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Isabelle Hubert

Isabelle Hubert

5 mars 2019 - par Arnaud Galy 
© Arnaud Galy - Agora francophone
© Arnaud Galy - Agora francophone

Isabelle Hubert habite la ville de Québec. Mini-portrait de l’auteure qui s’attaque à la réécriture des Fourberies de Scapin. Lequel Scapin ne tarde pas à se voir transformé en "bum", expression québécoise qui pourrait se traduire par "loubard" dans le vocabulaire du chanteur français Renaud.


Tout a commencé en 1983, le jour où ses parents achetèrent un magnétoscope. (Pour les plus jeunes lecteurs, un magnétoscope est un instrument d’électroménager qui servait jadis à enregistrer les programmes de télévision* sur de grosses cassettes que l’on appelait VHS. La télévision est l’ancêtre du téléphone intelligent, elle permettait de voir le monde sur un écran de grande taille.) Cet engin que l’on ne trouve plus aujourd’hui que dans les brocantes lui permit d’enregistrer une pièce de théâtre programmée à ladite télévision : Les Fourberies de Scapin écrite par Molière.

Elle avoue de bonne grâce avoir visionné la cassette plus de 2500 fois tant elle eut le coup de foudre pour la pièce. Peut-être exagère-t-elle un brin ? Qu’importe, sa vocation pour le théâtre est née à ce moment précis. Son enthousiasme la conduisit à vouloir embrasser le métier de comédienne, mais, quelle ingratitude, les écoles de théâtre ne voulurent point d’elle. Légèrement têtue, la jeune femme se replia sur l’écriture qui elle, l’accepta dans le monde des auteurs. Une « période maman » coupa quelque peu son élan : « une résignation de sainte femme » comme elle aime à le dire. Mais le temps passant et le théâtre ne la quittant pas, elle reprit de plus belle ses envies d’écriture.

Ainsi, plus de deux décennies plus tard la voilà ici, au château de Brunów, immergée dans la Résidence 10 sur 10, à plancher sur la réécriture des Fourberies de Scapin. Avec un enthousiasme, non dissimulé, comme les montrent les photos ci-contre (!), Isabelle déroule le tapis rouge au personnage vedette de la farce de Molière. Comme la plupart de ses compagnons de résidence, Isabelle, s’est interrogée sur la manière d’aborder sa réécriture. Ne pouvant se décider radicalement, elle semble bien partie pour écrire deux versions. Une, classique, en français dit international, afin que les jeunes Européens ou Africains retrouvent la langue française qu’ils ont apprise à l’école ou en famille. Puis, une seconde, fondamentalement québécoise, pimentée de mots et d’expressions que seuls les habitants de la vallée du Saint-Laurent utilisent sans même se rendre compte que ni Molière ni Tartempion né entre Lyon, Liège et Abidjan ne sauraient comprendre.

Le plus drôle, voire inquiétant, est de dévisager Isabelle quand elle aborde la question des deux personnalités qui sommeillent en elle. N’avoue-t-elle pas qu’elle se ressent différente selon qu’elle s’exprime en français neutre ou en Québécois ? Ses personnages seraient même bien plus « vilains », selon elle, lorsqu’elle pense et écrit en Québécois. Elle-même se sentant moins stressée et prenant davantage de plaisir à écrire dans sa langue, ce qui semble naturel, non ? Saperlipopette, il lui arrive de penser qu’elle participe à une résidence en langue étrangère. Les Québécois ne parleraient-ils pas français, sapristi !

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