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Médias Francophones Publics, ensemble on va plus loin

Médias Francophones Publics, ensemble on va plus loin

12 avril 2023 - par Eric Poivre 
Eric Poivre - Éric Poivre est diplômé en réalisation Radio/TV de l'Institut des Arts de Diffusion en Belgique. Il a été successivement réalisateur, producteur puis Directeur de l'antenne et des programmes de la Radio-télévision belge de service public ; la RTBF. Il est le Secrétaire général des Médias Francophones Publics (Les MFP) depuis la création de l'organisation, à Paris, en 2016. © MFP
Eric Poivre
Éric Poivre est diplômé en réalisation Radio/TV de l’Institut des Arts de Diffusion en Belgique. Il a été successivement réalisateur, producteur puis Directeur de l’antenne et des programmes de la Radio-télévision belge de service public ; la RTBF. Il est le Secrétaire général des Médias Francophones Publics (Les MFP) depuis la création de l’organisation, à Paris, en 2016.
© MFP

On a longtemps pensé que seule la loi du plus fort entraînait les grandes logiques régulatoires dans la nature. La compétition, mais aussi et peut-être surtout la coopération y sont pourtant les deux forces en tension, en équilibre. L’une ne se manifeste pas sans l’autre. L’entraide relève ainsi de l’instinct de survie.

Au début des années 2010 coexistaient deux très anciennes associations de coopération professionnelle audiovisuelle de service public. L’une s’occupait de radio et l’autre de télévision. La dimension numérique était encore, à l’époque, assez peu considérée. Les deux vénérables associations avaient pour vertu de permettre aux cadres des entreprises audiovisuelles publiques francophones françaises, canadiennes, belges et suisses de mieux se connaître, ce qui facilitait les contacts dans de rares situations de besoin. Les médias d’alors étaient soumis à des concurrences principalement nationales. A ce titre, chacun comprenait mieux que quiconque – et surtout que les collègues des autres pays – le contexte sociétal, éditorial et programmatique dans lequel ses productions étaient amenées à devoir se distinguer. Cette situation ajoutée à un contexte économique favorable ne constituait pas un accélérateur, ni un promoteur de collaborations étroites et régulières. L’émergence de la concurrence irrépressible des géants internationaux, principalement américains, allait changer la donne. Et l’ambition.

Particulièrement conscients de la fin de l’hégémonie des médias linéaires historiques et de la convergence des médias sur les plateformes numériques, deux hommes vont proposer en 2015 la création d’une nouvelle structure de coopération intégrée radio, télévision et numérique. Gilles Marchand est alors Directeur de la Radio Télévision Suisse (RTS) et François Guilbeau, Directeur général de France 3. Surtout, ils sont les Présidents des deux associations professionnelles de l’époque. Soutenus par leurs pairs des autres groupes de médias partenaires, ils seront à l’origine de la création de l’association de droit français Les MFP, acronyme de « Médias Francophones Publics », qui sera lancée officiellement en avril 2016, en présence de la Secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean. Une association qui réunit aujourd’hui, pour la France, Radio France, ARTE, France Télévisions, France Médias Monde (RFI et France 24), Public Sénat et LCP-Assemblée nationale. La RTBF et la RTS en sont les partenaires belge et suisse. Et pour le Canada, on y retrouve Télé-Québec, Radio-Canada, TV5 Québec Canada et Groupe Média TFO, chaîne publique de l’Ontario. Enfin, il faut y ajouter TV5Monde, la chaîne internationale francophone bien connue. Au total, ce sont ainsi 13 groupes de médias qui délèguent régulièrement plus de 250 de leurs cadres aux travaux de l’organisation. Sans concurrence entre eux, ce qui permet de manière structurelle une exceptionnelle liberté de parole profitable à tous.

Accessoirement, la plus grande rédaction virtuelle du monde animée par plus de 5.000 journalistes apparaissait soudainement, aux yeux de certains, comme une force de frappe et d’influence extraordinaire. L’avenir et l’investissement de certains Directeurs de l’information, membres et Présidents de la commission Info des MFP, allaient en faire la démonstration brillante. Avec un outil technologique d’abord : le réseau de partage de contenus MFP Info Live, créé en 2019. Les rédactions des MFP sont ainsi aujourd’hui interconnectées par des serveurs similaires qui agissent comme autant de relais de signaux vidéo partagés dans le cadre de situations de breaking news. Pour être concret, le flux vidéo de l’incendie de Notre-Dame de Paris, généré par une caméra de France Télévisions, a pu être envoyé instantanément vers les régies de
diffusion des partenaires. Chacun bénéficie ainsi, sans délai, d’images certifiées et libres de droits. Une avancée. D’autres situations de coopération permettront plus tard à la commission Info de faire cause commune, par exemple lors des élections américaines et françaises, ou plus généralement lors d’événements d’actualité dont l’intérêt éditorial traverse les quatre pays représentés aux MFP. La commission Info se réunit par vidéoconférence toutes les deux semaines. Elle est actuellement présidée par Christophe Chaudet, Directeur Actualité et Sports de la RTS.

Aujourd’hui se côtoient donc 30 commissions et groupes de travail segmentés par genres de programmes en télévision, par natures de chaînes en radio et par préoccupations en ce qui concerne les médias numériques. Des commissions et des groupes de travail qui partagent des informations, des visions stratégiques, qui circonstancient des réussites et des échecs, qui coproduisent des contenus et mutualisent des moyens lors d’événements couverts en commun. Une application développée pour les téléphones mobiles relie, depuis janvier 2023, les 250 participants réguliers aux travaux, en leur permettant de communiquer rapidement et simplement. Économies de temps, économies de moyens.

Tous ensemble, de manière complémentaire et complète, ces groupes anticipent les grandes mutations, les nouveaux usages. Ils analysent, principalement depuis leurs quatre pays répartis sur deux continents, les grands mouvements d’audience et leur ventilation fluctuante ; un équilibre en mouvement perpétuel. Ils veillent, dans leurs propositions, au confort et au respect de la vie privée de leurs utilisateurs. A ce que les algorithmes développés dans leurs entreprises favorisent la curiosité et la découverte. Ils oeuvrent tous ensemble à la recherche de solutions à la problématique des fake news – phénomène qui ne fera que s’accroître avec l’essor de l’intelligence artificielle –, se positionnant ainsi en médias de référence, de confiance. Ils débattent de l’évolution du rôle des journalistes, notamment dans un contexte de guerre en Ukraine qui les rend témoins oculaires directs pour l’Histoire, mais aussi sans doute pour l’instruction d’une justice ultérieure. Ils réfléchissent à la manière d’intégrer une approche éthique et écoresponsable dans les orientations qu’ils définissent pour leurs productions, une fois revenus en entreprise. À la manière d’être des promoteurs de cohésion sociale ; rassembler plutôt que diviser. De s’adresser à tous les publics pour rester légitime. A considérer la pertinence et la durabilité de leurs stratégies de distribution de contenus en regard de la dépendance qu’elles peuvent induire vis-à-vis de plateformes tierces, potentiellement volatiles. Et finalement, d’être les défenseurs les plus convaincus de leurs valeurs de service public.
Il n’existe pas dans le monde d’équivalent à cette association.

Autant de médias qui partagent une même langue, un attachement aux mêmes valeurs démocratiques et des ambitions artistiques, éditoriales et de qualité communes étaient destinés à s’unir. Et à collaborer. Parce qu’ensemble, c’est bien connu, on va toujours plus loin.

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