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L’Année Francophone Internationale 2014 - 2015 est disponible !

L’Année Francophone Internationale 2014 - 2015 est disponible !

L’éditorial / Comment se le procurer ?
21 novembre 2015 - par Arnaud Galy 

Comme chaque année, l’AFI 2014-2015 établit une information actualisée et détaillée sur l’espace francophone, déclinée en neuf régions : Afrique subsaharienne, Amérique du Nord, Asie du Sud-Est, Caraïbe, Europe, Maghreb, Océan Indien, Proche-Orient et Zone Pacifique. Ce numéro comporte aussi la section Lectures francophones, qui propose un choix de nombreux livres liés à la question francophone, parus dans les douze mois précédents.

L’Année francophone internationale s’adresse aux professionnels œuvrant dans les relations internationales, aux enseignants, aux chercheurs, aux étudiants, aux décideurs politiques et au grand public qui cherchent à s’informer sur les évolutions du monde contemporain.

Afin de découvrir toute la richesse et la pertinence des contributions écrites par les auteurs de l’Année Francophone Internationale, AGORA FRANCOPHONE vous invite à en découvrir des extraits.


ÉDITORIAL

Abdou Diouf et la Francophonie : mission accomplie

Au commencement était la langue et la langue s’est faite esprit et l’esprit est porteuse de valeurs, valeurs qui s’incarnent dans la culture, l’éducation, la démocratie, le développement durable… L’esprit de la Francophonie a été porté très haut, à travers monts et vallées, par de grands artisans, de Senghor à Diouf. Nous voici à un tournant de l’histoire. Le président Abdou Diouf rend son tablier au Sommet de Dakar, après douze ans de bons et loyaux services à la Francophonie. Comment orchestrer un hommage digne de son rang à un géant qui a consacré un demi siècle de sa vie aux hautes fonctions gouvernementales et intergouvernementales ? L’Année francophone internationale ne pouvait trouver un meilleur chef qu’en la personne de Roger Dehaybe, ancien administrateur général de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie (AIF), devenue Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Il a été le plus proche collaborateur de Diouf pendant quatre ans et a pu noter son sens de l’humanisme, de l’écoute, de la tolérance, du dialogue et du consensus. Pour lui rendre un hommage exceptionnel, Dehaybe met un point d’honneur à rassembler d’éminentes personnalités dont il assure un équilibre de genre, de régions, de disciplines et de fonctions. Sans se concerter, toutes ces personnalités parlent d’une même voix à propos de Diouf.Boutros Boutros-Ghali, ancien secrétaire générale de l’ONU, puis de la Francophonie, souligne les qualités professionnelles et personnelles de l’homme d’État et en tire la conclusion que « les relations internationales sont largement déterminées par les relations interhumaines, et que la rencontre et l’amitié sincère entre les hommes demeurent plus que jamais au début et à la fin de toutes les avancées. » Irina Bokova, la directrice de l’UNESCO, est du même avis : « au-delà des textes, l’esprit des traités n’est jamais porté si loin que lorsqu’il s’incarne dans des personnalités de talent et de vision ». Le président Jacques Chirac soutient que Diouf a rempli ses trois mandats à la tête de l’OIF « avec conviction et générosité, mais aussi avec discrétion et efficacité ». Selon lui, « [l]’histoire retiendra également que c’est à Dakar, sous sa présidence [de l’OUA], qu’un dialogue s’est engagé dès 1987 pour mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud  ». Hervé Bourges, ancien président de France Télévisions et du Conseil supérieur de l’audiovisuel, souligne pour sa part que Diouf a relevé brillamment le « défi dont les termes avaient été, aussi, posés par Senghor : le défi de l’expression plurielle et de la compréhension réciproque des cultures et des peuples, dans la « Civilisation de l’Universel » promise par la mondialisation des communications et des rapports économiques ». Clément Duhaime, proche collaborateur et administrateur de l’OIF depuis 2006, parle de « cet homme dont on découvre, presque immédiatement, qu’il n’est pas seulement grand par la stature mais aussi par la personnalité. » Une des singularités marquantes d’Abdou Diouf, note-t-il, «  c’est qu’il est au plus profond de lui ce qu’il paraît être » ; il décrit « un homme calme et serein en toutes circonstances, tel un véritable roc dans la tempête. » Jean-Louis Roy, ancien secrétaire général de l’ACCT/OIF résume aussi les qualités de cet homme qu’il a connu de près : « une mémoire institutionnelle unique ; une loyauté sans faille ; une volonté d’acier malgré les apparences d’une souplesse toujours disponible ; une capacité d’intervention aimantée par un fort désir de résultats. » Pour Ghassam Salamé, ancien ministre de la Culture et de la Francophonie du Liban, le mot qui caractérise le mieux Abdou Diouf est l’immensité : « Oh non ! Pas seulement de la taille mais d’abord de la gentillesse, une civilité toute naturelle qui s’écoule comme eau de roche. Immensité de la capacité d’écoute, qui m’a paru d’emblée infinie. Immensité d e l ’humanisme, une sorte d e religion civile qui n’est point arborée en oriflamme mais vécue au quotidien et communiquée sans ambages. » Souleymane Bachir Diagne, professeur de philosophie à l’Université de Columbia, parle de l’homme qu’il a conseillé et dont il connaît la passion «  pour le dialogue et la rencontre des religions, en particulier abrahamiques ». Isidore Ndaywel E Nziem, commissaire général du XIVe Sommet de la Francophonie, soutient que le meilleur bilan d’Abdou Diouf « est d’avoir créé autour de lui une véritable « école », une école de savoir-être francophone ». Ousmane Sow, sculpteur membre de l’Académie des Beaux Arts, retient de lui son élégance, «  celle là même avec laquelle il a cédé le pouvoir en l’an 2000, félicitant dès l’annonce des résultats son adversaire. » Philippe Suinen, commissaire général du Forum mondial de la
langue française, Liège 2015
– auquel L’Année francophone internationale consacre ici tout un dossier sous la plume alerte du journaliste belge Philippe Lawson –, souligne comment Diouf construit autour de lui une «  multitude d’espaces « bilatéraux » [qui] lui donne une des meilleures compréhensions de l’humain et du monde qui puisse exister  » ; le commissaire décrit Diouf comme «  une encyclopédie vivante et ambulante… du sport cycliste », un grand homme qui a « un fabuleux contact avec les jeunes, auprès desquels il passe « super bien ». Enfin, Ton Nu Thi Ninh, ancien ambassadeur du Viet Nam près le Royaume de Belgique, note de façon éloquente, l’impact mondial de Diouf : « Dans notre monde contemporain tiraillé entre l’universel e t l e spécifique, l’identitaire, confronté à la tendance aplanissante de la mondialisation culturelle sans conscience qui broie et engloutit la différence et le singulier, Abdou Diouf a fait entendre la voix de la Francophonie de manière puissante et convaincante dans la défense de la diversité culturelle ».

Le bilan du président Diouf à la tête de l’OIF a une portée très large. Comme le souligne Suinen, l’œuvre imposante de Diouf comprend « bien sûr la langue et la diversité linguistique, la culture et l’éducation, mais aussi la gouvernance, les droits de l’homme, la prévention d es conflits, l e développement durable, la coopération économique e t les partenariats d’entreprises  ». Le virage économique semble être le dernier chantier de Diouf. La Francophonie ne vivra pas seulement d’amour et d’eau fraîche. La «  civilisation de l’universel », la compréhension et l’intersubjectivité qu’elle induit sont des terreaux pour des affaires prospères. L’heure de la Francophonie économique a sonné. L’Année francophone internationale en prend conscience et lui consacre tout un dossier sous la coordination de Gérard Lemoine, professeur d’économie et de gestion, ancien directeur de l’Institut de la Francophonie pour l’entrepreneuriat de l’AUF et l’un des principaux architectes des Rencontres internationales de la Francophonie économique (RIFÉ). Il a mobilisé pour ce dossier une équipe d’experts chevronnés, tout en l’alimentant largement de ses connaissances des enjeux économiques de la Francophonie. La contribution du président Diouf à ce dossier est généreuse et remarquable. En signant un long article de mise en contexte du dossier, il démontre que l’économie n’est pas un accident dans le parcours de la Francophonie, mais est inscrite dans son ADN. En lisant les articles écrits par la centaine de bénévoles de L’Année francophone internationale pour rendre compte des faits marquants de l’actualité politique, économique, sociale, culturelle, sportive et scientifique des soixante-dix-sept États et gouvernements de la Francophonie et bien d’autres non francophones, le lecteur comprendra que la
Francophonie est réellement un humanisme intégral qui s’occupe de toutes les conditions de l’être. C’est en tout cas à cette tâche que s’attèle en grande partie Le Monde Diplomatique, « acteur, analyste et témoin de 60 ans de mutations dans le monde ». Sous la coordination d’Anicet Mobe-Fansiama et d’Anne-Cécile Robert, l’un chercheur et l’autre journaliste, L’Année francophone internationale consacre un autre dossier à cet acteur qu’on peut qualifier de Nations unies en format périodique critique. Abdou Diouf et le Monde diplomatique font partie, chacun à sa manière, du patrimoine des affaires francophones internationales.

Mission accomplie, Monsieur le Président.

Charles Moumouni - Directeur de L’Année francophone internationale

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