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POLYNESIE FRANCAISE - Retour sur l’année 2017

POLYNESIE FRANCAISE - Retour sur l’année 2017

24 janvier 2018 - par Sandra Sramski 
 - © Flickr - YangTS
© Flickr - YangTS

La situation politique en Polynésie française (1) se stabilise et la situation économique semble s’améliorer peu à peu. Malgré les disparités sociales qui perdurent, le dynamisme culturel est visible et reconnu sur le plan international.


François Hollande accueillit par le président polynésien Edouard Fritch, le 23 février 2017 - Ph : page FaceBook EF

POLITIQUE

Les Français élisent un nouveau président les 23 avril et 7 mai 2017 (1er et 2nd tours) pour succéder à François Hollande. Les rebondissements de la campagne autour des 11 candidats aboutissent au 2nd tour au duel Emmanuel Macron (2) / Marine Le Pen (3). En PF, les figures politiques des 3 grands partis polynésiens soutiennent des candidats métropolitains : Édouard Fritch (4) choisit François Fillon (5), Gaston Flosse (6) choisit Marine Le Pen, tandis qu’Oscar Temaru (7) prône l’abstention.

Oscar Temaru - partisan de l’abstention

Les votes exprimés au 1er tour reflètent l’attachement des Polynésiens aux personnalités locales : E. Fritch (35,3 %), G. Flosse (32,5 %), et une abstention record (62 %), ne correspondant pas tout à fait aux résultats de métropole : E. Macron (24,01 %) et M. Le Pen (21,3 %). Au 2nd tour les résultats en PF se calquent sur ceux de la métropole : E. Macron l’emporte avec 66,10 % des voix (58,39 % en PF) contre M. Le Pen qui a 33,90 % des voix (41,61 % en PF), mais l’abstention est plus forte en PF (53,11 %) qu’en métropole (25,44 %).
À ces élections succèdent les élections législatives en France les 11 et 18 juin 2017, et en PF les 3 et 17 juin 2017. Le parti d’E. Macron obtient la majorité absolue à l’Assemblée nationale avec 313 sièges, et grâce aux 47 sièges du Mouvement Démocrate, totalise 360 élus. La PF, qui compte 3 circonscriptions, est représentée par 3 députés : Maina Sage (Tapura) élue avec 68,36 % des voix dans la 1ère circonscription, Nicole Sanquer (Tapura) élue avec 64,18 % des voix dans la 2ème circonscription, et Moetai Charles Brotherson (Tavini) élu avec 52,50 % des voix dans la 3ème circonscription. Les partis nationaux, peu présents en PF, n’arrivent pas au 2nd tour, et le taux d’abstention avoisine les 50 % à chacun des 2 tours, comme en métropole.

M. Sage et N. Sanquer rejoignent le groupe de la majorité présidentielle au sein de l’Assemblée nationale tandis que M. Brotherson fait partie du groupe de la Gauche Démocrate et Républicaine.
C’est dans ce contexte électoral que les promesses de F. Hollande (8) au sujet des essais nucléaires français en PF sont en train de se concrétiser. La loi Égalité réelle outre-mer, votée en février 2017, supprime la mention de « risque négligeable », inscrite dans la loi Morin de 2010 concernant l’indemnisation des victimes, qui a conduit au rejet de la plupart des dossiers. Le 17 mars, F. Hollande (9) et E. Fritch signent l’accord de l’Élysée, préalable à l’accord de Papeete, qui prévoit la sanctuarisation au niveau de 2011 de la Dotation Globale d’Autonomie pour la reconversion économique de la PF après la fin des essais nucléaires. Puis, le 28 juin, le Conseil d’État pose la présomption de causalité entre l’exposition aux rayonnements ionisants due aux essais nucléaires et la survenance de la maladie comme irrécusable, impliquant la révision de tous les dossiers refusés. Le 30 juin (10), O. Temaru, reprenant les propos de l’Église protestante maohi tenus en 2016, menace de porter plainte contre l’État français pour crime contre l’humanité (à cause des essais nucléaires en PF) au tribunal de l’ONU. Menace qu’il réitère devant la commission chargée de la décolonisation (11) à l’ONU, le 3 octobre 2017, tout en dénonçant le colonialisme et en réclamant le droit à l’autodétermination pour la PF. A l’opposé, E. Fritch, également présent, réaffirme l’autonomie de la PF donnant pour preuve son statut de membre de plein droit du Forum des Iles du Pacifique12 obtenu en 2016. Pour la 1ère fois, la PF siège comme tel à la 48ème édition qui se déroule du 5 au 8 septembre 2017 aux îles Samoa, autour du thème principal : le Pacifique bleu. Le changement climatique et la montée des eaux constituent une préoccupation commune majeure et, l’intégration de la PF et de la NC, en resserrant les liens tant diplomatiques qu’économiques (13) entre les différents États et territoires du Pacifique, vise à utiliser la France, comme entrée privilégiée dans l’Union européenne, pour porter la voix des Océaniens sur le plan international.
La PF développe aussi ses relations politiques, économiques et culturelles avec la Chine grâce au consul de la République populaire de Chine, Long Ling (14). Les retombées économiques sont la hausse du nombre de touristes chinois passant de moins de 3000 en 2014 à 5555 en 2015, et la ferme aquacole de Hao en voie de finalisation (cf. infra) avec le groupe d’investisseurs chinois Tian Rui.


Le port de Papeete - Ph : Flickr - Olivier Bruchez

ÉCONOMIE et SOCIÉTÉ

Selon l’Institut d’Émission d’Outre-Mer (IEOM), la situation économique et sociale de la PF s’améliore depuis 2015 et devrait se poursuivre en 2017. Le nombre d’offres d’emploi progresse, les salaires augmentent et les prix baissent améliorant le pouvoir d’achat. L’Institut Statistique de la Polynésie Française (ISPF) confirme en septembre 2017 que « sur les douze derniers mois, l’indice de l’emploi croît de 1,9 % alors que la variation moyenne annuelle observée de 2012 à 2016 est de -0,1 %. ». Mais cette hausse concerne l’industrie et l’hôtellerie-restauration alors que l’emploi est en baisse dans les secteurs de la construction et du commerce. Le secteur automobile atteint en 2016 son meilleur niveau depuis 5 ans, et les chiffres d’affaires des secteurs du transport et de l’hôtellerie-restauration sont en hausse de 7 % en 1 an, car le tourisme augmente de 0,8 % (192 495 touristes accueillis). Même si le nombre de touristes au 2ème trimestre 2017 (49 904) est quasi-stable (+0,7 % par rapport à 2016), le nombre de chambres louées dans les hôtels dans tous les archipels et le trafic aérien international augmentent (+2,8 %) avec un taux de remplissage des avions stable sur un an.

Du côté des investissements, la hausse de 0,8 % dans le secteur privé est contrebalancée par la baisse dans le secteur public (-2,8 %) ne permettant pas de contribuer à la croissance. Selon l’ISPF c’est d’abord grâce à la consommation des ménages (+1,3 % en 2016) que la croissance s’établit, constituant les deux tiers soit 377 milliards Fcfp (3,2 millions €) de la richesse produite en PF, faisant passer le Produit Intérieur Brut de 1,5 % en 2015 à 1,8 % en 2016. La baisse des prix de 0,5 % en moyenne comprend les carburants et l’électricité, mais pas les produits alimentaires et boissons non alcoolisées (+2,3 % en moyenne entre 2015 et 2016), et l’inflation atteint +0,5 % en moyenne annuelle. Les baisses du prix des carburants sont les plus significatives puisque, de janvier 2015 à février 2016 (dernière en date), le litre d’essence sans plomb est passé en 5 étapes de 178 Fcfp (1,50 €) à 128 Fcfp (1,10 €) et le litre de gazole de 165 Fcfp (1,40 €) à 130 Fcfp (1,10 €). Des baisses sont aussi accordées à certaines professions en difficulté comme les perliculteurs et pêcheurs par exemple.

Les perles toujours un atout économique - Ph : Flickr - Olivier Bruchez

La perle, et dans une moindre mesure le poisson, la vanille et le monoï, sont les produits qui permettent une hausse de 13 % de la valeur des exportations depuis janvier 2017 par rapport à 2016. Le coprah, 4ème ressource économique de PF et 3ème meilleur produit à l’export, bénéficie en 2016 d’une subvention de 1,3 milliard Fcfp (11 millions €) du pays qui fixe le prix d’achat à 140 Fcfp/kg (1,20 €), pour faire face aux Philippines et à l’Indonésie qui détiennent 80 % de la production mondiale (soit 3 millions de tonnes par an). Les recettes de 2,255 milliards Fcfp (19 millions €) et les dépenses de 1,828 milliard Fcfp (15 millions €) en 2016 laissent un excédent de 426,3 millions Fcfp (3,6 millions €) à la Caisse de soutien des prix du coprah. Suite à ce bon résultat, le budget 2017 de PF prévoit une subvention de 1,7 milliard Fcfp (14 millions €) afin de maintenir l’emploi (5 698 coprahculteurs) dans les atolls des Tuamotu d’où provient 65 % de la production polynésienne. Mais la Cour des comptes, pointant le salaire des coprahculteurs de 14 334 Fcfp/mois (120 €) soit 10 fois moins que le salaire minimum (15), veut réformer la filière sous peine de la voir disparaître. Les exportations restent insuffisantes pour couvrir les importations et la balance commerciale est déficitaire même si elle l’est moins en 2016 qu’en 2015. Le secteur tertiaire semble mieux se porter puisque les entreprises créées, en hausse de 12 % en 2016 par rapport à 2015, concernent ce secteur pour 79 %, principalement dans les Iles Du Vent (16). L’IEOM constate également que le nombre d’entreprises qui disparaissent est en diminution et espère que le taux de chômage, estimé (17) à environ 24 % en 2017, n’augmente pas. L’absence d’allocation chômage et de Revenu de Solidarité Active (RSA) en PF génère une situation critique pour les 400 Sans Domicile Fixe (SDF) comptés en 2015, qui étaient rares en 2000, par les associations d’aide comme la Croix Rouge, le Secours catholique ou l’Ordre de Malte. La Caisse de Prévoyance Sociale (CPS) (18), les associations et les mairies créent des épiceries solidaires pour répondre aux demandes d’aide alimentaire passées de 1000 familles en 2006 à 4300 en 2010. Leur situation s’aggrave avec les intempéries répétées de janvier, février et mars 2017, qui ont causé plus d’1 milliard Fcfp (8,4 millions €) de dégâts selon le haut-commissariat. Au moins 200 familles sont sinistrées fin janvier, surtout dans les quartiers défavorisés, et le bilan s’alourdit ensuite. Les ferrys entre Tahiti et Moorea sont annulés et l’aéroport de Tahiti, inondé, est fermé plusieurs jours en janvier, en février et en mars gênant le flux touristique. Les entreprises, également touchées par les inondations et coupures d’électricité, sont en difficulté. La ministre des Outre-Mer, Ericka Bareigts, en visite le 17 février, débloque 36 millions Fcfp (301 680 €) en urgence du fonds de secours des Outre-Mer, et une solidarité locale et internationale se met en place. Pour E. Fritch, l’amélioration de la situation sociale des Polynésiens passe par la création d’emplois avec la ferme aquacole de Hao (19) ou l’exploitation de phosphate à Makatea (archipel des Tuamotu) grâce à des investisseurs étrangers. À Hao, la plus grande ferme d’élevage de poissons au monde (près de 32 hectares) devrait ouvrir en 2020 grâce aux 100 milliards Fcfp (838 millions €) de l’entreprise chinoise Tahiti Nui Ocean Food (TNOF). Après les Installations Classées pour la Protection de l’Environnement en septembre et l’acheminement des matériaux jusqu’en décembre, le début du chantier est prévu le 9 décembre 2017. La PF prévoit 500 millions Fcfp (4,2 millions €) pour construire la digue de protection et bétonner la route, et 260 millions Fcfp (2,2 millions €) pour dédommager l’Électricité De Tahiti afin de déplacer la centrale thermique située sur le site. La ferme produirait plus de 50 000 tonnes par an destinées à l’exportation et génèrerait 250 emplois dont 95 % pour les Polynésiens. Ce projet, comme celui de Makatea, suscitent autant l’espoir, avec les emplois créés, que l’inquiétude pour l’environnement. L’extraction d’environ 6 millions de tonnes de phosphates sur 600 hectares20 durant 30 ans créerait 70 emplois pour un bénéfice de 18 milliards Fcfp (151 millions €), selon l’homme d’affaires australien, Colin Randall, PDG de la Société Avenir Makatea, qui prévoit d’exporter 35 000 tonnes par an durant les 2 premières années. Ces arguments ont convaincu le gouvernement d’E. Fritch et le maire de Makatea, Julien Mai, en novembre 2016 mais pas les propriétaires terriens qui craignent d’être expropriés. C. Randall leur propose 60 000 Fcfp (503 €) par hectare, par an, et une commission sur le phosphate. Mais les friches industrielles et les trous béants dans le sol préoccupent les habitants, marqués par la 1ère exploitation.


Le musée de Tahiti, tourisme et culture - Ph : Flickr - Timo

Les associations de défense de l’environnement locales suggèrent un développement agricole et touristique de l’île arguant que des oiseaux et plantes endémiques ont été recensés et que ces secteurs d’activités créeraient aussi des emplois. Le gouvernement envisage une enquête publique pour ce projet, comme pour la révision en cours depuis 2014, du Plan de Gestion de l’Espace Maritime (PGEM) de Moorea, existant depuis + de 10 ans. La perspective des élections territoriales de 2018 en PF retarde la réalisation des projets en cours comme la création d’une Aire Marine Protégée (AMP) de 700 000 km2 aux Marquises, et d’une autre aux Australes, pour lesquels des désaccords opposent les populations, défenseurs des AMP, et les élus, défenseurs des Aires Marines Gérées (AMG) (21). Les enjeux géopolitiques locaux et internationaux de ces projets sont la diffusion au monde d’une image exemplaire en matière environnementale, le développement économique par des investissements chinois, la gestion de la montée des eaux due aux changements climatiques. Du côté de l’agriculture aussi la consultation du public est de mise avec les États Généraux de l’Alimentation (EGA) (22) organisés à la Présidence de la PF en octobre 2017 par le ministère du Développement des ressources primaires, suite au succès du Village de l’alimentation et de l’innovation valorisant les produits locaux qui a eu lieu en avril 2017 à Papeete. Les thèmes sont : la transition écologique et solidaire de l’agriculture (23), l’attractivité des métiers de l’agriculture et des filières alimentaires, le développement de la formation, les investissements, l’accompagnement technique et la recherche pour préparer l’avenir. En PF, l’objectif est de changer les comportements alimentaires de la population qui compte, selon le ministère de la Santé, 70 % de Polynésiens en surpoids, dont 40 % d’obèses. La CPS déclare que la hausse de 554 % du diabète sucré, de 447 % des maladies cardio-vasculaires, de 1320 % de l’insuffisance respiratoire et de 522 % de l’hypertension artérielle depuis 1995, est due à l’excès de sucre et de tabac. La prise en charge de ces patients coûte plus de 25 milliards Fcfp (209,5 millions €) par an en 2014 soit plus de la moitié des dépenses de santé.

En avril 2017, le gouvernement a annoncé une plus grande prévention et une hausse des taxes sur les produits sucrés et les tabacs dans le budget 2017, pour financer la Protection Sociale Généralisée (PSG). Celle-ci risque de disparaître selon le rapport de la Chambre Territoriale des Comptes de juin 2017 si elle n’est pas réformée, car la branche maladie de la sécurité sociale du régime général des salariés a un déficit cumulé de 14,7 milliards Fcfp (123 millions €) en 2016. La branche vieillesse, ayant servi à renflouer les caisses, ne suffit plus à combler ce déficit et le risque de ne plus pouvoir rembourser les malades et ne plus pouvoir payer les retraites est réel. Le 6 décembre 2017, après de longues négociations avec les partenaires sociaux et patronaux, le conseil des ministres a validé le projet de loi de réforme de la PSG qui prévoit l’âge de la retraite à 60 ans avec les annuités minimums à 38 ans (au lieu de 35), et les cotisations des personnes ayant un emploi aidé à 6 % dès 2018 (au lieu de 3 %). Mais cette réforme ne s’appliquerait qu’en 2019, après discussions et avis du Conseil Économique, Social et Culturel puis de l’assemblée en janvier prochain.

SOCIÉTÉ et CULTURE

Sans enlever l’intérêt de manifestations culturelles annuelles comme le Festival International du Film documentaire Océanien en février et le Heiva récompensant les meilleurs danseurs et chanteurs traditionnels en juillet 2017, la PF connaît plusieurs autres événements exceptionnels. D’abord, la réalisation du film d’animation « Vaiana, la légende du bout du monde » (24) inspiré de légendes polynésiennes, grâce à une collaboration américano-polynésienne jusqu’à la sortie en salle le 30 novembre 2016 en PF et en France. Le succès est immédiat aux États-Unis comme en France, et à Tahiti où il reste 6 semaines à l’affiche (30 000 entrées dans un seul cinéma en décembre). Des personnalités polynésiennes comme Mareva Galanter, miss Tahiti 1998 et miss France 1999, qui prête sa voix au personnage de Sina, mère de Vaiana, puis Sabrina Laughlin, chanteuse et Ataria Firiapu qui prêtent leur voix en tahitien aux personnages principaux, Vaiana (Moana) et Maui, participent au film. En effet, une version en tahitien (25), travail de traduction et d’adaptation de 6 mois réalisé en PF avec des experts locaux, en fait un film unique. Cette version a été projetée gratuitement le 29 avril 2017 dans la plus grande salle de spectacles de Papeete (4200 places) et sur écran géant dans les jardins accueillant 8000 Polynésiens.



D’un autre genre, le film « Gauguin. Voyage de Tahiti » (26) retraçant la vie du peintre durant son 1er séjour en PF est sorti le 18 octobre 2017 à Tahiti. Moins populaire, le film a nécessité près de 300 figurants et comédiens et 70 techniciens polynésiens durant les 7 semaines de tournage à Tahiti en 2016, et les rôles principaux : Tehura, la compagne de Gauguin, et Iotefa, assistant du peintre, sont joués par Tuhei Adams et Pua-Tai Hikutini. Ce film a généré 150 millions Fcfp (1,3 million €) de retombées pour la PF.



L’art de la rue - Ph : wikimedia commons - Saga70

Ensuite, la reconnaissance nationale et internationale de la culture polynésienne se traduit par : l’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO, le 9 juillet 2017, du site naturel et culturel Taputapuātea (27), sur l’île de Ra’iātea en PF, témoignage de 1 000 ans de civilisation polynésienne ; l’inscription au patrimoine français, le 26 octobre 2017, de la danse traditionnelle polynésienne (‘ori tahiti) ; le prix Heredia de l’Académie française décerné à la Polynésienne Flora Aurima Devatine (28) pour son recueil de poésies « Au vent de la piroguière - Tifaifai » 29 en juin 2017, en même temps nommée directrice de l’Académie tahitienne ; et le prix Eugène Dabit du roman populiste décerné à Titaua Peu en novembre 2017 pour son roman « Pina » 30. Enfin, le succès fulgurant du street art donne lieu au Festival international Ono’u qui, pour sa 4ème édition en octobre 2017 a lieu à Tahiti et à Raiatea, reçoit des artistes d’une dizaine de pays créant des graffitis en direct sur les murs de Papeete, et fête la 1ère année du musée du street art.

SCIENCES et RECHERCHES

L’Université de la Polynésie française (UPF) fête ses 30 ans (31). Elle comprend 7 structures de recherches dans les Sciences Humaines et Sociales et dans les Sciences et Technologies (32) et une école doctorale de 40 doctorants environ répartis dans les différents laboratoires. Outre les colloques internationaux qu’elle organise régulièrement à Tahiti, elle collabore, avec l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et le Centre de Recherches Insulaires et Observatoire de l’Environnement (CRIOBE) à des recherches sur la biodiversité et l’utilisation durable des ressources naturelles, ou sur les écosystèmes coralliens, par exemple. Chaque année, l’association Proscience avec l’UPF organisent la Fête de la science pour susciter l’intérêt du public. En octobre 2017, les thèmes sont l’énergie propre et l’innovation au service de la société. La bibliothèque universitaire participe aussi à cette ouverture au public, notamment lors des journées du patrimoine en septembre, avec, en 2017, une visite guidée pour découvrir les 5000 documents relatifs au triangle polynésien (33), habituellement conservés en magasin. De nombreux documents rares et anciens sur la PF sont aussi conservés au Service du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel à Tahiti et sont, grâce à une collaboration avec l’UPF, accessibles au public depuis novembre 2017 sur la plateforme Ana’ite (la grotte du savoir). Cette nouvelle bibliothèque scientifique numérique polynésienne (34) réunit des textes, cartes postales, photographies, musiques traditionnelles, Bulletins de la Société des Études Océaniennes de 1917 à 2007, etc. et s’enrichit continuellement. Enfin, le site internet de l’Académie tahitienne (35) dévoile aussi au public les recherches des linguistes sur le dictionnaire tahitien-français qui offre la possibilité d’écouter la prononciation de 1200 mots tahitiens, de chercher les mots du français vers le tahitien, et de faire des recherches étymologiques, de voir les reconstructions en protopolynésien, de comparer les langues polynésiennes contemporaines grâce aux liens avec la base de données Polynesian lexicon online (Pollex).


Notes :
(1) Désormais PF.
(2) E. Macron est membre du parti centriste La République En Marche !
(3) M. Le Pen est membre du parti d’extrême-droite Le Front National.
(4) E. Fritch est président de la PF depuis le 12 septembre 2014, suite à la démission contrainte de G. Flosse pour condamnation. Exclu en mai 2015 du parti Taho’era’a Huira’atira (créé par G. Flosse), dont il était membre depuis plus de 30 ans, il crée le 20 février 2016 son propre parti, le Tapura Huira’atira. Les 2 partis sont autonomistes. Désormais respectivement : Taho’era’a et Tapura.
(5) F. Fillon, candidat du parti de droite Les Républicains, est favori pendant la majeure partie de la campagne électorale. Mis en cause dans une affaire judiciaire peu avant les élections, il maintient sa candidature.
(6) G. Flosse, du parti Taho’era’a, a été président de la PF à plusieurs reprises. Son dernier mandat était du 17 mai 2013 au 5 septembre 2014.
(7) O. Temaru, du parti indépendantiste Tavini Huira’atira (désormais : Tavini), a été président de la PF à plusieurs reprises. Son dernier mandat était du 1er avril 2011 au 17 mai 2013.
(8) En février 2016, le président français, F. Hollande, en visite en PF, a reconnu que la PF a contribué à la constitution de la force nucléaire de la France et que les expérimentations nucléaires réalisées entre 1966 et 1996 ont eu un impact économique, sanitaire et environnemental.
(9) F. Hollande a été président de la France jusqu’au 14 mai 2017.
(10) La date fait écho au 29 juin 1880 à laquelle le roi Pomare V signe l’annexion de la PF à la France. La fête de l’autonomie a lieu le 29 juin depuis que la France a accordé un statut d’autonomie interne à la Polynésie française en 1984. A cette date, les indépendantistes sont en deuil et commémorent les Polynésiens morts lors de la guerre franco-tahitienne de 1844 à 1846. Enfin, le 30 juin précède de 2 jours la commémoration du 1er essai nucléaire en PF (2 juillet 1966).
(11) L’ONU a inscrit la PF sur la liste des pays à décoloniser en mai 2013.
(12) Le Forum des Iles du Pacifique est une organisation politique internationale de coopération régionale créée en 1971 avec 16 Etats et territoires aux statuts institutionnels variés. Jusqu’en 2016, la PF et la Nouvelle-Calédonie (NC) avaient le statut de membre associé (obtenu en 2006) parce qu’elles n’étaient pas des Etats souverains.
(13) La PF et la NC sont membres à part entière du secrétariat de la Communauté du Pacifique, de l’Organisation du tourisme du Pacifique sud, du Programme de développement des îles du Pacifique, du Programme régional Océanie de l’environnement, de l’Association des producteurs d’électricité du Pacifique et de l’Organisation douanière du Pacifique.
(14) M. Long Ling est arrivé en PF en mai 2014 et reparti en juin 2017. Son successeur, M. Zhiliang Shen, est arrivé en novembre 2017.
(15) Selon l’IEOM, le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) a été revalorisé au 1er février 2017 à 153 861 Fcfp/mois brut (1289 €) pour 169 heures travaillées, soit 941 Fcfp (8 €) d’augmentation, et le SMAG (équivalent agricole) à 130 782 Fcfp/mois (1096 €), soit une hausse de 774 Fcfp (6,5 €). Par comparaison en métropole, le Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance (SMIC) est en 2017 de 1480,27 €/mois brut pour 35 h/semaine.
(16) En PF, les Iles du Vent font partie, avec les Iles sous le Vent, de l’archipel des Iles de la Société. Les Iles du Vent sont : Tahiti, Moorea, Maiao, Mehetia, Tetiaroa. Les 2 premières sont les plus peuplées de PF.
(17) L’ISPF a effectué son dernier recensement de la population en PF entre le 17 août et le 13 septembre 2017, et a annoncé que le chiffre de la population globale serait donné avant le 31 décembre 2017. Les autres chiffres seront rendus publics au 2ème trimestre 2018.
(18) La CPS correspond à la Sécurité Sociale en métropole et assure les retraites, la couverture maladie et une solidarité pour les plus démunis.
(19) L’atoll de Hao était le lieu de résidence des militaires et du départ des avions durant les essais nucléaires français de 1966 à 1996.
(20) La Compagnie Française des Phosphates de l’Océanie a déjà exploité 1036 hectares sur Makatea de 1911 à 1966.
(21) Les AMG évitent l’interdiction totale d’accès à une zone pour garder la possibilité d’une exploitation marine, ou industrielle, avec des ressources minières.
(22) Ces EGA participent aux EGA nationaux (du 20 juillet au 10 novembre 2017) consultant la population via une plateforme numérique. En France, une charte d’engagement a été signée le 14 novembre 2017 par les représentants des acteurs de la production, de la coopération agricole, des entreprises de l’alimentaire et de la distribution.
(23) Depuis fin 2015, un marché bio à Papeete est approvisionné par des agriculteurs garantis Bio Pasifika (la norme océanienne) et de plus en plus d’agriculteurs s’orientent dans cette voie pour répondre à une demande grandissante des Polynésiens.
(24) Production Walt Disney des réalisateurs Ron Clements et John Musker, ce film est sorti sous le titre « Moana » aux Etats-Unis le 23 novembre 2016.
(25) La version en tahitien n’est pas commercialisable selon le contrat avec la société de production Walt Disney mais l’association polynésienne Te Pu Atiti’a a obtenu sa distribution
(26) Ce film, du réalisateur français Edouard Leduc, avec Vincent Cassel dans le rôle de Paul Gauguin, est sorti en France le 19 septembre 2017, parallèlement à l’exposition dédiée au peintre au Grand Palais à Paris (du 11 octobre 2017 au 22 janvier 2018). Le film a compté 84 000 entrées en France la 1ère semaine.
(27) Le site comprend le marae Taputapuātea, un centre politique, cérémoniel et funéraire, et plusieurs marae aux fonctions bien distinctes. En PF, les marae sont des espaces sacrés de liaison entre le monde des vivants et celui des ancêtres et des dieux. (cf. whc.unesco.org/fr/list/1529).
(28) Flora Aurima Devatine est écrivaine et poète, en tahitien et en français, oratrice-compositrice, chercheuse, et membre de l’Académie tahitienne depuis sa création en 1972. Elle a été enseignante d’espagnol et de tahitien et la 1ère directrice de la revue Littérama’ohi, Ramées de littérature polynésienne, créée en 2002 et mise en ligne depuis 2007.
(29) L’ouvrage est paru aux éditions Bruno Doucey en 2016.
(30) Jeune écrivaine polynésienne. Ce roman est paru aux éditions Au vent des îles en 2016.
(31) L’Université française du Pacifique née en mai 1987 se scinde en 2 : Université de la Nouvelle-Calédonie et Université de la Polynésie française en 1999.
(32) Unité Mixte de Recherche Ecosystèmes Insulaires Océaniens, Sociétés traditionnelles et contemporaines en Océanie, Géométrie Algébrique et Applications à la Théorie de l’Information, GéoPôle du Pacifique Sud, Gouvernance et Développement Insulaire, Centre International de Recherche Archéologique sur la Polynésie, Observatoire Géodésique de Tahiti.
(33) Le triangle polynésien désigne une zone géographique, historique et culturelle qui comprend au nord les îles de Hawai, à l’est l’Ile de Pâques, au sud la Nouvelle-Zélande, et au centre la Polynésie française.
(34) http://anaite.upf.pf
(35) http://www.farevanaa.pf/dictionnaire.php


Bibliographie
Banneville Caty et Gilbert, (2017), Le voyage de la flûte de roseau aux îles Marquises, éd. Haere Po, Papeete, 50 p.
Devatine Flora, (2016), Au vent de la piroguière – Tifaifai, éd. Bruno Doucey, 144p.
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Sandra Sramski
Université de la Polynésie Française
sandra.sramski@upf.pf


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