Ambiance
Laurent Chevalier est nutritionniste à l’hôpital de Montpellier. Son dernier livre bouscule les idées reçues concernant les régimes alimentaires. Il dénonce les attitudes irresponsables des industriels de l’alimentation, il fustige la qualité et la quantité des emballages puis s’enthousiasme des mouvements citoyens dans le monde qui traduisent une reprise en main collective... Ce soir, il est l’invité de « Coup de pouce pour la planète ». Face à lui, David Delos questionne, s’étonne et surtout écoute. Il n’est pas là pour piéger son invité. Le journaliste est à l’image de l’émission qui « cartonne » sur TV5 : sérieux sans se prendre au sérieux !
- Frantz Vaillant, David Delos et Laurent Chevalier sur le plateau avant le top départ
- Ph : ZigZagthèque
Une émission bien plantée !
Sur le plateau de « Coup de pouce pour la planète » pas de blabla, pas de langue de bois ni de contorsions sémantiques : « Nous ne recevons pas d’invités politiques, nous n’allons pas sur les grands sommets internationaux comme celui de Copenhague, nous préférons recevoir des acteurs de terrain du développement durable, des gens qui ont la flamme ! ». Frantz Vaillant, le producteur pose ainsi la ligne de conduite de son émission. « Nous aimons les gens qui brillent... par leur humanité et leur générosité... ceux qui sont animés par leur plaisir et leur volonté propre, ceux qui montrent que l’on peut agir même sans gros moyens... » poursuit-il pour enfoncer le clou. Fidèle à la vocation de TV5, « Coup de pouce pour la planète » propose une vision internationale et francophone. Un équipe réduite de journalistes et de monteurs constitue le noyau dur, épaulée dès qu’une occasion se présente par des confrères suisses, canadiens ou belges. Qui dit diversité des provenances dit diversité des tons : la rigueur des reportages suisses ; l’aspect didactique des sujets canadiens et l’humour parfois insolent des belges ! Une liberté de ton permise grâce à l’autonomie financière de l’émission. « Coup de pouce » est financée à 100% par TV5, sans l’apport de sponsors ! « Nous pouvons traiter tous les sujets comme les dangers de la téléphonie mobile, les risques inconsidérés de l’extraction du gaz de schiste ou les scandales autour du nucléaire... ». 26 minutes hebdomadaires qui deviennent, pas à pas, un vrai caillou dans la chaussure de ceux qui polluent, mentent et mettent sciemment en danger la vie d’autrui.
Impliquer la jeunesse
Il y a quelques mois, Frantz Vaillant a proposé aux écoles françaises du réseau de l’AEFE* une idée de concours aussi simple que périlleuse. Simple car elle tenait en une poignée de mots : « Pensez à une initiative de développement durable, filmez là, TV5 s’occupe du montage et nous diffusons. » Périlleuse car le risque était grand de voir arriver des vidéos techniquement peu compatibles avec les nécessités d’une chaîne telle que TV5. Mais Frantz Vaillant est joueur, enthousiaste et convaincant ! En quelques semaines 13 propositions sont arrivées sur son bureau parisien. Elle venaient du Mexique, de Singapour, des Seychelles, du Liban, du Burkina Faso... « Quelle émotion pour nous ! Toutes les initiatives avaient un réel intérêt et le document vidéo envoyé permettait de produire un vrai clip de 2, 3 ou 4 minutes ».
Le Burkina Faso mène la danse
Cette semaine, le concours a pris fin. Vainqueur : le Burkina Faso. « … Ce qui prouve que le développement durable n’est pas un problème de pays riches. Dans un environnement défavorisé, les gamins sont conscients de ce à quoi ils sont confrontés. Ils sont fatigués par la pollution générée par leurs parents. Au Burkina Faso, la classe a monté un film autour de la pollution causée par les sacs plastiques... les sacs sont ingérés par les chèvres qui en meurent, c’est simple non ?! Aujourd’hui le film est regardé dans toutes les écoles du Burkina Faso, les enfants et la société civile donnent des leçons aux états ! ». Les élèves de cette classe du Burkina Faso n’étaient certes pas les mieux équipés, comparés à ceux d’autres écoles implantées dans des lieux plus privilégiés, mais leur inventivité, leur énergie et leur pertinence a séduit l’équipe de « Coup de pouce ». Cela dit, au delà du résultat brut du concours, la satisfaction vient de la participation active de tous ces jeunes. Aux Seychelles ils nettoient la mangrove ; à Singapour ils trient les piles ; en Bulgarie ils entretiennent un gite de montagne, au Mexique ils recyclent du papier... « Ils ont tous découvert la magie de faire quelque chose... sans argent à gagner, juste pour le plaisir de faire, sans discours de culpabilisation, sans contraintes... ». Sérieux sans se prendre au sérieux... Durable quoi !
- Dans la régie...
- Ph : ZigZagthèque