.
Le cinéma malgache naissant vient de perdre une réalisatrice promise à un brillant avenir. Ce qui fait encore plus mal, c’est qu’elle fait partie des rares femmes réalisatrices qui émergent dans un milieu dominé par des hommes.
Toute l’équipe des Rencontres du Film Court s’associe à la douleur de la famille et des amis de Ketaka Razafimisa et leur présente ses sincères condoléances.

L’équipe de RFC Vaovao



Her little Piece of Heaven
Un vibrant hommage à Ketaka Razafimisa, moment fort de la journée du 22 avril. Les amateurs de septième art se sont retrouvés à l’IFM pour découvrir le dernier film de la réalisatrice.
Atmosphère électrique. Les visages expriment un abattement général. La perte de Ketaka Razafimisa a créé une sidération qui s’est ressentie dans toute la salle. Oubliant un instant le drame, le public s’est plongé dans son film. Her Little Piece of Heaven relate une vie occultée. À le voir, nul ne peut rester indifférent : certains sont dans le déni, d’autres adhèrent, les avis divergent.

Miora Rabarisoa (musicien) : Avant, j’avais juste entendu parler du film. Aujourd’hui, c’est une très grande surprise pour moi parce que je ne m’y attendais pas du tout. Je ne sais pas d’où vient son inspiration, mais personnellement, je ne la reconnais pas dans le film. Je pense qu’elle a réalisé ce film dans le but de revendiquer une certaine valeur féminine.

Tahina Rakotoarivony (artiste peintre) : Elle a mis en évidence le coté féministe, ce qui apporte un vent nouveau dans le monde du cinéma malagasy. Je pense qu’elle a voulu montrer l’image d’une femme libre. Dans la société malgache, des sujets comme l’homosexualité, le désir de la femme ou encore la bisexualité sont considérés comme tabou. Pourtant, Ketaka a abordé le sujet d’une manière directe. Justement, cette audace dynamise ce film.

Fidy Mahefa (producteur du film) : Pour ma part je trouve que Ketaka a raconté ses ressentis dans ce film. D’après ce qu’elle racontait, c’est tout à fait autobiographique. Il lui arrivait de se confier sur une partie de sa vie, et moi je retrouve quelques scènes qu’elle a pu vivre dans Her Little Piece of Heaven. Peut-être que quelque part, elle aussi avait une face cachée, comme le personnage de son film.

Propos recueillis par Zo Toniaina

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