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MALI - Camp de déplacés de Sénou : quand l’école fait renaître l’espoir

MALI - Camp de déplacés de Sénou : quand l’école fait renaître l’espoir

8 mars 2022 - par Kangaye Sangaré 
 - © Flickr - Union européenne
© Flickr - Union européenne

Il est 9h 33 minutes lorsque nous franchissons le seuil de l’école du camp des déplacés de Sénou, situé à une dizaine de kilomètres du centre-ville de Bamako. Le site abrite 216 élèves dont 108 filles. Les écoliers sont repartis dans trois classes inachevées. On y découvre de visages d’enfants plein d’espoir, de gaieté et d’enthousiasme. Quelques minutes après notre arrivée, c’est l’heure de la pause récréative. Chacun veut montrer son cahier, son écriture et ses exploits aux visiteurs du jour que nous sommes.

Ce regain d’espoir, ils le doivent à Oumar Tall, un déplacé originaire de Bankass. Malgré son faible niveau d’études, Oumar a compris l’importance d’inscrire ses enfants à l’école. Il s’est donc rendu au Centre d’Animation Pédagogique de Ségou pour faire valoir le droit à l’éducation, de ces enfants déplacés « Je suis très heureux de voir ma fille prendre le chemin de l’école », explique ce chef de famille. « Nous espérons l’amélioration des conditions d’apprentissage, avec plus de salles de classe. Je suis prêt à aller personnellement plaider encore au niveau du (CAP) de Sénou », poursuit le président des parents d’élèves.

Cette tâche n’a pas du tout été facile selon notre interlocuteur. « Les parents ayant subi de traumatismes psychologiques refusaient toute action de progrès. Mais grâce à notre persévérance et aux multiples sensibilisations, ce sont eux-mêmes qui supervisent la présence de leurs enfants en classe », se réjouit Oumar.

2 000 000 d’enfants hors du système scolaire
La crise sécurité que vit le Mali a provoqué plus de 358 212 réfugiés ou déplacés internes en 2021, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA). Par ailleurs, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) estime ici à plus de 1100 le nombre d’écoles fermées au Mali à cause de l’insécurité. Une situation qui affecte plus de 350 000 enfants. Toujours selon la même organisation, plus de 2 000 000 d’enfants âgés de 5 à 17 ans sont exclus du système scolaire pour des raisons diverses comme l’insécurité, la pauvreté, le travail des enfants, entre autres.

Des organisations non gouvernementales et d’associations de la société s’activent pour permettre aux enfants en situation de déplacement de poursuivre leurs études. «  Nous avons été contactés par les déplacés qui cherchaient un appui pour doter les élèves en fourniture scolaire, la prise en charge des trois enseignants et la reconstruction et l’équipement des classes », explique Hadizatou Diallo, coordinatrice du projet Youth Action for Peace (YAP) de l’Association des Jeunes pour la Citoyenneté Active et la Démocratie (AJCAD) qui œuvre pour la consolidation de la paix dans les zones en conflit.

L’école, une alternative aux manipulations
L’école primaire du camp de Sénou est tenue par trois enseignantes fonctionnaires des collectivités territoriales. Le programme de formation s’inspire du programme officiel du pays.
Cependant, les enseignantes sont confrontées à la difficulté de la langue. Originaires de la région de Mopti, les enfants ne comprennent que leur langue maternelle, le peul. « En tant qu’enseignantes, mais surtout en tant que mères, nous nous sommes portées volontaires au niveau du CAP pour dispenser des cours à ces enfants. L’initiative est salutaire, car cela permettra de recadrer les enfants, d’éviter les frustrations ou encore d’éventuelles manipulations de ces derniers par les groupes armés ou milices », affirme Assoumatou Coulibaly, l’institutrice en charge de la classe de première année.


Article écrit dans le cadre de la création d’un réseau international de jeunes journalistes enquêtant sur les Objectifs de développement durable afin de sensibiliser les populations au respect de ceux-ci.
Organisation Internationale de la Francophonie ; Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (France) ; Ministère de la Francophonie (Québec) : Principauté d’Andorre.
Avec le soutien de l’École supérieure de journalisme de Lille (France) et de l’Institut francophone du Développement durable (Québec).

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