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HONGRIE - Retour sur l’année 2017

HONGRIE - Retour sur l’année 2017

28 janvier 2018 - par Dávid Szabó 
 - © Flickr - J.A. Alcade
© Flickr - J.A. Alcade

POLITIQUE ET ÉCONOMIE

Les élections législatives de printemps 2018 s’approchant, l’année semble se dérouler sous le signe de campagnes « publicitaires » du gouvernement de droite de Viktor Orbán, menées avec l’objectif de resserrer les liens entre les fidèles de la coalition entre le Fidesz (le parti du Premier ministre) et les chrétiens-démocrates, et d’empêcher l’opposition de recentrer le débat autour de questions d’une importance réelle. Un référendum sur la relocalisation des migrants en Europe, initié par le gouvernement à l’automne 2016 et invalidé en raison d’une participation insuffisante, a été suivi par une campagne dont les affiches géantes invitaient la population hongroise à « arrêter Bruxelles », accusée de vouloir établir des migrants dans le pays. Cette campagne a été complétée, à la fin du mois de mars 2017, par une nouvelle « consultation nationale » : il s’agit d’envoyer par courrier à tous les électeurs des questionnaires dont les questions pleines de démagogie voire de mensonges, n’admettent généralement qu’une seule réponse correspondant au message véhiculé par la campagne gouvernementale.


Budapest, une ville lumière à la face parfois sombre - Ph : Flickr - Thomas D Morkenberg

En guise d’illustration, voilà une des questions de la consultation de mars dernier : « Des attaques terroristes se sont succédé récemment en Europe. Malgré cela, Bruxelles veut forcer la Hongrie à laisser entrer des immigrés illégaux. Selon vous, que doit faire la Hongrie ?
a. Pour la sécurité des Hongrois, les immigrés illégaux doivent être placés sous surveillance en attendant que les autorités prennent une décision à leur sujet.
b. Laissons les immigrés illégaux se déplacer librement en Hongrie.(1) »

Quelques remarques s’imposent : les liens entre la vague migratoire et le terrorisme sont loin d’être évidents, la plupart des réfugiés n’étant pas des terroristes, mais des gens fuyant le terrorisme, et la plupart des terroristes étant nés sur le sol européen. Bruxelles n’a jamais forcé la Hongrie à accepter des migrants illégaux, étant donné que les migrants relocalisés par l’Union européenne ne peuvent plus être considérés comme illégaux, sans oublier que selon toute probabilité, le gouvernement hongrois avait voté cette mesure à Bruxelles.

La consultation nationale a été suivie au printemps par une attaque gouvernementale contre la CEU (Université d’Europe centrale – voir aussi le chapitre sur l’éducation), une université privée prestigieuse fondée par le milliardaire américain d’origine hongroise, George Soros. La fondation Soros avait considérablement contribué, dès les dernières années du régime communiste, à la démocratisation de la société hongroise en soutenant des ONG , des partis démocratiques (dont le Fidesz) et en offrant des bourses (notamment celle qui a financé le séjour d’Orbán à Oxford). La loi visant l’université fondée par Soros a été votée parallèlement à des attaques contre des ONG « soutenues depuis l’étranger ». Peu de temps après, c’était déjà Soros en sa personne qui était visé : cette campagne commencée l’été dernier – complétée d’une nouvelle consultation nationale, et accusant Soros de manipuler Bruxelles et de vouloir établir des millions de migrants en Europe – n’est pas exempte d’un antisémitisme primaire. Construite autour de l’image d’un vieil homme (dont les origines juives sont bien connues) riche et « manipulateur », cette campagne essaie d’attribuer à Soros un « plan » qui, selon toute probabilité, n’a jamais existé.


Le président Orban, une certaine idée de l’Europe - Ph : wikimedia commons - Presse présidence russe

Le gouvernement hongrois dépense sans compter l’argent des contribuables pour financer des campagnes sans fondement auxquelles lui-même ne croit sans doute pas. Pourquoi ? Pour mobiliser ses fidèles, monopoliser le discours public et empêcher l’opposition très faible et fragmentée de recentrer le débat autour de questions autrement plus importantes telle l’introduction de l’euro en Hongrie. L’opposition n’arrive que très rarement à organiser des campagnes efficaces – il faut néanmoins citer ici celle du jeune parti Momentum qui a obligé Budapest, au début de l’année 2017, à retirer sa candidature aux Jeux olympiques.
Les sympathisants du Fidesz représentent à peu près un tiers des électeurs hongrois. Mais le parti a de très bonnes chances de remporter (largement) les prochaines élections compte tenu du taux élevé d’absentéisme (généralement autour de 40 %) et de la fragmentation de l’opposition en manque de véritable leader.
Pourtant, l’économie hongroise semble en bonne santé, la croissance économique devrait être de 3,9 % pour l’année 2017. Mais il ne faut pas oublier que ce chiffre serait sensiblement inférieur sans les subventions attribuées au pays par l’Union européenne que la Hongrie d’Orbán ne cesse de critiquer en oubliant qu’elle en fait partie.


L’Université d’Europe centrale dans la tourmente - Ph : Flickr - CEU / Daniel Vegel

ÉDUCATION

L’année 2017 aura été marquée par la loi dite « CEU ». En effet, le 4 avril le parlement hongrois votait, selon un dispositif accéléré, une modification de loi controversée dont le texte stipule que les universités à financement étranger en Hongrie ne peuvent y opérer qu’une fois que le pays d’où proviennent les fonds a signé un accord intergouvernemental avec la Hongrie. Il exige par ailleurs que l’établissement dispose d’un campus dans le pays d’origine de son financement.
L’adoption de cette nouvelle législation visait tout particulièrement la CEU (l’Université d’Europe centrale) qui ne remplissait aucun de ces deux critères.
L’établissement anglophone a été créé, en 1991 à Budapest, par l’homme d’affaires et milliardaire américain George Soros. Celui-ci est accusé par le gouvernement hongrois d’utiliser son réseau d’associations tentaculaire afin d’intervenir dans le fonctionnement de ses institutions démocratiques et spécialement la CEU pour influencer les élites du pays.
Les menaces pesant sur l’établissement ont suscité un vaste mouvement de mobilisation : entre 60 000 et 80 000 manifestants, jeunes pour la plupart, qui ont exprimé leur « ras-le-bol » à l’égard du gouvernement souverainiste de Viktor Orbán et qui ont défilé à plusieurs reprises pour protester contre la loi. Plus de 900 universitaires du monde entier, dont 18 prix Nobel, ainsi que de nombreux responsables politiques, notamment européens et français, ont exprimé leur préoccupation en signant une pétition visant à revenir sur cette loi.

Devant une telle mobilisation, un « accord de principe » aurait été trouvé en septembre entre les autorités hongroises et américaines pour le maintien de l’Université d’Europe centrale dans la capitale de la Hongrie. Depuis, le gouvernement hongrois a décidé d’augmenter d’un an le délai accordé aux universités pour leur mise en conformité avec la loi sur l’enseignement supérieur, reculant la date butoir à janvier 2019 et repoussant la résolution de ce sujet épineux après les élections de 2018.

Côté enseignement du français, le nombre d’apprenants en Hongrie a légèrement diminué dû à la baisse démographique. La qualité de l’enseignement a cependant été récompensée par le Ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères qui a maintenant décerné le label d’excellence „LabelFrancEducation » à l’ensemble des 9 sections bilingues que compte la Hongrie.
N’oublions pas de mentionner l’annuelle Université d’été à destination d’une centaine d’enseignants de français, qui se pérennise avec la tenue de sa sixième édition du 3 au 7 juillet 2017 à l’Université d’ELTE et à l’Institut français en Hongrie, en partenariat avec l’Association Hongroise des Enseignants de Français. Notons que sur les 104 participants de cette année, un tiers venait des pays de la région (8 pays étaient représentés : Autriche, Pologne, Slovaquie, Slovénie, Kosovo, Ukraine, République-Tchèque, Roumanie). L’Université d’été de Budapest prend une dimension internationale qui se renforce au fil des années.


L’université d’été organisée par l’Université d’ELTE et l’Institut français - Ph : Page fB de L’IF de Budapest

CULTURE

La culture francophone en Hongrie est surtout représentée lors du Festival de la Francophonie au mois de mars, avec le soutien des Ministères hongrois des Affaires étrangères et des Ressources Humaines, qui ont accordé leur confiance à cet événement regroupant diverses manifestations de grande envergure sur l’ensemble du territoire. Plusieurs orientations sont à souligner pour cette 17e édition.
Tout d’abord, le festival des Journées du Film Francophone (JFF) reste une institution. Il a lieu cette année à Budapest et dans 11 villes de province : une de plus que l’an dernier. La sélection de 29 longs-métrages, combinant des films destinés au grand public et des films d’art et d’essai (dont 8 avant-premières), a rassemblé 7 000 spectateurs venus apprécier les films proposés par les 6 Ambassades partenaires (Belgique, Canada, France, Maroc, Suisse et Roumanie).

La musique était également à l’honneur avec le concert électro du trio français 2 HOMS, les concerts de musique classique à l’instar du concert baroque Rameau : Les Indes galantes au Müpa Budapest ou les concerts jazz d’Erik Truffaz et de Richard Galliano & Ron Carter.
Côté expositions, nous retiendrons l’exposition itinérante Objectif sport qui aura parcouru tout le pays en passant à l’institut français de Budapest, dans les Alliances françaises, les sections bilingues et quelques lycées de Hongrie.
N’oublions pas de souligner par ailleurs l’importance des concours nationaux organisés à l’intention des apprenants de français et qui permettent à certains de gagner des voyages dans des pays francophones (Belgique, Égypte, France) : le Concours national et le Concours interrégional (regroupant les pays du V4) de la chanson francophone à l’Institut français de Budapest, la Journée de simulation sur le droit de vote et le rôle de l’OSCE au Lycée bilingue Kölcsey Ferenc, la Grande Dictée francophone du Centre Interuniversitaire d’Études Françaises, concours de karaoké, etc.
Enfin, nous pouvons ajouter qu’outre le mois de la francophonie, les événements se multiplient à Budapest comme les concerts de Jean–Michel Jarre en novembre 2016 et de Mireille Mathieu en mars 2017 et la soirée de la Fête nationale française qui a vu se produire, entre autres, la chanteuse hongroise Boggie (qui avait participé au concours de l’Eurovision il y a deux ans) sans oublier que l’Institut français est partenaire du Budapest Rooftop Cinema qui a présenté une sélection originale de films pendant l’été.

Sources :
24.hu
http://ambafrance-hu.org (site de l’Ambassade de France en Hongrie)
hvg.hu
index:hu


Géographie
La République de Hongrie est un pays d’Europe centrale, entouré par l’Autriche, la Slovaquie, l’Ukraine, la Roumanie, la Serbie, la Croatie et la Slovénie.

Histoire
Vers 896 Arrivée des Hongrois dans le bassin des Carpates
1000 Couronnement d’Étienne Ier, premier roi chrétien
1458-90 Épanouissement de l’humanisme et de la Renaissance sous le règne du roi Matthias
1526 L’armée hongroise est écrasée par les Turcs à Mohács, le pays perd progressivement son indépendance au profit des Habsbourg et de l’empire ottoman
1686-99 Toute la Hongrie tombe sous domination autrichienne
1848-49 Révolution et guerre d’indépendance écrasées par l’Autriche avec l’aide du tsar russe
1867 Création de la monarchie austro-hongroise
1920 Deux tiers de son territoire sont enlevés à la Hongrie par le traité de Trianon
1947-49 Le parti communiste prend progressivement le pouvoir
1956 Les « événements de Budapest », révolte écrasée par l’armée rouge
1958 Exécution de l’ancien premier ministre Imre Nagy
1963-88 Libéralisation progressive du régime communiste
1989 Chute du régime communiste, proclamation de la République de Hongrie
1999 La Hongrie rejoint l’OTAN
2004 La Hongrie entre dans l’UE et intègre l’OIF comme état observateur

Dávid Szabó
Directeur du Centre inter-universitaire d’études françaises
Université Eötvös Loránd Budapest
dszabo@ludens.elte.hu

Avec le concours de
Olivier Dubert
Directeur adjoint du CIEF


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