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SLOVÉNIE - Retour sur l’année 2015-2016

SLOVÉNIE - Retour sur l’année 2015-2016

24 novembre 2015 - par Nataša Laporte 

POLITIQUE

C’est l’heure de la reprise pour ce petit pays alpin ex-yougoslave. Après des crises politiques et socio-économiques successives, ce membre de la zone euro a renoué l’an dernier avec la croissance. Mais beaucoup reste à consolider, notamment les finances publiques, plombées par le sauvetage, fin 2013, de plusieurs banques d’État. Un défi pour le nouveau gouvernement de Miro Cerar (centre-gauche), investi à l’automne 2014, après la victoire de ce novice en politique aux élections législatives anticipées.

Miro Cerar, vainqueur des élections législatives anticipées de juillet 2014 (Site du Premier ministre - D. Novakovic, STA)

C’est à un novice en politique que les Slovènes confiaient le destin de leur pays en juillet 2014. Miro Cerar, spécialiste du droit constitutionnel et fils d’un gymnaste médaillé olympique, entré en politique à peine quelques semaines avant les élections législatives anticipées, remportait une large victoire avec près de 35 % des voix, devant le Parti démocratique slovène (SDS, droite) qui a obtenu 20 % des suffrages. Un scrutin intervenu dans une Slovénie secouée par des revirements politiques successifs et sévèrement touchée par la crise économique. Investi par le parlement en septembre dernier, son gouvernement de centre-gauche, composé du Parti de Miro Cerar (SMC), le Parti des retraités DeSUS et les Sociaux démocrates (SD), est devenu ainsi le quatrième gouvernement slovène depuis le début de la crise financière mondiale en 2008.

Sa tâche principale : tenter de redresser les finances publiques, plombées un an plus tôt par le sauvetage de plusieurs banques d’État, et relancer la croissance économique dans ce pays considéré anciennement comme élève modèle de la zone euro. C’est non sans quelques difficultés que la nouvelle équipe a pris les rênes du pouvoir. Seulement un mois après sa nomination, le ministre de l’Économie s’est vu contraint de démissionner suite à une enquête antitrust liée à une entreprise qu’il avait dirigée. Au printemps dernier, ce sont deux autres ministres, celui de la Défense et celui de l’Éducation, qui ont été relevés de leurs fonctions : le premier pour avoir commandité aux services de renseignement une analyse des implications de la vente de l’opérateur public des télécommunications à un acheteur étranger ; le deuxième, en raison des soupçons de plagiat pesant sur sa thèse.
Un autre rebondissement sur la scène politique a de son côté fait revenir sous les projecteurs le président du Parti démocratique slovène (SDS, droite) et ancien Premier ministre Janez Jansa : l’annulation de sa condamnation par la Cour constitutionnelle pour erreurs de droit, renvoyant l’affaire en première instance, et sa libération de prison où il avait passé neuf mois.
Autre actualité politique, les élections municipales se sont déroulées sans grande surprise, avec la reconduction de nombre de maires sortants, dans le cadre d’une abstention aux élections locales record (à peine plus de 43 % des électeurs se sont déplacés aux urnes). La majorité des maires élus sont des candidats indépendants, tandis que le SDS est arrivé en deuxième position (17 %). Quant au SMC, parti du Premier ministre Miro Cerar, il n’a décroché aucune municipalité.

ÉCONOMIE

Après deux années de récession, l’heure est bel et bien à la reprise, même si celle-ci commence à ralentir. Si en 2013, le PIB de ce pays exportateur affichait un recul de 1 %, en 2014 il a crû de 2,6 % et devrait augmenter de 2,3 % l’année prochaine, selon les dernières prévisions de la Commission européenne. Principal moteur de l’économie slovène, les exportations ont grimpé d’environ 7 % entre mai 2014 et mai 2015. Une amélioration qui se reflète dans les statistiques du chômage : celui-ci a enregistré une baisse, passant de 9,6 % en juin 2014 à 9,2 % en juin de cette année.
Mais seize mois après la recapitalisation massive des banques publiques croulant sous les créances douteuses, ce qui avait fait exploser le déficit à près de 15 % en 2013, la consolidation des finances publiques — qui affichaient en 2014 un déficit de 4,9 % et une dette publique de 81 % du PIB — demeure un objectif majeur pour le gouvernement. Pour renflouer les caisses de ce pays dont 50 % de l’économie reste propriété de l’État, le gouvernement de Miro Cerar a relancé la privatisation de quinze entreprises publiques. Et ce malgré l’impopularité de la mesure : d’après un sondage du quotidien Delo en janvier dernier, 44 % des Slovènes sondés étaient contre les privatisations, tandis que 36 % se disaient favorables. Quatre de ces entreprises ont d’ores et déjà été vendues. Quant à la vente de Telekom Slovenija, la plus importante des quinze privatisations, elle a récemment été annulée suite au retrait du seul candidat en lice, le fonds de capital-investissement britannique Cinven. Autre mesure phare, Ljubljana vient de se doter d’une nouvelle loi fiscale visant à lui permettre de réduire progressivement sa dette et d’atteindre un budget structurel en équilibre à l’horizon 2020, comme exigé par la Commission européenne.

SOCIÉTÉ

Une nouvelle législation, dans un tout autre domaine, a également fait la une. La Slovénie s’est en effet dotée, au printemps dernier, d’une nouvelle loi autorisant le mariage entre personnes de même sexe et leur reconnaissant les mêmes droits qu’aux couples hétérosexuels, y compris en matière d’adoption. De quoi provoquer la colère de certaines formations conservatrices, décidées à bloquer la loi par un référendum. Mais le parlement a retoqué leur demande, arguant qu’un référendum mettrait en péril les droits constitutionnels fondamentaux. Et les adversaires du mariage homosexuel de porter l’affaire auprès de la Cour constitutionnelle qui doit encore rendre sa décision en la matière. Un référendum sur la question a d’ailleurs déjà eu lieu en Slovénie en 2012 : les Slovènes étaient alors 55 % à avoir rejeté le mariage homosexuel, dans un contexte toutefois de très faible participation.

CULTURE

Le prix français du Meilleur livre étranger 2014 est revenu à un Slovène. C’est en effet à Drago Jancar, écrivain originaire de Maribor, que ce prix a été décerné pour son roman « Cette nuit, je l’ai vue », traduit en français par Andrée Lück-Gaye et paru en France aux éditions Phébus. Le récit, qui fait intervenir cinq narrateurs, est celui de la disparition mystérieuse d’un couple, dans une Europe centrale à l’heure de la Deuxième Guerre mondiale.
Autre auteur slovène célèbre, le philosophe Slavoj Zizek a publié en début d’année sa première pièce de théâtre, « Antigone », dans le sillage de la tragédie grecque du même nom, et dont l’avant-première devrait avoir lieu en 2016 au Théâtre national de Zagreb en Croatie. Surnommé par le magazine conservateur américain New Republic «  le philosophe le plus dangereux de l’Occident », Zizek, penseur à la confluence de Marx et de Lacan, y propose trois variantes, trois différentes issues, du dilemme entre Antigone et Créon, dont une où le chœur revêt un rôle révolutionnaire.

Collectif Neue Slowenische Kunst (« Moderna galerija » - Modic)

Une grande rétrospective, qui a lieu de mai à août 2015 à la Galerie moderne à Ljubljana, intitulée « Neue Slowenische Kunst – Du Capital au capital », présente quant à elle les œuvres originales et des documents liés au parcours de Neue Slowenische Kunst, collectif artistique controversé, mais incontournable de la scène alternative slovène, créé dans les années 80. Mouvement d’avant-garde composé au départ du groupe de musique expérimentale Laibach, du collectif dans le domaine des arts visuels Irwin et de la compagnie de théâtre Gledalisce sester Scipion Nasice, le NSK mêle peinture, théâtre, design, performances, philosophie… dans une nouvelle forme d’art provocante, jouant avec des symboles totalitaires et critiquant l’idéologie en s’en prenant au socialisme comme plus tard au capitalisme. Fêtant cette année son 35e anniversaire, Laibach a orchestré une première dans l’histoire du rock : le groupe devrait se produire en Corée du Nord, à l’occasion du 70e anniversaire de la fin de la colonisation japonaise. Le rendez-vous est d’ores et déjà donné les 19 et 20 août prochains, au Conservatoire de Pyongyang.

Nataša Laporte
Pigiste
natasa.laporte@gmail.com

Photo du logo : Flickr - Andrea Diener

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