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Rencontres de l’EMI à l’ESJ Lille
Chroniques de l’EMI

Rencontres de l’EMI à l’ESJ Lille

18 décembre 2018 - par Marc Capelle 
 - © Marc Capelle
© Marc Capelle

L’École supérieure de journalisme de Lille (ESJ Lille) accueillait le 6 décembre les deuxièmes Rencontres de l’EMI. Le programme proposé aux participants était articulé autour d’un thème : « Comment les jeunes s’informent-ils ? ». Pendant les débats et tables rondes plutôt destinés aux enseignants, journalistes, décideurs, des ateliers étaient proposés aux collégiens et lycéens présents.
Il ne s’agit pas ici de faire le compte rendu complet de cette journée dense, mais plutôt de relever quelques propos entendus et qui nourrissent le débat sur la place de l’éducation aux médias dans nos sociétés (vous pouvez avoir un aperçu des sujets abordés en consultant le programme mais aussi en parcourant sur Twitter le fil du compte Rencontres EMI créé par l’ESJ pour l’occasion).
En ouverture de ces Rencontres, le président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a commencé par rappeler que les journalistes partageaient avec les politiques le triste privilège d’être mal-aimés des Français, puis il s’est lâché : « Finalement, ce que l’on reproche aux médias, c’est leur déconnexion : ne pas avoir suffisamment vu, alerté... ». Un journaliste présent dans le grand amphi de l’ESJ Lille a peu apprécié cette pique. « Les élus lisent-ils vraiment la presse locale ? » a t-il demandé, en soulignant que cette fonction d’alerte était notamment assurée par les médias de proximité et que, pourtant, les collectivités territoriales s’abonnaient de moins en mois souvent aux journaux locaux et régionaux.
En toile de fond de ces Rencontres, on peut observer que la question des relations entre enseignants et journalistes en matière d’éducation aux médias revient régulièrement. Ainsi, Emmanuelle Daviet, journaliste à Radio France et créatrice du programme Interclass’ sur France Inter estime que « de nombreux journalistes interviennent ponctuellement dans les écoles, une heure ou deux, pour présenter leur métier. C’est louable, mais c’est insuffisant. Il faut s’inscrire dans le temps long ». Pour autant, il serait illusoire de vouloir installer à l’échelle nationale une opération comme Interclass’. Ce travail de grande qualité qui permet à des élèves de découvrir le fonctionnement d’un média, de s’interroger sur la fabrication de l’information et de produire eux-mêmes quelques émissions, est une pépite en matière d’EMI, une référence qui montre ce que des élèves, souvent en zones dites « prioritaires », peuvent faire. Mais si Interclass’ fonctionne c’est aussi parce que le programme s’adresse à un nombre limité d’établissements sur lesquels on concentre tous les moyens de Radio France et de l’Education nationale disponibles.
Alors, faut-il produire davantage d’outils pédagogiques à destination des enseignants qui veulent animer des ateliers d’EMI ? On a pu entendre cette proposition dans la bouche de quelques journalistes présents lors de ces rencontres. Certains considèrent sans doute que les profs manquent de connaissances pratiques et ne maîtrisent pas les techniques professionnelles nécessaires à une bonne approche de l’éducation aux médias. Pourtant, l’EMI n’a évidemment pas pour objet de former des journalistes. Il existe en l’occurrence déjà un volume considérable d’outils pédagogiques, en particulier créés par le Clemi et par certains médias partenaires, mis à la disposition des enseignants. C’est plutôt dans l’orchestration des relations entre ces enseignants et les journalistes qu’il faudrait mettre des moyens, notamment en dégageant du temps. Si vraiment on considère que l’EMI est une priorité, il faut accorder aux enseignants et aux élèves un volume horaire suffisant. Et, idéalement, il faudrait rendre cet enseignement obligatoire.
Il faut aussi former les journalistes ! Souvent, lorsqu’ils interviennent dans une classe, ils sont mis en cause et peuvent se sentir déstabilisés. Ils découvrent aussi que bien des élèves restent éloignés de l’information. « Les jeunes ne connaissent pas les marques d’infos, remarque Cyril Petit, rédacteur en chef central au JDD. Ils préfèrent partager des articles du Gorafi que du Figaro ». Or, cette réalité là, les enseignants la connaissent. Le renforcement des échanges entre profs et journalistes pour une meilleure connaissance de leur univers réciproques, est nécessaire et c’est un des mérites de ces Rencontres de l’EMI que d’y contribuer.
Le chantier reste, cela dit, considérable, et on voit bien qu’avec le développement préoccupant de la désinformation, les enjeux pour les années à venir sont énormes. Bien des acteurs en prennent conscience et de nombreux projets sont sur la table. Relevons à ce titre que l’ESJ Lille va lancer en 2019 un vaste programme d’ateliers médias destinés aux élèves de l’académie, sur financement de la Région Hauts-de-France. D’ores et déjà, l’école de Lille propose Les Tutos de l’Info, un nouveau site d’éducation aux médias.

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