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Carnets Vanteaux - Souvenir I

Carnets Vanteaux - Souvenir I

22 novembre 2022 - par Blandine Dupin 

CONSIGNE :

"(Auto)portrait en "je" ou en "il/elle", en souvenir de ces lignes de Jean-Paul Sartre dans "La Nausée" : « À présent, quand je dis « je », ça me semble creux. Je n’arrive plus très bien à me sentir, tellement je suis oublié. Tout ce qui reste de réel, en moi, c’est de l’existence qui se sent exister. Je bâille doucement, longuement. Personne. Pour Personne, Antoine Roquentin n’existe. Ça m’amuse. Et qu’est-ce que c’est que ça, Antoine Roquentin ? C’est de l’abstrait. Un pâle petit souvenir de moi vacille dans ma conscience. Antoine Roquentin… Et soudain le Je pâlit, pâlit et c’en est fait, il s’éteint. »


Alors que je suis assise dans l’herbe, face à ma page blanche, vide de toute écriture, je me questionne sur cette notion plus ou moins floue qu’est le souvenir. J’en cherche la définition officielle à l’aide de mon téléphone, voici ce que ça donne :

Souvenir (nom masculin) :

1 : Survivance, dans la mémoire, d’une sensation, d’une impression, d’une idée, d’un événement passé.

Est-ce que cela m’aide à mieux appréhender cette notion ? Je ne suis pas sûre. Cette question m’obsède ces temps-ci, notamment parce que j’ai du mal à écrire sur mes souvenirs. Je ne sais pas ce que je peux considérer comme un souvenir ou non. Est-ce qu’il faut que je me souvienne, seule, du passé ? Est-ce que ce qu’on m’a raconté de mon enfance suffit ? Faut-il que je relie ces souvenirs à une sensation, une impression ? Je regarde les feuilles tomber, un écureuil passe. Je me remémore ce qu’une camarade m’a dit : « On vit constamment dans le passé ». Je me dis qu’elle a raison, après tout, chaque mot que j’écris est influencé par une pensée, une idée que j’ai eu quelques secondes plus tôt. Est-ce que je peux donc d’ores et déjà considérer ce moment comme un souvenir ? Après tout, dans cinq minutes je serai peut-être partie et je me remémorerai les feuilles qui tombent, et à la fin du week-end je l’aurai peut-être déjà oublié, ce souvenir. Néanmoins, à l’instant même où vous lirez ces quelques lignes, cette après-midi d’automne ensoleillé où, assise dans l’herbe, je fixais les feuilles orangées tombées au sol, ne sera qu’un vague souvenir à mes yeux, sûrement rien de plus qu’une simple impression qui me reviendra de temps en temps à l’esprit quand je marcherai le long de la Faculté des Lettres.

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