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Un leader pour la Roumanie : mission (im)possible ?

Un leader pour la Roumanie : mission (im)possible ?

23 décembre 2024 - par Bianca-Livia Bartoș 

La Roumanie vient d’annuler le vote de plus de 9 millions de citoyens qui s’étaient exprimés le 24 novembre, lors des élections présidentielles. Comment une telle décision a-t-elle pu être prise ? Tout semble avoir commencé avec l’initiative de Cristian Terheș (Parti National Paysan Chrétien-Démocrate) et de Sebastian Constantin Popescu (Parti Nouvelle Roumanie), candidats aux présidentielles ayant obtenu 1,03 % respectivement 0,13 % des suffrages, qui ont adressé, le 26 novembre, une lettre ouverte au président de la Roumanie et à la Cour constitutionnelle. Dans ce document (disponible pour lecture intégrale en roumain ici), ils demandent l’annulation du premier tour des élections, invoquant cinq arguments principaux, dont la violation de la période légale de propagande électorale, censée s’achever le samedi matin à 7 h, la veille du scrutin.
En réponse à cette demande, la Cour constitutionnelle ordonne au Bureau électoral central de recompter les votes. Le résultat final est donné la 3 décembre, lorsque la Cour décide que la requête des susdits n’est pas fondée et, conformément à l’article 52, alinéa 1, de la loi n° 370/2004, l’annulation des élections est seulement décidée en cas de fraude avérée compromettant le vote ou ses résultats.

Cette décision relance les contestations dans les médias et sur les réseaux sociaux, où la Roumanie vibre au rythme d’un duel politique entre les deux candidats à la chaire présidentielle : Călin Georgescu, candidat indépendant avec 22% des votes et Elena Lasconi, au nom du parti libéral Union Sauvez la Roumanie, avec 19%. Prévue pour le 8 décembre, la reprise du processus électoral commence le 6 décembre dans la diaspora, mais elle est interrompue le soir même, en pleine opération de vote. Cette suspension survient dans un contexte déjà marqué par la polémique : deux jours plus tôt, le président en exercice, Klaus Iohannis, prenait acte des informations indiquant que la Russie soutenait la candidature de Călin Georgescu à la présidence. Selon ses sources, des milliers de faux comptes sur les réseaux sociaux auraient été activés par des entités proches de la sphère d’influence du pays de Poutine, dans le but de promouvoir Georgescu en Roumanie.

Ces découvertes et l’annulation du premier scrutin ne font qu’attiser les esprits et le climat d’incertitude qui plane autour des élections présidentielles dès les résultats initiaux. C’est donc le 25 novembre que les premiers bouleversements apparaissaient lorsque, contre toute attente – puisque les sondages étaient initialement favorables à Marcel Ciolacu (PSD) – un renversement de situation se produit, propulsant Călin Georgescu en tête des votes des roumains. Ce coup de théâtre marque le début de deux semaines de propagande virulente, où le débat public sur les réseaux sociaux se polarise autour du duel final opposant un candidat indépendant perçu par ses adversaires comme « russophile, légionnaire, anti-OTAN et anti-UE », à sa concurrente libérale Elena Lasconi, qui n’échappe pourtant pas aux attaques de ses détracteurs, la présentant comme pro LGBT et désireuse d’imposer une « dictature du libertinage sexuel », incompatible avec les valeurs d’un pays où 85 % de la population se déclare chrétienne orthodoxe.

S’il y a trois jours ces débats étaient encore virulents, les esprits s’échauffent maintenant autour de l’idée de pillage démocratique, ce qui fait que la défiance envers les institutions s’accroisse. Tout compte fait, la Roumanie n’a qu’à se tourner désormais vers l’avenir, puisque la Cour constitutionnelle, en concertation avec le Bureau électoral central, devrait annoncer sous peu la nouvelle date du second tour de l’élection présidentielle. Enfin et en dépit des tensions récentes, les citoyens roumains gardent encore l’espoir d’un processus électoral transparent, libre et équitable, dans l’attente d’un dénouement décisif pour l’avenir politique du pays.

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