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Le Rossignol et l’Empereur, les contes et les marionnettes disent tout !

Le Rossignol et l’Empereur, les contes et les marionnettes disent tout !

28 septembre 2020 - par Arnaud Galy 
 - © Arnaud Galy - Agora francophone
© Arnaud Galy - Agora francophone

Yeung Faï, marionnettiste né en Chine et résidant en France ; Jan Vanek, musicien multi-instrumentiste franco-tchèque et Raquel Silva, comédienne et metteuse en scène née au Portugal présentent le Rossignol et l’Empereur d’après Hans Christian Andersen. Aux premiers rangs une ribambelle de gamins hauts comme trois pommes ; éparpillés aux quatre coins de la salle, éclairagistes et consorts du Manège, la scène nationale de Maubeuge qui produit le spectacle. Vive la francophonie élargie... quand elle est culturelle ! Bel exemple. La francophonie serait encore plus à l’honneur si le président camerounais, Paul Biya venait assister à une séance. Que raconte-t-il, devez-vous vous demander ? Patience.
Que nous dit ce conte danois, situé en Chine ? Simplement, que l’art n’existe que si la liberté est accordée à l’artiste. Un rossignol ne chante que si l’arbre est son estrade et le ciel son décor. Là seulement, il se renouvellera, enchantera et tirera les larmes de son auditoire. Bien entendu, il est toujours possible de laisser chanter un ersatz ! Un rossignol mécanique, aussi doré et brillant soit-il, ne sera porteur que d’une voix répétitive qui ne demande qu’à dérailler son temps venu. C’est ce qu’Andersen raconte et que Yeung Faï et Jan Vanek interprètent à leur sauce. Virtuosité de déplacement des marionnettes à gaine, aucun mot prononcé excepté un inattendu « you’re talkin’ to me* » que les cinéphiles reconnaîtront et quelques marmonnements onomatopéens plus les notes tantôt manouches, tantôt hard-rockeuses, des guitares et le très chinois dong du gong.
Et Paul Biya dans tout cela ? Le côté empereur ? Non. Les coiffures de madame Biya comme œuvres d’art ? Pourquoi pas, mais non. Donnez-vous votre langue au chat ? Ne traînaillons plus. Partons deux minutes au Cameroun, téléportons-nous. Bienvenue dans un pays où l’État impose que les artistes ne créent, ne s’expriment, ne s’exposent qu’avec l’assentiment et la validation de son représentant local. Les artistes n’ont le choix qu’entre deux possibilités. Se révolter, ce qui dans un pays où l’utilisation de la matraque et le remplissage des prisons sont aussi fréquents qu’en Biélorussie, est un brin délicat. Ou muter en ersatz d’artiste, être en cage ou n’être qu’un automate au service de l’Empereur Biya.
Andersen, et ses contes pour enfants, avait tout compris, Yeung Faï, Jan Vanek, et Raquel Silva ont bien raison de continuer à monter de tels spectacles pour les enfants, qui sait, ces derniers se méfieront peut-être des ersatz quand ils seront grands !

*Robert De Niro dans le film Taxi Driver de Martin Scorsese

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