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Carnets Vanteaux - Automate

Carnets Vanteaux - Automate

25 octobre 2021 - par Inès Bardou 
 - Passage du commerce Saint-André - Balthus
Passage du commerce Saint-André - Balthus

CONSIGNE : "Balthus"
"Inquiétant"
Ecrire (au maximum) une page A4 "inspirée" par ce tableau inquiétant de Balthus

Un son strident me sort de mon sommeil. Je me lève, sans pour autant me réveiller. Mon visage est strié, enflé par la fatigue. Lorsque je croise mon reflet dans le miroir, je le regarde, l’arrange et le nettoie sans réellement le voir. Ce visage n’a pas cessé d’évoluer sans que ces changements aussi importants soient-ils ne me soient visibles. Rendu aveugle par le quotidien, les habitudes façonnent cette routine. Pourtant elle guide mes pas, paradoxalement ce mécanisme comportemental semble me maintenir en vie. Il est l’heure de sortir. J’enfile mon manteau, couvre mon cou d’une écharpe et m’assieds pour mettre mes chaussures. Vérifications d’avant-départ, portefeuille ok, heure sur la montre ok, je suis encore dans les temps. Clefs en mains, j’ouvre la porte d’entrée et sors. Je la verrouille à double tour, abaisse la poignée, fermé. Je peux enfin partir. Le brouillard matinal m’accueille. L’orée du soleil est perceptible, une beauté inexplicable mélangée au gris d’un matin d’hiver. Mes pas sont guidés par ces automatismes qui me sont si chers. Presque… non. Vitaux. Bonjour, une baguette s’il vous plaît, tenez. Merci, bonne journée à vous aussi, au revoir. Les carillons de la porte s’entrechoquent, j’aime ce son. Arrivé à destination, je lève les yeux sur l’entrée. Tel un automate, je traverse ce portail. Tellement habitué, je ne le vois plus. Il m’apparaît, seulement quand il m’empêche de te voir. Je déambule dans les allées, toujours le même chemin. Tout droit, je tourne à droite salue M. Henri. J’ai l’impression de le connaître à force de le croiser, chaque jour. Son sourire est… était rayonnant. J’expire, comme soulagé, je suis là. J’ai toujours rit de ton affection toute particulière pour le petit-déjeuner. Deux tartines de pains beurrées, recouverte de confiture accompagnées d’un café au lait. Même le soir parfois tu abandonnais un vrai repas pour lui, ce… ton petit festin. Je me souviens de ton regard, la brillance de ces yeux… hypnotiques. Je me rappelle, m’être levé doucement, en faisant attention à ne pas te réveiller. Je m’étais arrêté, un instant, sur le seuil de notre chambre pour observer ta beauté. J’adorais écouter ta respiration, t’entendre inspirer, voir l’air gonfler tes poumons… que ce son me manque. Ce regard empli d’amour et de remerciement quand je t’ai pour la première fois préparé le petit-déjeuner. J’avais discrètement quitté l’appartement. Bonjour, une baguette s’il vous plaît, tenez. Merci, bonne journée à vous aussi. Le son des carillons. Je t’avais fait la promesse d’y aller chaque matin pour voir et revoir ce regard. J’arrive enfin jusqu’à toi. Je te donne cette baguette, la dépose sur le granit et relève les yeux. Je croise ce regard qui me manque tant. Bonjour mon amour.

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