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SUISSE - Sylviane Friederich, libraire solidaire !

SUISSE - Sylviane Friederich, libraire solidaire !

Dans le sillage de l’Association Internationale des Libraires Francophones

L’AILF fête ses 10 ans ! Une décennie au service des libraires francophones du monde entier. Sylviane Friederich, nouvelle présidente de l’association, est libraire à Morges, en Suisse.

11 avril 2012 - par Arnaud Galy 
Sylviane Friedrich, présidente de l’AILF - © Anne Laure Walter
Sylviane Friedrich, présidente de l’AILF
© Anne Laure Walter
Sylviane Friedrich, présidente de l’AILF
Ph : Anne Laure Walter

Sylviane Friederich, vous êtes la nouvelle présidente de l’AILF, quel parcours vous a conduit là ?

Je suis libraire à Morges, dans le canton de Vaud, en Suisse Romande, depuis 1978. En 2003, j’ai installé la librairie dans une ancienne quincaillerie qui offre un espace de 200 m² qui sont aménagés en salon meublé et chaleureux... « La Librairie » est la seule... librairie généraliste de Morges et nous proposons autant la littérature que la politique, les sciences humaines que la jeunesse. Seule exception, la bande dessinée, du fait de la présence d’une librairie spécialisée en ville. Il est iutile de se concurrencer.

L’ensemble est-il strictement francophone ?

Presque oui ! Nous répondons aux demandes germanophones en passant des commandes précises et nous avons un choix anglophone pour satisfaire les expatriés travaillant dans la région.

Revenons à votre engagement au sein de l’AILF...

Je fais partie des membres fondateurs de l’association. En 2001, j’étais à Beyrouth parmi les 40 libraires qui en ont jeté les bases. J’ai toujours été sensible aux échanges Nord-Sud et il me semble que cet engagement à l’AILF est porteur d’actions concrètes sur ce plan. J’ai été la secrétaire générale de l’AILF et donc, depuis quelques jours... présidente.

En un mot, quelle est la mission première de l’AILF ?

La solidarité ! Les adhérents de l’association sont issus de pays économiquement et politiquement fort différents. Au quotidien le travail d’un libraire suisse, québécois ou français a peu à voir avec celui d’un tchadien, d’un malien ou d’un égyptien... J’ai souvent été présente sur des salons du livre au Sénégal, au Maroc ou au Liban et la confrontation avec les réalités de mes confrères a forgé ma conviction qu’il fallait organiser un réseau de solidarité. Fédérer, échanger, former... voilà ce que le Nord peut proposer au Sud sans que cela signifie que le Nord impose au Sud...

Quels sont les principaux obstacles rencontrés par vos confrères du Sud ?

Trois obstacles majeurs... D’abord le pouvoir d’achat des populations pour qui le livre n’est pas une priorité. Je me souviens d’un salon du livre à Dakar pendant lequel un étudiant sénégalais était simplement venu chercher le catalogue des parutions universitaires suisses. Je l’ai retrouvé l’année suivante, il venait acheter un livre avec son année d’économie soigneusement rangée dans une enveloppe... Cela pose le problème de l’accès à la connaissance et par conséquent le problème de la survie des libraires. Certains parviennent à s’en sortir grâce à la vente de livres scolaires ou avec les achats effectués par les réseaux culturels étrangers comme les Instituts Français ou les écoles françaises mais là encore le fait n’est pas partout acquis. Certains confrères peuvent compter sur la marge de population aisée mais cela ne vaut pas pour tous. Enfin, les conditions d’acheminement des livres sont une source de difficultés notable. Ce qui prend deux à trois jours en Suisse peut durer deux ou trois mois en Algérie ou au Togo. Enfin, pour certains pays comme la Tunisie, l’Égypte, et peut-être bientôt le Mali, les difficultés politiques conduisent à une impressionnante baisse de fréquentation touristique. C’est là une part non négligeable des ventes qui diminue... je pense à ma collègue place Tahir et en général à ceux qui travaillent au Caire, entre les événements liés à la révolution et leurs conséquences sur le tourisme, ils souffrent beaucoup.

Comment percevez-vous l’irruption du livre numérique ?

Il est certain que nous sommes dans une période charnière entre le papier et le numérique mais à l’AILF nous devons penser à ceux qui n’ont pas l’accès permanent à l’internet, à ceux qui ne peuvent s’offrir le matériel et les forfaits de connexion ou à ceux qui vivent sous la contrainte permanente de coupures d’électricité ! Attention à ne pas pénaliser, encore davantage, le lecteur du Sud. Si le livre papier est un luxe pour beaucoup, que dire de la liseuse numérique ! Pour nous l’avenir est au papier !

Concrètement, fincièrement...pouvez-vous aider les libraires en difficulté ?

Pas directement mais les partenaires de l’AILF en ont la capacité. Récemment le Centre National du Livre a soutenu financièrement des libraires tunisiens et égyptiens... Cela dit, nous devons nous tourner vers le mécénat afin d’accroître notre capacité de solidarité. Pourquoi pas impliquer des éditeurs ? C’est une réflexion en cours...

Revenons à Morges et au « Livre sur les quais » dont vous êtes une des chevilles ouvrières !

C’est une toute jeune manifestation qui dès sa première édition, en 2010, a connu un encourageant succès. Ce sont deux jours de rencontres autour des auteurs qui se déroulent sous un chapiteau monté sur la berge du lac Léman. L’année passée nous avions conviés 250 écrivains, dont l’immense majorité était francophone et nous avons accueilli 35000 visiteurs-lecteurs dont 3000 élèves venus suivre le programme jeunesse que nous avions concocté. En 2012, la présidente d’honneur sera Nancy Huston et la région invitée sera Bruxelles et la Wallonie qui succèdera au Québec, invité en 2011.

L’édition 2012 aura lieu...

Du 7 au 9 septembre... Avis aux amateurs !

Lire l'article sur Tout savoir sur le Livre sur les quais 2012...

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