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- Le blogue du Zèbre -

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Les Zébrures d’automne - 2025
26 septembre 2025 - par Arnaud Galy 
Fadhila de Aristide Tarnagda - © Arnaud Galy - Agora francophone
Fadhila de Aristide Tarnagda
© Arnaud Galy - Agora francophone

Une migration de zèbres, ça se prépare. Repérages, contacts, négociations, analyses, discussions... que de montagnes russes et de zigzags avant, enfin, d’imprimer et mettre en ligne la programmation ! Mais, là, c’est parti, 10 jours de folies douces, de propositions artistiques, de nuits noires et/ou blanches, d’éclats de rire, de gorges nouées, d’embrassades...
Sur ce blogue, vous entendrez des sons sérieux, verrez des photos faites avec plaisir, lirez des billets parfois décalés, visionnerez des capsules vidéos grapillées, parfois volées (chuuut !)...
En un mot, bienvenue sur un joyeux bazar zébré, qui finalement a pour objectif premier, de montrer à celles et ceux qui en doutent, que la francophonie, le théâtre, la culture et les embrassades ne sont pas négociables, elles sont le lien et le liant. Comme le zèbre porte en lui le noir et le blanc.

Racines mêlées et Kaldûn, la Nouvelle Calédonie au programme !


Racines mêlées de Jenny Briffa
© Arnaud Galy

Jenny Briffa (autrice de Racines mêlées) et Abdelwaheb Sefsaf (auteur de Kaldûn) réunis dans la tente berbère du Festival afin de converser entre eux et avec le public. Moment intense où il est question d’identité, de légitimité, de mise en scène, d’actualité calédonienne... Les Zébrures d’automne entendent battre le coeur de nos sociétés, ici les coeurs tambourinent...
(Modération Arnaud Galy - Agora francophone)
Abdelwaheb Sefsaf et Jenny Briffa face au public
© Arnaud Galy

Kaldûn de Abdelwaheb Sefsaf
© Arnaud Galy

Racines mêlées de Jenny Briffa

Bizarre comme les émotions ne surgissent pas obligatoirement là où on les attend. Exemple XXL, cet après-midi, au Centre des Arts et de la Danse, après la représentation de Racines Mêlées. Après ? Oui après. Il restait une poignée de spectateurs, tous les « scolaires » avaient regagné leurs établissements. L’autrice, Jenny Briffa et l’ensemble de son équipe, assis sur le plateau encore chargé des vibrations des deux heures de jeu, se plièrent au traditionnel "questions réponses". Tous les corps du métier de la scène étaient là : écriture, comédie, lumière, décors, costume et mise en scène.
Chacun se présente. Excepté Sophie Bezard, la metteuse en scène, tous sont calédoniens. Représentatifs de leur île en proie à tant de questionnements identitaires, parfois jusqu’à un niveau de violence que les Français de métropole ont du mal à analyser et à comprendre. Mais, eux, sont là, le Caillou arrimé sur leurs épaules, pour ne pas dire le Diamant. En mission pour le Seigneur, disaient les frères Jake et Elwood Blues (1), eux sont en mission pour leur pays, leur terre et leur Histoire.
Fou, l’émotion qu’un moment aussi banal et informel a pu provoquer. Comble pour des comédiens, certains sont incapables d’aligner deux mots, d’autres cachent leur sincère malaise en faisant les clowns ou en surjouant. Ils sont touchants. Elles sont touchantes. « J’vois mon papa dans la salle, coucou ». Et puis, il y a les deux patronnes, Jenny et Sophie, qui tentent, tant bien que mal, de rationaliser l’échange. Peine perdue. Et puis, entre nous, on s’en tape, non ? Finalement, ces p’tites larmes, ces grandes hésitations, ces minuscules histoires personnelles sont la réponse que tout un pays attend. Oui, il est possible de vivre ensemble. Il est possible de se parler et de créer ensemble. Il est possible de représenter la Nouvelle Calédonie, sans faire le décompte de qui est qui, qui est quoi. Comment font-ils ? Résumons cela en un seul mot : respect. Qu’est-ce que c’est chouette le respect ! Et, en plus, on se marre bien avec le respect. Qu’on soit Kanak, Caldoche, métis asiatique, noir pas trop noir ou blanc blanc...
Même pas pensé leur demander si ils sont "pour" ou "contre" l’indépendance. Et si on leur foutait la paix pendant qu’ils sont à Limoges. Ça leur fera des vacances !

(1) Film les Blues Brothers, de John Landis, 1980.



Kaldûn de Abdelwahed Sefsaf

Tentons une interprétation que sans doute un Historien sérieux dézinguerait avec une facilité déconcertante : Kaldûn raconte, en partie, pourquoi la Nouvelle-Calédonie ne se dépêtre pas de ses tensions culturelles et sociétales. Kaldûn, c’est la France qui colonise, qui décapite à tour de bras et qui déporte ses opposants politiques et coloniaux, à l’autre bout du monde : La Guyane et en ce qui nous concerne ici, la Nouvelle-Calédonie. Difficile de faire plus loin, au moins le pouvoir parisien était certain que personne ne reviendrait à la nage. Aujourd’hui, un brillant esprit de la République pense à faire de même avec Saint-Pierre-et-Miquelon, mais c’est une autre histoire.
Abdelwahed Sefsaf, auteur et comédien, fait une annonce au début de la pièce : « Les faits que nous allons raconter sont vrais ! » Ce fils d’Algérien, fait bien de prévenir le public, ce dernier pourrait croire que Kaldûn n’est qu’exagération à limite de la farce. Que nenni ! Il n’y a pas de quoi être fier de ce que la France, au fil des colonisations, a pu faire aux peuples qui avaient le malheur d’habiter depuis des millénaires sur le sol nouvellement planté de la fleur de lys ou du drapeau tricolore. Sans parler de l’exposition coloniale en 1930 dans l’est parisien. En bref : violence à gogo, boucherie à grande échelle et malaises diplomatiques pour des générations.
Kaldûn, côté plateau est une tornade où les comédiens jouent fort et chantent fort dans des décors impressionnants... Les corps transpirent, les fronts suent et les comédiens donnent, se donnent. L’auteur, sur scène, lui aussi, donne... l’impression de vouloir filer des tartes à volonté. Magnifiquement violent, cru et donc, conforme à la réalité. Gorge nouée.
Et puis, il y a la bande son. Jouée sur scène par de géniaux musiciens fous furieux, à mi-chemin entre un orchestre de mariages tzigane et une fanfare arméno-libanaise ! Les voix sont puissantes à faire trembler les murs. À certains moments, le public ne sait plus où il en est. Une envie de danser le prend aux tripes alors que sur le plateau, l’ignominie dégouline. Kaldûn est une baffe, de celles qu’Obelix distribuait aux colonisateurs romains. Mêmes causes mêmes effets.


Kaldûn de Abdelwaheb Sefsaf
© Arnaud Galy

Rekord de Sumaya Al-Attia
© Arnaud Galy

Rekord de Sumaya Al-Attia

Une histoire de lumière(S) et de son(S) qui prennent la route
Clin d’oeil : le public s’installe au Théâtre de l’Union. Nombreux. Sur scène, une comédienne silencieuse et studieuse déballe le décor. Le dispose après l’avoir extirpé d’un plastique, enroulé comme on le ferait d’un nem ou d’une valise à l’aéroport. Quinze, vingt minutes, peut-être plus, elle déballe. Le public s’assoit, papote du temps qui s’est rafraîchi et de la pièce vue la veille qui faisait beaucoup de bruit. Sur le plateau, dans l’ombre, l’espace se remplit, aussi. Des livres, une bouteille de gaz, un lampadaire, un ballon de baudruche rouge... Soudain, la salle vire au noir, la scène s’illumine façon clair obscur. Sûre d’elle, une spectatrice affirme à voix haute : « Ha, ça commence ! » Suivi quelques minutes plus tard d’un « ha, c’est pas en français ».

Rekord raconte, en beaucoup plus précis et intelligent que dans les lignes qui suivent, un voyage vers l’espoir, une vie de famille qui tente de se construire, de même un pays qui tente de se construire... ce pays est l’Irak des années 60, 70. Cette famille est celle Bibi et d’Abdul et d’un premier fils Philippe. Bibi et son fils habitent dans le Sud de la France, Abdul est à Bagdad, il est docteur en Économie. Le couple désire se retrouver, s’aimer, avoir des enfants...
Bibi et Philippe, le ballon de baudruche, prennent la route pour Bagdad, la ville des 40 voleurs...

Rekord, comme l’Opel mythique, le genre 404 Peugeot des Maghrébins de France. Rekord, c’est aussi phonétiquement, en anglais, un enregistrement, l’enregistrement qui introduit le spectacle sur lequel on entend un Philippe adulte raconter ses souvenirs. Maigres souvenirs fait de bribes et d’anecdotes futiles. Étonnant cette voix adulte, hésitante, qui replonge dans son enfance. Tous ces souvenirs de Bibi et Philippe sont embarqués dans la Rekord. Philippe fait la tronche, silencieuse tronche, il a déjà la nostalgie de la France, de ses copains et de sa grand-mère française. Il ne parle pas arabe, comment sera la vie là-bas ? Dans la Rekord, il se tait au grand dam de sa mère qui tente tout pour le décoincer... échec.

Mise en scène et éclairage. Qui sont les artistes inspirés ? Est-ce le spectateur – moi en l’occurrence – qui surinterprète ? Scotché, il y a de quoi être scotché par cette lumière qui n’en finit pas de dessiner des silhouettes, qui aveugle la salle, qui accompagne le blues des uns, la colère froide des autres... La lumière, n’est-ce pas ce que chaque personnage, Philippe compris, cherche. La lumière qui éclaire la vie, le phare qui éclaire l’horizon. Lumière que l’Irak ne peut produire. Trop de chaos, trop d’espérances déçues, trop de craintes. Trop de cerfs qui traversent la route et provoquent des accidents !

Oui Madame, parfois, ce n’est pas en français. Les surtitrages français/arabe sont comme des panneaux routiers, ils guident vers la lumière. Aller et retour.


Rekord de Sumaya Al-Attia
© Arnaud Galy

Dina Mialinelina
© Arnaud Galy

Dina Mialinelina, "Voix de coeur"

Madagascar brûle de colère. Le peuple, fataliste, si tranquille, est excédé. La réaction de l’État est attendue, des groupes plus ou moins identifiés saccagent le pacifisme des premiers manifestants.
Dina a quitté son pays depuis deux ans. Ce soir, elle a incarné une malgache attitude devant le public des Zébrures. Comédienne, musicienne, compositrice et chanteuse, la jeune femme chanta, aussi, pour son pays. Dans un coin de sa tête, l’image de ce jeune homme violemment frappé par un gendarme alors qu’il n’avait commis comme crime que celui d’être là, tourne dans sa tête. Dans une tente berbère pleine comme un œuf, des visages que l’on peut, sans trop de craintes, attribuer à des ressortissants de la Grande île ont aussi pris place. Des enfants sautillent au premier rang. Un vieux monsieur a les yeux qui pétillent derrière un visage émacié.
Dina, longue robe ample et colorée, sereine autant qu’émue se présente. Tels les Calédoniens zébrés, elle porte l’émotion de ceux qui savent pourquoi ils sont là. Pourquoi ils travaillent depuis si longtemps. Pourquoi ils osent se téléporter au Nord. Faire carrière, certes, mais aussi représenter le pays, sa nature profonde, sa culture vissée au cœur et au corps. Comme Jenny Briffa, l’autrice calédonienne le dirait, Dina offre ses racines mêlées au public des Zébrures.
Et là, charme, convictions et talent se bousculent. Dina envoûte comme le firent les « song writers » de la grande époque. Nul besoin de tout un barnum pour prendre le public aux tripes. Deux ou trois mots, d’introduction. Ici pour remercier, là pour se souvenir, Dina a la voix puissante, franche puis se mue en mélodieux rossignol. Les gorges se nouent dans le public qui n’a pas besoin de comprendre la langue malgache pour partager le moment, puis elles se dénouent et les mains reprennent le rythme en cadence.

Dina loop ! Posé à ses côtés, l’étrange petite machine lui permet d’enrichir « toute seule » ses compositions. Elle enregistre, en direct devant le public, des souffles, des voix, des p’tits bouts de sons... et les fait rejouer en boucle pendant qu’elle chante. Dina est autonome, elle bruite, elle est son propre chœur, elle pianote en blues, elle vocalise en jazz, elle sourit par onomatopées. La voix de ses ancêtres n’est jamais très loin...
Pourquoi cette foutue horloge indique-t-elle que ce moment suspendu est bientôt achevé ?

Au fait, en France, Dina a trouvé son nid douillet à Clisson, dans la région nantaise. Clisson ? Oui, là où, chaque année se tient le Hellfest, le rendez-vous annuel et interplanétaire des métalleux lourds ! Clisson, tient les deux bouts de la corde, question musique.

Madagascar brûle de colère. Imaginons un pouvoir local moins... ou plus... bref, imaginons qu’un jour ce pays trouve un pouvoir digne de ce nom, il aura une ambassadrice qui n’aura nul besoin de lettres de créance pour représenter fièrement son pays !


Dina Mialinelina
© Arnaud Galy

Créer dans un monde en crise, en guerre...

Journaliste à l’Humanité, Samuel Gleyze-Esteban a reçu lors d’une « rencontre croisée » l’auteur et metteur en scène burkinabè Aristide Tarnagda (Fadhila) et le directeur du Théâtre national palestinien El Hakawati, Amer Khalil dont la troupe présente Un cœur artificiel.
Les deux artistes donnent leur point de vue sur les conditions de création, les financement et les lieux propices à la création dans leur univers respectifs.

Amer Khalil, directeur du Théâtre national palestinien El Hakawati
Aristide Tarnagda, auteur et metteur en scène burkinabè
Amer Khalil, directeur du Théâtre national palestinien El Hakawati
Aristide Tarnagda, auteur et metteur en scène burkinabè
Amer Khalil, directeur du Théâtre national palestinien El Hakawati
Aristide Tarnagda, auteur et metteur en scène burkinabè
Amer Khalil, directeur du Théâtre national palestinien El Hakawati

Samuel Gleyze-Esteban, Aristide Tarnagda et Amer Khalil
© Arnaud Galy

Israël Nzila (RDC) - Lauréat du Prix Théâtre RFI 2025 pour Clipping


Yacine Benyacoub (France - Algérie) lauréat du Prix SACD de la dramaturgie francophone 2025



Fadhila de Aristide Tarnagda
© Arnaud Galy

Fadhila de Aristide Tarnagda

Fadhila de Aristide Tarnagda
© Arnaud Galy

Deux femmes font face aux hommes. À tous les hommes ! Les maris, les fils, les compagnons des uns et des autres, les rebelles d’ici, les islamistes de là, les chefs et surtout les petits chefs. Deux points communs entre tous, ils sont armés, en sont fiers et ils ont toujours raison. Raison sur quoi ? Sur tout. Règle générale.
Mais voilà dans ce village que l’on peut imaginer burkinabè, même si cela marcherait avec le Mali, le Nord du Togo ou le Nigeria et bien d’autres, deux femmes refusent de céder. Refus à en devenir folles, à se martyriser, s’auto-mutiler... Pourtant, les fils s’en vont comme l’ont fait leurs pères : en France pour tenter de survivre ou là, derrière la dune juste après le bosquet, rejoindre la mouvance djihadiste. Les plus jeunes, qui se disent téméraires et sans failles, ont parfois besoin de pleurer dans le boubou de leur mère. C’est complexe la révolution.
La kalach et les armes de poing sont au moins aussi impressionnantes à utiliser que les stylos sur un banc d’école. Le Coran à marche forcée impose davantage de rigueur que le manuel de Géographie. Sans parler de celui d’Histoire qui parfois arrache un sourire quand les Gaulois sont présentés comme les ancêtres. Face à cette tragédie qui tente d’effacer les Français et leur complexe de supériorité, les Européens qui dans 90% des pays ne comprennent rien à « l’Afrique » et qui appelle au secours un Dieu rigoriste et la nouvelle Africa corps, émanation du pays qui ensanglante l’Ukraine et joue au chat et à la souris avec l’Occident, face à cette tragédie, qui à les cartes majeures ?
Tragédie inouïe, tragédie qui rougit le sable orange, tragédie sans fin programmée...
Mais voilà, il y a la fière et digne Fadhila et Madame Gombo. Inénarrable madame Gombo qui s’autorise à péter des câbles pour évacuer le trop-plein de folies des hommes. Les deux femmes sont (furent) des épouses « parfaites » et des mères poules qui ont tout perdu. Presque tout. Ni leur dignité, ni leurs convictions ni l’amour des leurs. Sont-ils vraiment aimables ? La question se pose...

Sur scène, la lumière parfois violente, parfois comme descendue du Ciel s’harmonise pleinement avec le décor rocailleux, sableux, rude relevé par le vert des gombos accrochés au rocher ! Trois espaces distincts de jeu, tout est clair et net, excepté quand arrivent les cagoulés maffieux de Dieu qui occupent tout l’espace. Ils font perdre la boussole, les boussoles de tout le monde. La boussole du Monde. Clopin-clopant, Fadhila et Madame Gombo gardent leur cap. À quel prix !?


Fadhila de Aristide Tarnagda
© Arnaud Galy

Le blogue du boomer ronchon !

Le Nouveau monde de Laurianne Baudouin

Hoooo les jeunes, ça suffit, non ? Mais vous avez quoi dans la tête ? Vous allez finir par tous nous enterrer avant l’âge. Mais quelle déprime votre Monde d’aujourd’hui. Attention, je ne parle pas de l’écriture, ni de l’interprétation ! C’est une lecture, j’en connais les tenants et les aboutissants.
Non, je parle du fond. Je sais, je sais, la plupart des plumes en herbe vivent dans des conditions difficiles, peu enviables. Être sous la Protection Judiciaire de la Jeunesse du Limousin n’a rien d’une apothéose, j’en conviens. La compagnie de Laurianne Baudouin vous propose de participer à des ateliers d’écriture et de théâtre. C’est chouette ça, non ? Alors bien entendu, vous venez, vous ne venez pas, vous changez de région, vous dépassez l’âge, vous avez rendez-vous chez le dentiste, le psy ou votre maman. Tenir une activité sur la longueur est bien complexe, j’en conviens aussi. Vous avez, parfois, du mal à vous exprimer. Pas l’habitude. Encore moins d’écrire une histoire, un truc qui se tient. Vous avez besoin que d’autres jeunes, venus de la Lune, à savoir du Conservatoire à rayonnement régional de Limoges vous épaulent, entrent dans votre monde, emmagasinent de votre expérience et se l’approprient. Tout cela, j’en conviens. Sans faire le moindre effort.
Comme vous, je tordrais bien le cou (c’est une image !!) aux racistes de toutes les couleurs, aux harceleurs de tous poils, aux lourdingues collègues de travail et à tous ceux (toutes celles, il n’y a aucune raison de s’arrêter au masculin) qui nous saoulent, nous agressent et nous tirent vers le bas. Mais, justement, sapristi, un certain Mark Twain* ne disait-il pas : « Si votre seul outil est un marteau, tout commence à ressembler à un clou. » Alors, profitez de l’occasion qui vous est offerte. Même maladroitement, même en ayant besoin d’un Autre... pourquoi ne pas vous évader, rêvez donc un peu skreugneugneu. Ouvrez les fenêtres. Imaginez un autre Monde. Vos textes sont narcissiques et pleurnichards, en colère mais peu inventifs. Soyez les Dadas et les Années folles d’après la « Grande guerre », soyez les Surréalistes rentrant des camps de la mort, soyez fous, amoureux, généreux, poète. Ho bien entendu, n’est pas André Breton qui veut ! Ne me faites pas dire ce que je ne dis pas. Mais de façon brute et avec le vocabulaire de vos 15 ans, 17 ans, attrapez les nuages, goûtez les fruits sur l’arbre, roulez-vous dans les vagues ! La vie est trop nulle, vos parents aussi ? La société vous dégoûte. J’en conviens, croyez moi. Je comprends. Changez le système, n’y entrez pas. Si vous n’y entrez pas, il changera. Si vous y entrez, il vous broiera comme il a broyé des générations de gamins devenus adultes avant vous.
Le théâtre vous a ouvert une porte, jetez à la face du monde ce que devrait être un monde meilleur, plus sain, plus kiffant ! Ne faites pas que lui raconter ce que tout le monde sait. Que ce monde, souvent, donne envie de vomir. Montrez-nous qu’il est possible de faire mieux. Exprimez-le, même maladroitement.

Saperlipopette, vous n’imaginez pas à quel point, ça fait du bien de ronchonner. En plus, je dois être honnête, il était super votre spectacle. Vous, présents comme absents. Juste que... bon, je ne recommence pas. Je mets mon casque, j’écoute à fond ma musique de boomer, mes oreilles pourront siffler, je ne les entendrai pas. Allez-y, chiche que je connais plus de noms d’oiseaux que vous !

* Écrivain, essayiste, journaliste – auteur de « Les Aventures de Tom Sawyer » (1876)


Le Monde d’aujourd’hui - mise en scène Laurianne Baudouin
© Arnaud Galy

Sylvie Chalaye, conférence :

Jean-Marie Serreau, aux origines d’un théâtre nouveau années 1940 - 1970 - un théâtre de la décolonisation - naissance du Festival de Limoges


Rencontres croisées

À deux pas du chaos, vivre et rêver, avec Hatem Derbel, auteur et metteur en scène de Sogra, une étoile dans le ciel et François Cervantes, auteur et metteur en scène de Et le cœur ne s’est pas arrêté.
Modération : Julia Wahl / Cult.news
Photo : Et le cœur ne s’est pas arrêté © Arnaud Galy


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