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Shakespeare et les pétrolettes

Shakespeare et les pétrolettes

histoire d’une caravane itinérante
12 novembre 2017 - par Arnaud Galy 

La première rencontre avec Marie Vaiana avait pour cadre frisquet les mines de charbon de Zabrze en Silésie (Pologne). Elle et ses acolytes du moment écrivaient en résidence dans le cadre de la magnifique opération 10 sur 10 menée par Jan Nowak et Iris Munos. Marie n’ayant point de réticence à quitter « sa » Belgique, la voilà de retour du Burkina Faso. Deuxième rencontre. Le terminus d’une caravane itinérante partie en 2014...


Depuis 2014, Marie Vaiana et des comédiens venus de Guyane, du Bénin et du Burkina Faso font voyager des décors minimalistes et apportent la culture du théâtre loin des grandes villes des pays d’où sont originaires les membres de la troupe (*1). Un contact au plus près d’un public plus habitué à assister à des représentations de « théâtre de sensibilisation (*2) » qu’à du classique. Pour gagner la bataille de cette autre « sensibilisation », la troupe joue la carte du plein air et des langues nationales. Ici, au Burkina les représentations majoritairement en français sont enrichies de mooré. Le créole était partie intégrante du spectacle lors de la caravane itinérante en Guyane et le fon lors des éditions béninoises. C’est Shakespeare qui est ainsi remodelé ! Qui de mieux que le monstre sacré anglais pour parler de « liberté de l’individu face au groupe », de « conflit entre générations » et de « révolte de la jeunesse ». Thèmes universels, jamais démodés, toujours utiles à interroger...



Et le moins que l’on puise dire est que le public burkinabé des villes de Mogtédo, Zorgho, Koupéla, Tenkodogo, dans l’est du pays, ont promptement apprivoisé Roméo et Juliette en franco-mooré ! Un public plus ou moins bilingue captivé par le jeu dynamique des acteurs. Osons même dire que le public est interactif tant il participe, commente, s’exprime. Quelle énergie ! Sans parler de l’environnement. Qui dit plein air dit camions qui passent dans un nuage de poussière et mobylettes un brin bruyantes. Car, oui, ici, les spectateurs peuvent assister à une pièce de théâtre assis sur la selle de la pétrolette, moteur allumé ! De quoi faire flancher les directeurs de théâtre « nordistes » obsédés par les téléphones mobiles allumés... Ces entorses aux us et coutumes respectées sous d’autres latitudes permettent à des gamins de tous âges de rester de bout en bout de la représentation. De 50 personnes aux premières scènes, il n’est pas rare de passer à 200 pour le salut des acteurs. Au-delà des représentations, moments forts de rencontres avec les troupes locales, Marie et Compagnie s’adressent aux acteurs en organisant des ateliers de mise en scène et d’improvisation, et même des « échauffements » physiques et vocaux.



Chapeau à tous ! Succès dû, aussi, au fait que Marie et sa troupe ont une forte expérience dans ce type d’initiatives. Depuis 2009, ils parcourent les villages. À cette époque, c’était « Antigone en mooré » qui affrontait les pétrolettes ! Où se déroulera la troisième rencontre ?



*1 : 2014 - 2015, création au Bénin ; 2015, en Belgique ; 2016, en Guyane, Tunisie, Burkina Faso et Bénin et 2017, Burkina Faso.

*2 : théâtre joué dans un but pédagogique dont les thèmes tournent, par exemple, autour du paludisme, du diabète, du VIH ou des problèmes liés à l’eau...

Par Arnaud Galy

La troupe :
Hypolitte KANGA et Sidiki YOUGBARE de l’Association Kala-Kala Théâtre (Burkina Faso),
Ezéchiel Franck DAKPO et Serge DAHOUI de Assiki Théâtre et Théâtre Oshala (Bénin),
Roland ZÉLIAM de Tchô Yanm Production,
Gaëlle GOURVENNEC et Marie VAIANA de Talìa asbl et de la compagnie Les plaisirs chiffonnés (Belgique).

Soutenue par la Commission Internationale du Théâtre Francophone, Wallonie-Bruxelles International, l’OIF, le FEBECS (Préfecture de la Guyane), le Théâtre Soleil (Burkina Faso)et l’Espace Culturel Gambidi (Burkina Faso).


Photo : Aimablement prêtées par Marie Vaiana

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