À l’occasion du Sommet de la Francophonie 2024, Agora francophone a invité des journalistes francophones à travailler au sein d’une rédaction décentralisée afin de rendre compte de l’événement :
Falilatou Titi (Bénin), Bigué Bob (Sénégal), Ramcy Kabuya (RDC/France), Samia El Achraki (Maroc) et Motchosso Korolakina (Togo).
Edgar Fonck (Belgique) membre d’Agora francophone Internationale et Anne-Françoise Counet (Belgique) journaliste à Nouvelles de Flandre complètent l’équipe.
Action soutenue par la Délégation au Sommet de la Francophonie – Ministère des Affaires étrangères (France).
- Fragment de l’exposition : Ce qui nous rassemble : langues, langages et imaginaires
- © Arnaud Galy - Agora francophone
Vaste question que d’aucuns trouveront stupide, inutile, tarte. Pourtant, le plus audacieux et marathonien averti des visiteurs ne saurait tout voir, tout entendre, ni même tout apercevoir. La toile d’araignée qui est tissée par les Organisateurs français ou Francophones est telle qu’il faut nécessairement maîtriser les plans de transports en commun terrestres ou souterrains pour perdre le moins de temps possible entre chaque surlignage fluo sur ses programmes. Programme touffu, éclectique, parfois énigmatique qu’une seconde opération d’exclusion et de choix est nécessaire, inévitablement. À cette lasagne multicouche de thématiques francophones que l’on doit trier par ordre de préférence, il faut ajouter ce qui obsède le plus flegmatique des francoflaneurs : posséder le bon badge et avoir su obtenir la bonne réservation.
Villers-Cotterêts et Grand Palais
Éliminons donc la partie politique pure et dure. Assister des heures durant à l’arrivée des Présidents ou des Chefs de gouvernement, marchant sur le long tapis rouge, type cannois, n’est pas offert au premier francolâtre venu. Mieux vaut être équipé d’un appareil photo et d’un puissant zoom téléobjectif pour être autorisé à immortaliser les pas du couple présidentiel camerounais. Madame Biya étant attendue par tous les professionnels de l’image, n’ayant pas tous les jours l’occasion de photographier une coiffure digne des plus grands designers récompensés à la Biennale de Venise. Dommage que le couple ait annulé sa venue, 48h avant le Grand jour. Quelle déception pour certains. Oublié aussi, les discussions que l’on souhaite constructives bien qu’à huis clos des chefs d’États. Celles qui sont accessibles au public ne le seront qu’au travers des journalistes accrédités de haute lutte qui pour la plupart sont installés dans une salle de presse où sont diffusés les travaux.
- © Arnaud Galy - Agora francophone
Diantre, que reste-t-il au francoquidam ?
Le plus intéressant, rassurez-vous. À condition de savoir flâner, observer, écouter... D’aimer lire, de s’attacher à comprendre les mondes – le francophone et les Autres, si entremêlés. D’être ouvert aux couleurs de la Francophonie institutionnelle et des francophonies des peuples. D’accepter voir la langue française triturée, algorithmisée, IAïsée pour le plus grand bonheur de francontemporrain ; de ne pas s’offusquer d’entendre de ci-de là quelques flèches empoisonnées se ficher dans son amour-propre – spéciale dédicace aux Français ! D’avoir plaisir à boire un café rwandais, à déguster un abricot sec arménien sans oublier de savourer un thé qatari ou marocain. De se tenir prêt à saluer un Camerounais en frottant son crâne contre le sien et un Cambodgien en tenant ses mains serrées à la hauteur du menton.
Le plus intéressant, oui... tout ce fourmillement formel ou informel n’est-il pas le meilleur moyen de rencontrer l’Autre, d’autant plus facilement que, par principe l’Autre parle français. Pas tout à fait le même, c’est vrai, comme le montre le Dictionnaire des Francophones, véritable bijou de découvertes pour nos communautés !