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Jacques Krabal - Une rencontre et quelques vérités

Jacques Krabal - Une rencontre et quelques vérités

9 octobre 2018 - par Arnaud Galy 
Jacques Krabal entouré des deux portes-paroles du Parlement Francophone des Jeunes - © Aimablement prêtée par l'APF
Jacques Krabal entouré des deux portes-paroles du Parlement Francophone des Jeunes
© Aimablement prêtée par l’APF

La question peut sembler naïve, mais, au fait, à quoi sert un Sommet de la Francophonie ? Côté jeunesse et acteurs culturels, l’occasion de se retrouver, tirer des plans sur la comète, rêver à des jours meilleurs, organiser ses études et même faire la fête. Cette dernière mission n’étant pas la moindre. Mais côté institutionnel, quelle est l’attente ? Éclaircissements avec Jacques Krabal, Secrétaire général de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie.

D’ici quelques jours, une nouvelle Secrétaire générale de l’OIF sera choisie par les membres de plein droit par consensus, un mode d’élection qui, par essence, doit apaiser les tensions. Devrait apaiser les tensions, grandes cette année vu le duel au couteau qui oppose mesdames Jean et Mushikiwabo. Pourtant, l’enjeu est grand : « nous attendons une orientation pour l’ensemble de l’espace francophone. Une orientation et une réflexion globales qui répondent aux bouleversements du monde. Les parlementaires francophones souhaitent voir la consolidation de la place du français dans le monde, naturellement, mais aussi voir les pratiques démocratiques de bonne gouvernance gagner du terrain. Je prendrais l’exemple de la bonne tenue des élections et des fichiers électoraux qui sont un enjeu majeur pour la vie démocratique de certains états. Et puis, nous sommes attentifs aux orientations qui seront prises sur des sujets de fond tels que la lutte contre la misère et la faim. » Vous trouvez que ces thématiques ne sont pas assez présentes ? « Les sujets sont sur la table, des actions existent, mais il y a un manque certain de lisibilité et d’évaluation. Un catalogue d’action ne suffit pas. » Pensez-vous que les acteurs tels que l’OIF ou vous-même devraient davantage faire pression sur les « mauvais élèves » sur la question démocratique ? « Il faut avancer pas à pas. Nous devons absolument tenir compte des différences culturelles et religieuses par exemple. La Francophonie s’est bâtie sur une fraternité des peuples qui ne saurait être mis à mal. Elle doit garder ce rôle de ciment du dialogue. » La Francophonie marche-t-elle sur un fil lorsqu’on parle de droits humains ou de l’adhésion de certains états comme l’Arabie Saoudite ? « Deux attitudes marchent de paire, ne pas donner de leçons et ne pas mollir sur la question des droits. La demande d’adhésion de l’Arabie Saoudite a été faite à l’OIF. L’APF a un rôle consultatif, mais, en la matière, nous n’avons pas été consultés ! Ce pays n’a pas demandé l’adhésion à l’APF mais si tel avait été le cas, nous l’aurions étudiée avec notre propre grille de lecture. » A savoir ? « Une évaluation linguistique, par exemple les universités de ce pays sont-elles membres de l’Agence Universitaire de la Francophonie ? Quels sont les gages pour une bonne santé de la francophonie ? De quelle nature est la pénétration du français dans la société ? Puis, nous aurions observé l’état de la démocratie, par exemple si le multipartisme est en fonction dans le Royaume ? Ou s’il tend vers la parité ? » L’OIF se déterminera d’ici quelques jours, la France et le Canada, n’ont semble-t-il pas la même grille de lecture, la France étant nettement moins exigeante que les Canadiens, mais, à lire entre les lignes, il est difficile d’imaginer que l’APF soit un soutien inconditionnel à l’adhésion saoudienne.

Quelle action soutenez-vous avec une ferme conviction ? « La problématique des enfants fantômes est une cause capitale. Imaginez que 250 000 enfants de moins de cinq ans vivent sans existence légale. Je ne parle même pas des plus grands... Les rapports et les documentaires sont nombreux et alimentent le débat, mais il faut aller au-delà de la sensibilisation. Il faut être concret. L’APF propose un arsenal législatif que chaque parlementaire peut soumettre à son propre parlement. Il est basé sur la gratuité d’inscription des enfants à l’état civil et sur la conduite à suivre avec les chefs coutumiers qui détiennent un fort pouvoir sur la société dont ils ont la responsabilité. Nous devons accompagner et susciter une volonté politique de résoudre ce problème. La Francophonie doit s’attacher à être le premier espace à trouver une solution globale à ce drame qui exclut de la vie scolaire, professionnelle et démocratique enfants puis adultes. »

Un mot de votre présence à Erevan ? « Quand je vois la présence de tous les étudiants de l’Université Française d’Arménie et le travail accompli par cette dernière, nous n’avons qu’une envie, les féliciter et appuyer la francophonie arménienne. »

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